Donald Trump, 47e président des États-Unis connaîtra sa cérémonie d'investiture aujourd'hui, lundi 20 janvier 2025. Le mandat « Trump II », compte tenu du contexte géopolitique actuel, sera bel et bien différent que le premier. Disposant cette fois-ci de soutiens de poids, les quatre années à venir s'annoncent être un chamboulement inédit de la scène internationale auquel les Européens doivent se préparer.
Éditorial – États-Unis : Que le show commence ! (T 1672)
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Editorial —United States: Let the show begin!
Donald Trump, the 47th President of the United States, will have his inauguration ceremony today, Monday, January 20, 2025. The "Trump II" mandate, given the current geopolitical context, will be very different from the first. With this time heavyweight support, the next four years promise to be an unprecedented upheaval on the international scene for which Europeans must prepare.
En ce lundi 20 janvier, Donald Trump, 47e président des États-Unis, va être investi et revenir à la Maison Blanche pour 4 ans. Trump « Saison 1 » avait déjà bousculé les habitudes de Washington de 2017 à 2021, avec un mélange d’amateurisme dans la mesure où il découvrait la fonction présidentielle, de brutalité visant à instaurer un rapport de force avec tous ses interlocuteurs et d’une arrogance lui faisant croire qu’il pouvait « dealer » avec tout le monde, y compris avec le leader nord-coréen.
Pour son deuxième mandat, tout sera différent, dans la mesure où, non seulement il a désormais l’expérience, mais aussi le désir de vengeance clairement affiché, l’appui de l’opinion publique américaine au regard de son succès électoral en novembre dernier incontestable et du ralliement de la Tech américaine, à commencer par Elon Musk et ses compères des GAFAM. Donald Trump a désormais dans sa manche que des pokers d’as, lui assurant, de fait, la certitude de pouvoir mettre en œuvre tout son programme très rapidement et quasi sans entrave, tant les ralliements sont nombreux et que les Démocrates sont désormais aux abonnés absents.
De fait, le monde retient son souffle. Il est déjà indéniable qu’un effet Trump a joué pour la mise en œuvre du cessez-le-feu à Gaza, même si l’administration Biden y a consacré avec succès beaucoup d’énergie. La libération de trois premiers otages ce dimanche est un début encourageant en attendant une autre séquence samedi prochain. À Téhéran, soutien du Hamas, du Hezbollah, des Houthis et de l’ancien régime de Bachar el-Assad, l’ambiance est aux mauvais jours, en espérant ne pas être la prochaine cible. À cet égard, la question du programme nucléaire militaire iranien est en haut de la pile des dossiers diplomatiques. Et même si Téhéran vient de signer un pacte stratégique avec Moscou, il n’est pas sûr que Vladimir Poutine soit prêt à engager des moyens militaires pour soutenir le régime des Mollahs.
Vladimir Poutine attend beaucoup de l’investiture de Donald Trump, persuadé qu’il pourra parler d’égal à égal avec le 47e POTUS. Or, il faut souligner que le maître du Kremlin ne dispose, au mieux, que d’une paire de faibles cartes. Certes, son armée grignote du terrain en Ukraine mais à un prix humain faramineux – environ 700 000 soldats hors de combat – et avec des pertes matérielles abyssales dont, par exemple plus 3 700 chars détruits, sans compter les autres blindés, voire sa marine en mer noire, désormais inopérantes. Est-ce que Donald Trump est prêt à rencontrer son homologue russe, comme Reagan l’avait fait avec Gorbatchev ? À l’époque l’URSS donnait encore l’impression d’être un empire puissant. En tout cas, le dirigeant russe est persuadé qu’il pourra imposer la capitulation de l’Ukraine et sa conception de la sécurité en Europe en marginalisant l’Union européenne, en divisant les capitales européennes entre elles et en s’efforçant de recréer des aires d’influence, comme à Yalta, en avril 1945.
Et l’Europe ? Celle-ci semble en panique face à l’effet Trump. Agir ensemble, flatter le nouveau locataire de la Maison Blanche, investir dans la défense en achetant américain, autant de modes d’action qui risquent d’être antagonistes. Une certitude, Trump voit dans les pays européens principalement des clients et non des partenaires. En exigeant de dépenser 5 % dans la défense, Trump veut mettre à bas le système social européen, incapable d’un tel effort et qui ne se justifie pas sur le plan militaire. Oui, il est urgent d’accroître nos budgets de la défense, mais à condition également de leur soutenabilité budgétaire et de l’acceptation par les opinions publiques.
La politique étrangère n’a jamais fait gagner une élection mais, aujourd’hui plus que jamais, il est urgent de comprendre que notre avenir se joue aussi à l’étranger et que la France ne peut pas se croire préservée des craquements géopolitiques. Notre avenir se joue à Moscou, Pékin, Téhéran et, bien sûr, à Washington.