Cette année, le sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a revêtu une dimension particulière. Avec la volonté affichée de renforcer son autonomie et actant l'intégration de nouveaux pays dans cette alliance, les BRICS montrent-ils la création d'un nouveau bloc face à l'Occident historique ? Rien ne permet de l'affirmer pleinement, comme l'analyse Ferhat Laceb. Toutefois, cette alliance économique est bel et bien devenue une alliance géopolitique.
Retour sur le sommet des BRICS à Johannesbourg (T 1553)
Sommet des BRICS 2023 (© GovernmentZA/ Flickr)
Le sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) de cette année 2023, s’est tenu dans la capitale sud-africaine. Les cinq pays des BRICS ont convenu d’élargir l’organisation et d’accepter l’adhésion de six États, dont trois pays arabes, à savoir : l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU) et l’Égypte, s’y ajoutent : l’Iran, l’Éthiopie et l’Argentine. L’objectif est d’accroître la portée de leur influence, mais cette expansion pourrait rendre les différences au sein de l’organisation plus profondes et plus complexes, et réduire sa capacité à prendre des décisions en tant que bloc. Il s’agit de la quinzième réunion des dirigeants du BRICS, mais aucune des réunions précédentes n’a attiré autant d’attention mondiale que le sommet de Johannesbourg. Les nouvelles du sommet et les spéculations sur ses résultats ont dominé les bulletins d’informations de la plupart des chaînes de télévision internationales et ont pris le pas sur les autres dossiers internationaux.
La complexité de faire face à l’hégémonie occidentale
Le premier jour du sommet de Johannesbourg, le président russe a déclaré dans son intervention en visioconférence : « l’abandon du dollar comme monnaie mondiale est irréversible » (1). Les sanctions imposées par les États-Unis et d’autres pays européens à la Russie, dans les mois qui ont suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine, ont contraint Moscou à négocier en yuans avec la Chine, devenue le plus grand client des ressources énergétiques russes. Moscou a également négocié en roupies, bien que partiellement, dans le cadre d’autres accords pétroliers limités avec l’Inde, encouragés par la baisse significative du prix du pétrole russe. Dans d’autres cas, comme avec la Turquie, qui n’est pas membre du groupe BRICS, des accords russo-turcs ont été conclus en roubles.
Il n’est pas difficile de conclure qu’une confrontation efficace avec l’hégémonie du dollar (et de l’euro, dans une moindre mesure), que ce soit pour les pays des BRICS ou tout autre groupe de pays, n’est pas possible sans un accord sur une monnaie unifiée concurrente. Il existe une tendance timide, et encore lente, à traiter avec les monnaies locales dans les échanges commerciaux entre pays ayant des relations économiques et commerciales étroites ou nécessaires, en particulier ceux confrontés à des crises économiques et dont l’économie souffre d’un déclin des investissements étrangers.
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