Le 18 mars, la Russie va choisir son futur président sans qu’il y ait beaucoup de suspense sur la reconduction à une très large majorité de Vladimir Poutine qui se présente comme le garant de la stabilité du pays. Les vrais enjeux seront ultérieurs et porteront notamment sur la capacité à renouer un dialogue plus constructif avec l’étranger.
L’élection présidentielle en Russie : les perspectives pour le pays et le rôle de l’Europe (T 978)
The presidential election in Russia: perspectives for the country and the role of Europe
On March 18, Russia will choose its future president without there being much suspense about the renewal by a large majority of Vladimir Putin who is the guarantor of the stability of the country. The real issues will be later and will include the ability to resume a more constructive dialogue with foreign countries.
En apparence, l’élection présidentielle en Russie, qui aura lieu le 18 marsprochain, ne devrait changer ni dans la politique intérieure, ni dans la démarche internationale du régime. Vladimir Poutine, qui est assuré d’être réélu à une majorité de voix confortable, promet de préserver la stabilité du pays, ce qui, en langage du Kremlin, signifie avant tout qu’il n’y aurait pas de démocratisation du système politique actuel. En même temps, étant donné que la confrontation avec l’Occident permet au régime de se tenir solidement, indépendamment de la situation économique et sociale dans le pays, il y a peu de chances que des modifications significatives puissent être apportées dans sa façon de défendre les intérêts extérieurs russes.
Pourtant, ces prévisions ne sont valables qu’à court terme. Le nouveau mandat de six ans de Vladimir Poutine devrait être le dernier, ce qui pose le problème du passage à l’après-poutinisme. De nouvelles perspectives pourraient s’ouvrir, notamment aux élites dites « libérales » qui sont aujourd’hui tenues à l’écart du pouvoir réel par la faction, composée essentiellement de personnes issues des services spéciaux, en particulier de l’ancien KGB soviétique et de son héritier principal – le Service fédéral de sécurité (FSB). Le récent procès du ministre de l’Économie Alexeï Oulioukaev, qui, suite à une action de cette faction, a été condamné en décembre 2017 à huit ans de réclusions criminelles pour corruption, montre à quel point les rapports entre ces groupes sont exacerbés. Même si les élites en question ne sont pas très libérales sur le plan politique, elles ont des priorités plus économiques et moins géopolitiques, ce qui présage une approche plus pragmatique et souple envers les réalités internes et externes.
Bien entendu, on ne peut pas éluder la question, que ce mandat de Vladimir Poutine ne soit pas le dernier. Théoriquement, il pourrait rester encore à son poste en faisant changer la constitution. Il n’y a pas de doute qu’une telle initiative trouverait un soutien au sein de la classe dirigeante russe, tout d’abord dans le « cercle proche » du Président, composé d’un nombre de personnages-clés du régime. Mais de l’avis de la plupart des experts russes, un tel scénario serait trop risqué pour le pouvoir dans sa totalité. Le soutien de la population au régime est réel, mais il n’est pas inconditionnel, même si le Président qui l’incarne jouit d’un prestige certain. Par ailleurs, ce prestige n’est pas acquis pour toujours. Il suffit de « surfer » sur l’Internet russe qui, malgré un nombre de restrictions, reste quand même un espace de liberté (plus de 70 % de la population y ont accès), pour voir que l’attitude des Russes envers leur Président est plus ambiguë qu’on ne le pense.
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