L’affaire Huawei dépasse le simple cadre d’une guerre commerciale et s’inscrit dans un environnement géopolitique bien plus complexe autour de l’arme nucléaire nord-coréenne et de la montée en puissance d’un nouveau type d’impérialisme conduit par Pékin.
Affaire Huawei : au-delà de l’espionnage – Un test pour la dissuasion et un impondérable dans les négociations avec la Corée du Nord (T 1072)
The Huawei Case: beyond espionage—A test for the dissuasion and the imponderable in the negotiations with North Korea
The Huawei case goes beyond the simple framework of a commercial war and fits into a much more complex environment on the subject of North Korea's nuclear energy and the rising power of a new type of imperialism led by Beijing
La société Huawei est la cible d’une intense campagne de dénigrement conduite par plusieurs services anglo-saxons (cf. H. Stewart et J. Rankin). Le mouvement a été rejoint, depuis quelques semaines, par les capitales de l’axe libéral progressiste qui s’étaient montré jusque-là bienveillantes à l’égard de la société, en dépit de la sensibilité de certaines de ses activités.
Sont dénoncés un essor fondé sur la pratique d’un dumping commercial, des activités d’espionnage alléguées (cf. C. Fouquet) et les risques afférents à ses investissements dans le futur réseau de téléphonie mobile 5G (cf. G. Chazan et R. Wright), pour lequel la répartition des parts aura d’importantes implications pour la défense. Ce texte met l’accent sur un autre aspect passé sous silence et pourtant essentiel pour comprendre le retournement diplomatique dont la société a fait l’objet en Europe au cours des dernières semaines : les allégations d’espionnage avec une dimension défense et dissuasion.
En décembre dernier, plusieurs milliers de télégrammes diplomatiques ont été dérobés à la Commission européenne (cf. BBC) et livrés au grand quotidien américain le New York Times (cf. D.E. Sanger et N. Perlroth). Dans une action quasi simultanée, deux autres attaques cyber sont conduites contre le Los Angeles Times et un centre de réfugiés à Séoul. Attaques multiples, ciblées et visiblement coordonnées, ces incidents ont d’emblée présenté les caractéristiques d’une campagne coordonnée dans le cadre de stratégies asymétriques. Dans l’hypothèse d’une attaque d’origine nord-coréenne, l’ombre de la Chine, liée à la Corée du Nord (cf. R. Peper) par un accord de sécurité mutuelle, a pesé et derrière elle, la société Huawei.
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