La crise du coronavirus a donné lieu à des manifestations de soutien en faveur du personnel médical et à d'autres travailleurs qui permettent de continuer à assurer les services essentiels. À travers eux se manifeste un patriotisme « d'en bas ». Tout comme le patriotisme « classique » qui entoure les armées en temps de guerre, il renforce le lien qui unit la communauté nationale.
Covid-19 : le patriotisme « d’en bas » des travailleurs invisibles (T 1164)
Les infirmières font partie de ces nouveaux « héros du quotidien ». Photo : olrat
The coronavirus crisis has led to demonstrations of support for medical staff and other workers who are keeping essential services running. Through them manifests a patriotism “from below”. Much like the "classic" patriotism that surrounds armies in times of war, it strengthens the bond that unites the national community.
En mars 2020, le président de la République Emmanuel Macron, sur un ton martial, a déclaré la guerre à un ennemi intérieur, invisible, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19). Cet état d’exception oblige le gouvernement à imposer aux Français des mesures de confinement. L’objectif : contenir l’épidémie, enrayer la pandémie. L’économie nationale est ralentie, les rues se vident, les entreprises non essentielles à l’activité du pays se trouvent à l’arrêt.
Dans ce contexte, les professionnels du soin poursuivent leur travail alors même que la contagion s’étend. En temps ordinaires, invisibles et amenés à lutter pour l’amélioration de leurs conditions sous la pression de l’action d’un État-bulldozer aux politiques publiques néolibérales qui rabotent leur outil de travail, ces professionnels devenus des figures héroïques du combat contre le virus sont les nouveaux patriotes, dévoués, infatigables et engagés. Ce sont les infirmiers, les éboueurs, les agents de propreté en milieu hospitalier, les caissières, les ambulanciers, les agents de la Poste, etc. Depuis le début de la crise sanitaire, ces « travailleurs subalternes » sont sous les feux des projecteurs et montrent leur dévouement à la tâche. Leur engagement illustre l’autre sens du patriotisme, loin de son acception militaire : c’est ce que la sociologie appelle le patriotisme « d’en bas », sociétal et citoyen.
Pourquoi l’épidémie déclenchée par le coronavirus révèle-t-elle un sentiment patriotique incarné par ces nouveaux « héros du quotidien » que nous côtoyons pourtant chaque jour, mais qui restent bien souvent dans l’angle mort de nos perceptions sociales ? Comment la crise sanitaire rend-elle visibles ces invisibles qui font l’essentiel de nos vies par le soin qu’ils nous apportent en temps ordinaires ?
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