L’usage souvent abusif de l’anglais et une visible déférence envers la culture militaire américaine dont font régulièrement preuve les militaires français, sont symptomatiques d’une fascination envieuse pour la superpuissance militaire et de l’intériorisation d’une subordination militaire, doctrinale et stratégique.
Défense et illustration de la langue française dans nos armées
Devant un parterre de hautes personnalités françaises et internationales, le président de la République déclarait récemment avec force, en visant implicitement mais clairement la culture et la langue américaines : « Le monde, aujourd’hui, ne doit pas s’aplatir derrière une seule culture, une seule langue, une seule identité » (discours prononcé lors de l’inauguration de la Maison de la Francophonie à Paris, le 18 mars 2011). Ainsi le chef des armées, appelait à résister à la suprématie culturelle américaine, au « tout-anglais » et à défendre activement notre identité. Pourtant, dans son adresse aux lauréats du concours 2010 de l’École de Guerre, un officier supérieur, utilisant lui-même nombre de termes anglais, affirmait que l’armée française pouvait largement prétendre à recevoir le Prix de la Carpette anglaise *.
Au vu de ces déclarations qui semblent paradoxales, il paraît légitime de s’interroger sur la question centrale de la langue dans l’institution militaire et plus particulièrement dans l’Armée de terre. En effet, il convient d’être conscient de ce que révèlent la fréquence et la constante augmentation des emprunts du langage militaire à l’anglais. Cette question, iconoclaste mais non oiseuse, est éminemment culturelle, identitaire et politique et a des implications sur l’évolution comme l’identité de notre Armée de terre. Est-ce l’intérêt de l’armée de parler un sabir franglais ? Quelles sont les conséquences tactiques et doctrinales de cette anglicisation aussi rapide que perceptible du langage ? Enfin, quels en sont les enjeux symboliques, stratégiques et politiques ?
Un « franglais » militaire en nette progression
En préambule de cette réflexion, précisons que n’est pas niée, ici, l’importance de savoir communiquer en anglais avec nos alliés lors des opérations multinationales que nous menons. Pour autant, la tendance lourde et récente à parler un franglais comme jargon professionnel mérite que l’on s’attarde sur ce phénomène révélateur.
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