Depuis plusieurs décennies, l’Iran a su tisser sa toile au Moyen-Orient, faisant peur à plus d’un. Toutefois, son hégémonie n’est pas aussi forte que la République islamique le voudrait, même si l’assassinat du général Qassem Soleimani ne devrait pas bouleverser la situation actuelle.
L’Iran, puissance hégémonique ? (T 1131)
Téhéran Photo : Borna_Mir
For several decades, Iran has been able to weave its web in the Middle East, scaring a lot of countries. However, its hegemony is not as strong as the Islamic Republic would like, although the assassination of General Qassem Soleimani should not upset the current situation.
Note préliminaire : la première partie de ce texte a été écrite et publiée dans Espoir n° 195 à l’automne 2019 Nous remercions l’Institut Charles-de-Gaulle pour cet article. Le 15 janvier 2020, l’auteur y a ajouté une nouvelle partie, après l’assassinat du général Qassem Soleimani par Washington.
L’Iran fait peur. Qualifiée de puissance hégémonique, la République islamique apparaît menaçante. Instrumentalisant « l’arc chiite » dénoncé dès 2004 par le roi Abdallah de Jordanie, elle est considérée par Israël comme « une menace existentielle ». Il est vrai que la constitution de l’Iran, adoptée en 1979, fixe comme objectifs à ses dirigeants l’unité de la communauté islamique, la victoire des opprimés contre les oppresseurs, la propagation de la révolution islamique. L’imam Khomeini a voulu mettre en œuvre ces objectifs, en ciblant le « Grand Satan » et en se positionnant à la tête du « Front du refus », face aux États-Unis. De fait, l’influence iranienne s’étend maintenant largement dans le Moyen-Orient arabe, lui permettant d’avoir un couloir jusqu’à la Méditerranée.
Par-delà cette idéologie, les responsables de la République islamique poursuivent des buts plus concrets : assurer sa sécurité face aux menaces extérieures. Paradoxalement, l’Iran développe le syndrome de la citadelle assiégée, notamment par les États-Unis, qui disposent dans son environnement immédiat de nombreuses bases militaires, et par des pays dotés de l’arme nucléaire. Téhéran été traumatisé par la guerre déclenchée par l’Irak de Saddam Hussein en 1980, longue et sanglante. Cette obsession de la sécurité est dans la continuité de la politique du Shah qui souhaitait un golfe pleinement persique.
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