La recomposition du paysage géopolitique se poursuit, tant au Moyen-Orient qu’en Afrique du Nord, avec de nouvelles alliances et la remontée de vieux antagonismes qui pourraient dégénérer dans un avenir proche. Autant de sujets de préoccupations qui pourraient avoir de lourdes conséquences stratégiques, tant pour ces régions que pour l’Europe du Sud.
Un risque de « conflit Est-Ouest » dans la zone Afrique du Nord-Moyen-Orient ? (T 1357)
Carte de la zone Afrique du Nord-Moyen-Orient (Furfur / Wikimedia Commons)
The recomposition of the geopolitical landscape continues, both in the Middle East and in North Africa, with new alliances and the rise of old antagonisms that could degenerate in the near future. So many subjects of concern that could have serious strategic consequences, both for these regions and for Southern Europe.
La visite à Abou Dabi du Président israélien, à la suite des accords d’Abraham, marque une nouvelle étape dans le développement de la coopération israélo-émirienne.
Naturellement, ce nouveau partenariat reste relativement discret sur ses réalisations concrètes, à la fois parce qu’il porte sur des domaines sécuritaire et technologique, mais aussi parce que les Émirats arabes unis (EAU) n’ont pas intérêt à être trop visibles sur un dossier qui reste sensible dans les opinions du monde arabo-musulman. Les attaques houthis sur Abou Dabi montrent que l’Iran, qui soutient les rebelles yéménites, ne se privera pas, si nécessaire, d’utiliser l’argument de la trahison de la cause palestinienne comme moyen de pression sur les Émirats, en dépit du dialogue bilatéral engagé.
Il faut relever aussi la visite du ministre israélien de la Défense à Rabat, qui marque une étape significative dans la coopération israélo-marocaine. L’Algérie l’a naturellement critiquée, en la présentant comme une trahison de la cause palestinienne. Or, le rapprochement israélo-marocain est – outre une « rémunération » de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – aussi une conséquence de la montée des tensions entre Alger et Rabat. Les Marocains ne peuvent, en effet, que regarder avec préoccupation le développement considérable des capacités militaires algériennes – en matériel essentiellement russe et chinois – qui, associé à une posture politique de confrontation (rupture des relations diplomatiques) font craindre à Rabat une escalade possible. D’où la visibilité donnée à la visite au Maroc du ministre israélien de la Défense et la signature à cette occasion d’un accord militaire, utilisées par les Marocains comme un élément dissuasif à l’égard d’Alger.
Ces développements donnent le sentiment d’une extension au Maghreb de l’opposition entre les deux axes antagonistes – Chine-Russie-Iran et États-Unis-Israël-Golfe – qui s’affirment au Moyen-Orient.
Dans ce contexte, il est intéressant de noter le positionnement particulier du Qatar, qui développe une stratégie de médiation, manifeste dans la relation avec les Taliban. Il faut aussi relever que Doha n’a pas signé les accords d’Abraham, ni rouvert son ambassade à Damas, ne s’alignant ainsi sur aucun des deux axes cités précédemment.
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Est-ce le prélude à un positionnement du Qatar comme un médiateur éventuel, de concert avec l’administration Biden, qui vient de lui accorder le statut d’« allié majeur des États-Unis non-membre de l’Otan », dans la perspective d’un arrangement régional au Moyen-Orient, en cas d’accord sur le nucléaire iranien ? Il est naturellement trop tôt pour le dire, mais le « grand jeu » régional est bien engagé. ♦