L'été 2024 touchant à sa fin, l'Institut FMES (Fondation méditerranéenne d'études stratégiques) fait le bilan géopolitique de la saison. De l'Ukraine à la Chine, en passant, bien sûr, par le Moyen-Orient et l'Afrique, la recomposition géopolitique est en cours et les Européens, plus que jamais, doivent en prendre pleinement conscince.
Recomposition géopolitique : pas de pause pendant l’été (T 1636)
L’été 2024 s’est avéré riche en rebondissements. Le 13 juillet, Donald Trump a échappé de justesse à une tentative d’assassinat et Joe Biden, critiqué sur son état de santé, a finalement renoncé à se représenter, transmettant à la vice-présidente Kamala Harris le flambeau de la candidature démocrate ; celle-ci semble avoir inversé la dynamique électorale à son profit. Pour la première fois depuis le début de la campagne, Donald Trump paraît hésitant sur ses chances de l’emporter, conscient que l’âge, argument qu’il a abondamment utilisé contre Joe Biden, joue désormais en sa défaveur. Une victoire de Kamala Harris le 5 novembre prochain aurait pour conséquence probable la continuation de la politique étrangère de Joe Biden ; ce serait une très mauvaise nouvelle pour le Kremlin et pour tous ceux qui, au Moyen-Orient comme dans le reste du monde, espèrent le retour d’une administration américaine transactionnelle et peu attachée à la défense des valeurs ; par effet miroir, il s’agirait d’une bonne surprise pour l’Ukraine, les Européens et les alliés traditionnels des États-Unis en Asie du Nord (Japon, Corée du Sud et Taïwan), ainsi que, paradoxalement, pour l’Iran et la Chine qui espèrent poursuivre des négociations « constructives » avec Washington.
À l’est, Volodymyr Zelensky a tenté d’échapper au rouleau compresseur russe qui grignote la ligne de front dans le Donbass en lançant, début août, une offensive surprise au nord, vers Koursk, avec un succès certain, probablement pour inverser la spirale négative et pour prendre des gages dans une négociation qui pourrait s’engager après les élections américaines. Car le Président ukrainien sait que le temps ne travaille plus pour son pays, même si Kamala Harris l’emportait en novembre (1).
La Chine, de son côté, profite du fait que son rival stratégique ait les yeux rivés sur sa scène politique intérieure et sur le Moyen-Orient pour pousser ses pions en mer de Chine, face aux Philippines, au Japon et à Taïwan. Les deux grandes puissances se sont affrontées sur le terrain de la diplomatie sportive lors des Jeux olympiques. Elles ont terminé ex aequo avec 40 médailles d’or chacune, même si les États-Unis l’emportent largement en nombre total de médailles (126 par rapport à 91). Le Japon est à la troisième place et les pays de l’Union européenne ont collecté 97 médailles d’or, ce qui rappelle que si le sport joue un rôle dans le soft power, il n’est pas un indicateur de puissance dans un monde qui se durcit.
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