La transformation des commissariats des armées en un service unique et centralisé d’administrateurs militaires résulte d’un effort de rationalisation interarmées de structures fortement marquées par l’histoire, les traditions et les nécessités des milieux d’emploi. Mais elle consacre surtout une nouvelle relation entre commandement et administration des armées. Reste à forger l’identité militaire forte que requiert ce service décisif pour l’action opérationnelle des forces.
Le Service du commissariat des armées : une mutation historique
Le deuxième anniversaire de la création du Service du commissariat des Armées (SCA), décret n° 2009-1494 du 3 décembre 2009, offre l’occasion de replacer dans une perspective historique un événement dont l’importance a peut-être été insuffisamment relevée et qui procède d’une volonté de rénovation profonde.
Fruit de la « rencontre » des trois commissariats d’armées qui, de longue date, suivaient des voies parallèles, sinon convergentes, le SCA est né dans la logique de la réforme du commandement de 2005 qui confère au chef d’état-major des armées une prépondérance nouvelle dans le domaine organique (décret n° 2005-520 du 21 mai 2005 fixant les attributions des chefs d’état-major), mais aussi de l’exigence de rationalisation administrative sous forte contrainte budgétaire. Trois armées organiquement autonomes avec trois commissariats dédiés à leur soutien administratif et logistique constituaient un héritage qui ne pouvait perdurer à rebours du mouvement d’interarmisation opéré jusque dans l’organisation suprême du commandement. Pour autant, le rôle et la place actuelle du SCA par rapport à ce commandement méritent d’être examinés à la lumière des variations de notre histoire militaire.
Héritages militaires et administratifs
L’Ancien Régime et, plus précisément, le règne de Louis XIV qui a jeté, pour l’Armée comme pour la Marine, les fondements d’une administration militaire moderne sont bien documentés quant à la « dialectique » particulière qui, dès l’origine, a toujours associé le commandement et « l’administration de la guerre », selon la formule consacrée de l’époque.
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