En ce lundi de reprise, le général Jérôme Pellistrandi émet ses vœux aux lecteurs de la RDN pour cette nouvelle année 2025. Il dresse le portrait d'une année 2024 complexe et trace les lignes de ce que pourrait être l'année 2025 : entre risques, incertitudes et retour, peut-être, de la diplomatie dans une ère où le conflit armé est devenu le mode de résolution des différends, la nouvelle année pourrait être faite de basculements si l'Europe, notamment, ne prend pas ses responsabilités.
Édiorial – 2025, année catastrophique ou diplomatique ? (T 1668)
Illustration générée par IA
2025, disastrous or diplomatic year?
On this Monday back to work, General Jérôme Pellistrandi sends his wishes to RDN readers for this new year 2025. He paints a picture of a complex year 2024 and outlines what the year 2025 could be: between risks, uncertainties and the return, perhaps, of diplomacy in an era where armed conflict has become the way to resolve disputes, the new year could be full of upheavals if Europe, in particular, does not take its responsibilities.
Si, il y a un an, j’intitulais mon éditorial : « 2024, année olympique ou géopolitique », il me faudrait corriger pour : « 2024, année olympique et géopolitique » ; car l’année écoulée fut bien les deux, en particulier pour la France, avec le succès historique des Jeux olympiques et paralympiques qui ont largement dépassé le simple cadre sportif pour atteindre un moment rare d’unité et d’unanimité. Il en fut de même avec la réouverture de la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris qui, là aussi, fut un événement de portée planétaire et d’espérance alors même que, sur le plan géopolitique, 2024 fut une année complexe, difficile et anxiogène au regard des conflits en cours et de l’instauration inexorable du rapport de force comme mode de régulation des relations internationales sur un fond de populisme débridé et de remise en cause des principes démocratiques en particulier dans l’« Occident global ».
Alors, comment se présente cette nouvelle année 2025 ? Entre guerres, compétitions, confrontations ou négociations, concessions et volonté d’apaisement ?
Il y a plus d’interrogations et d’inconnues à l’équation géopolitique que de certitudes. Il y en a cependant quelques-unes évidentes : tout d’abord le retour triomphal de Donald Trump à la Maison Blanche d’ici désormais deux semaines ; et, de ce fait, une nouvelle pratique disruptive avec sûrement des décisions brutales et déstabilisantes, qui auront toutefois le mérite d’être claires et de sortir de l’ambiguïté stratégique. Ambiguïté qui allait assez bien aux Européens, en leur évitant de prendre leurs responsabilités ; il va falloir désormais choisir et décider. Alors même que l’Union européenne semble en panne avec une France en mal de stabilité politique et donc de budget pour 2025, une Allemagne en pleine campagne électorale et des partenaires hésitant pour certains entre Moscou et Washington et, pour d’autres, davantage préoccupés par leurs problématiques intérieures, oubliant que l’Europe est en voie de déclassement sur la scène internationale face aux mastodontes asiatiques et au dynamisme américain dopé par le trumpisme.
Parmi les autres certitudes, il y a Vladimir Poutine qui ne conçoit la négociation avec l’Ukraine que par la capitulation de cette dernière. S’il y a paix, elle serait pour le Maître du Kremlin une paix sur le modèle de Staline à Yalta. Ce qui est insupportable à la fois pour Kiev, qui n’a pas perdu la guerre, et pour l’Europe qui ne peut pas revenir au temps de la guerre froide avec un adversaire revanchard qui n’aura de cesse de poursuivre sa déstabilisation des démocraties européennes.
À cela, il faut ajouter la Chine de Xi Jinping, relativement discrète sur la scène internationale mais préparant sa confrontation avec les États-Unis. Pékin s’inscrit dans le temps long alors même que nos démocraties occidentales sont désormais incapables de raisonner dans la durée. Il suffit, hélas, de prendre notre propre situation politique où certains dirigeants travaillent essentiellement pour leur agenda personnel et oublient notre environnement international. Il en est ainsi du retard dans l’adoption du budget 2025 qui aura un impact très négatif pour notre défense, avec l’impossibilité de lancer actuellement les nouveaux programmes prévus dans la LPM 2024-2030. Alors même que l’urgence est au réarmement face à la menace russe…
L’année 2025 va être très compliquée et très instable avec les conflits en cours et les perspectives d’une Amérique qui sera à la fois plus isolationniste et plus en compétition pour gagner, que ce soit des parts de marché ou pour défendre ses intérêts.
La RDN s’efforcera de poursuivre son travail de décryptage et d’analyse au cours de cette nouvelle année, avec notamment d’ici quelques semaines un nouveau site Internet plus complet et plus interactif, avec la volonté d’avoir une qualité éditoriale permanente et reconnue, avec une diffusion plus large à l’international avec plus de rubriques en anglais pour mieux faire connaître le débat stratégique français, tout en ayant une dimension européenne accrue… Autant de défis nécessaires pour que la RDN réponde à vos attentes.
Et que 2025, chers lecteurs et chères lectrices, malgré les incertitudes stratégiques, soit une année de progrès, de confiance et d’espérance. ♦