La crise nucléaire nord-coréenne montre la complexité des enjeux régionaux entre les différents protagonistes. Washington souhaite que Pékin s’engage réellement auprès de Pyongyang et clarifie ses positions parfois ambigües.
Crise nucléaire nord-coréenne : Récit et perspectives, après la visite du président Trump en Asie et le XIXe Congrès du PCC (T 949)
North Korean Nuclear Crisis: Narrative and Perspectives after President Trump's Visit to Asia and the Nineteenth Congress of the CPC
The North Korean nuclear crisis shows the complexity of regional issues between the various protagonists. Washington wants Beijing to really engage with Pyongyang and clarify its sometimes ambiguous positions.
En septembre, Pyongyang a effectué un sixième test nucléaire, prétendument à hydrogène, et a enchaîné les tests de missiles y compris de portée intercontinentale, le tout sur fond de menaces plus véhémentes contre ses ennemis. Isolée, soumise à des sanctions sans précédent et refusant de dénucléariser, la République populaire démocratique de Corée reste sourde aux injonctions internationales et répond à la pression diplomatico-militaire par une surenchère dans la provocation. L’état des programmes nucléaires et balistiques en Corée du Nord est l’héritage d’une trentaine d’années de prolifération ponctuée de tentatives de non-prolifération et, alternativement, de reprises des activités sensibles en dépit de la réprobation internationale et des régimes de sanctions. Son principal soutien reste la Chine, historiquement proche du régime nord-coréen (Note de la FRS n° 4/2015). Si Pékin a perdu de son influence sur la politique intérieure du régime, elle a les moyens d’infléchir sa position sur le nucléaire de manière autrement décisive.
La fin de la « patience stratégique » américaine vis-à-vis de la Corée du Nord
Quand la Corée du Nord effectuait ses tests nucléaires, la précédente administration américaine envoyait des bombardiers stratégiques au-dessus de la péninsule en signe de réprobation, mais aussi pour rappeler ses engagements de défense à l’égard de ses alliés asiatiques. Les années qui ont suivi l’affaire du Cheonan (46 morts dans le naufrage d’une corvette sud-coréenne, le 26 mars 2010) et le bombardement de l’île du Sud (Yeonpyeong, le 23 novembre 2010) ont été marquées par l’émergence d’incertitudes sur la capacité des Américains à dissuader la Corée du Nord et, en corolaire, le renouveau du débat nucléaire dans le Sud de la péninsule.
La RPDC a aussi bénéficié d’une relative clémence sous l’Administration Obama : la « patience stratégique », formule officielle pour désigner la relation avec Pyongyang, était l’occasion pour la Corée du Nord de poursuivre ses provocations en même temps qu’elle pouvait bénéficier d’un soutien discret, mais néanmoins indispensable, de la Chine.
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