La Corée du Nord manipule avec efficacité les principes de la dissuasion nucléaire, s’imposant de facto comme une puissance déstabilisatrice dans une région déjà très sensible. L’objectif de faire baisser la pression passe notamment par un dialogue accru avec Pékin qui reste l’interlocuteur principal du régime de Kim Jong-un.
Crise nucléaire nord-coréenne : la prolifération à l’épreuve à la dissuasion (T 959)
North Korean nuclear crisis: Proliferation at the deterrent test
North Korea effectively manipulates the principles of nuclear deterrence, establishing itself de facto as a destabilizing force in an already very sensitive region. The goal of easing the pressure is through increased dialogue with Beijing, which remains the main interlocutor of the Kim Jong-un regime.
La péninsule coréenne est un maillage d’acteurs pluriels et variés, poursuivant des intérêts contradictoires et même parfois conflictuels. Cet ensemble est composé de puissances secondaires – comme la Corée du Nord –, de grands émergents – la Russie et la Chine – et de grandes puissances – avec les États-Unis en position avancée. Que la Chine figure parmi les grands émergents est désormais discutable car elle multiplie, depuis plusieurs années, les attributs de grande puissance : membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, puissance nucléaire depuis 1964 ou encore deuxième PIB derrière les États-Unis. Le discours du président Xi Jinping à Davos, le 17 janvier 2017, a placé ce pays sur la quête de leadership global, et par là même, sur le chemin des superpuissances. Cette quête s’inscrit en alternative au leadership américain.
Dans cet ensemble régional composite et en même temps complexe, caractérisé par la compétition stratégique, les Américains sont les principaux garants de la sécurité, de la stabilité et des grands équilibres. La stabilité régionale s’est construite à partir d’une présence militaire importante, d’accords de sécurité et de défense avec les pays de la région (Corée du Sud et Japon) et du parapluie nucléaire qu’ils offrent via la dissuasion élargie – la dissuasion américaine valant pour les États-Unis mais aussi pour ses alliés.
La Chine, par sa montée en puissance (politique, économique et militaire), conteste cet ordre établi : elle essaye de refouler la présence militaire à ses frontières et s’oppose ainsi formellement à toute tentative américaine de déployer de nouveaux systèmes comme les THAAD – Terminal High Altitude Area Defense, un système de missiles antibalistiques. Par ses programmes militaires, elle développe les moyens de repousser physiquement, si besoin, la présence militaire américaine à sa périphérie.
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