La découverte d'immenses gisements de gaz en Méditerranée orientale, notamment près de Chypre, attise les convoitises d'Ankara. Soutenue par Moscou, la Turquie montre ses muscles, notamment face à une Union européenne affaiblie, estime Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité en Europe.
Revendications énergétiques : la Turquie veut passer en force (T 1145)
Recep Tayyip Erdogan en 2016. Photo : Ministère des Relations Extérieures du Pérou.
The discovery of huge gas deposits in the eastern Mediterranean, particularly near Cyprus, is fueling Ankara's lust. Supported by Moscow, Turkey is showing its muscles, especially in the face of a weakened European Union, said Emmanuel Dupuy, president of the Institute for Prospective and Security in Europe.
La Méditerranée orientale est revenue sur le devant de la scène ces dernières années. La découverte d’importants gisements de gaz au sud de Chypre (dont Aphrodite, le plus récent d’entre eux) en constitue l’une des raisons majeures.
La nouvelle a aussitôt suscité les convoitises et créé des tensions. La Turquie – qui occupe la partie nord de l’île depuis 1974 – entend bien mettre la main sur une (grosse) part du gâteau. Ankara a déjà envoyé plusieurs navires de forage dans la zone économique exclusive (ZEE) appartenant à Chypre, en dépit des avertissements de l’Union européenne (UE) et des États-Unis. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a également utilisé l’arme diplomatique, en signant un accord avec le gouvernement d’accord national (GNA) libyen, le 27 novembre dernier. En échange d’un appui militaire turc, le Premier ministre Fayez al-Sarraj a entériné les aspirations de son allié dans des zones économiques revendiquées par Chypre et son grand frère grec.
La situation irrite plus d’un État, particulièrement la France. Fin janvier, Emmanuel Macron a répété sa solidarité avec Athènes et Chypre, tout en condamnant « les intrusions et provocations de la Turquie ». De son côté, l’UE a évoqué, en janvier, des sanctions contre « les personnes ou les entités qui sont responsables d’activités de forage non autorisées d’hydrocarbures en Méditerranée orientale ou qui sont impliquées dans ces activités ». Malgré tout, pour Emmanuel Dupuy, président du think tank Institut prospective et sécurité en Europe (Ipse), la Turquie se trouve clairement en position de force. Elle peut compter sur le soutien russe et… les errements de Bruxelles.
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