La pandémie du Covid-19 a déjà des conséquences géopolitiques majeures remettant en cause les fondements actuels des relations internationales. Il est encore trop tôt pour en discerner les évolutions majeures mais les fractures risquent de s’accroître d’autant que certains États ont des ambitions clairement affichées comme la Chine.
Coronavirus : les premières fractures géopolitiques (T 1158)
La carte des cas du Covid-19 décomptés par l'Institut John Hopkins au 30 mars 2020
The Covid-19 pandemic is already having major geopolitical consequences calling into question the current foundations of international relations. It is still too early to discern the major developments, but the divisions are likely to increase, especially as some States have clearly stated ambitions, such as China.
Si certains experts dans la littérature scientifique avaient étudié des scénarios de pandémie, dont Hollywood a d’ailleurs été friand, il faut bien reconnaître que, hélas, la pandémie actuelle de Covid-19 dépasse de loin ce qui avait été imaginé. Et de fait, il s’agit bien d’une surprise stratégique majeure et que l’histoire retiendra. Depuis la fin décembre, le monde a changé progressivement et a basculé dans une crise majeure et bien plus grave que celle de 2008 – n’en déplaise aux thuriféraires du « Business as usual » – car cette fois-ci, elle touche à la vie elle-même. Cela est fondamental dans l’appréhension de l’épidémie par tous, des responsables politiques et scientifiques au citoyen ordinaire, tous confrontés à la peur de la maladie.
Il y aura bien donc un avant et un après Covid-19, dans lequel nombre de nos certitudes géopolitiques sortiront transformées, voire bouleversées. Et il n’est pas inutile de se référer au vocabulaire de la guerre, puisqu’il s’agit bien d’une guerre contre un virus, un ennemi invisible et qui tue. Certes, il ne s’agit pas selon les Clausewitziens d’un affrontement de volontés, quoique pour l’espèce humaine, il en faut, mais dans les faits, cela revient à mener un combat avec tous les moyens dont on peut disposer – y compris les forces armées – et en particulier les forces sanitaires qui agissent sur un front aux multiples urgences avec des choix à faire et qui incombent aux chefs, en l’occurrence les médecins chefs de service. À cela, il faut rajouter les bilans quotidiens qui affichent le nombre de cas confirmés et hélas les décès, comme sur un théâtre d’opérations.
Il est vrai qu’au début janvier, ceux qui suivaient l’actualité asiatique (1) sur le plan géopolitique (et non sur le plan épidémiologique (2)) ont pu observer l’émergence d’un problème de santé au cœur de la Chine. La situation s’est très vite dégradée avec une perception finalement faussée à l’étranger dans la mesure où la machinerie étatique chinoise a dès le départ biaisé l’information disponible, même s’il faut saluer le courage des soignants chinois qui ont essayé de partager au plus vite les données tout en affrontant le mal.
Il reste 72 % de l'article à lire