L’accord signé la semaine dernière entre Kiev, Moscou et les séparatistes pro-russes, avec l’appui de la France et de l’Allemagne, se traduit par un recul pour l’Ukraine et un rapport de force plutôt favorable à la Russie. La question est de savoir si désormais Moscou en restera là ou continuera son travail de sape.
Les perspectives stratégiques et sécuritaires de l’accord de Minsk 2 entre l’Ukraine et la Russie (T 615)
The strategic and security perspectives of the Minsk 2 agreement between Ukraine and Russia
The agreement signed last week between Kiev, Moscow and the pro-Russian separatists, with the support of France and Germany, results in a decline for Ukraine and a balance of power rather favorable to Russia. The question is whether Moscow will stay there or continue its undermining work.
Le 11 février, la chancelière allemande Angela Merkel et les présidents Vladimir Poutine, Petro Poroshenko, François Hollande se rendaient à Minsk, avec les représentants de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les « autorités » politiques des « Républiques populaires » du Donetsk et de Lougansk, pour ce qui était considéré comme le sommet de la « dernière chance » visant à arracher un plan de règlement du conflit dans le Donbass et la crise en Ukraine. Après plus de seize longues heures de tractations intenses, les quatre dirigeants ont finalement annoncé, dans la matinée du 12 février, la signature d’un accord de cessez-le-feu et d’un document en treize points de règlement politique et sécuritaire du conflit, sorte de feuille de route visant ultimement à un accord de paix global dans le Donbass. Les premières discussions semblaient toutefois difficiles, surtout lorsque le président Poroshenko a quitté, furieux, la salle des négociations pour dénoncer le fait que la position de la Russie était « inacceptable ».
Une feuille de route a toutefois été signée par les quatre chefs d’État en fin de matinée, puis par les ministres des Affaires étrangères concernés – le fameux « format Normandie » – mais surtout par les représentants du Groupe de contact de l’OSCE, incluant le leader de la « République populaire de Donetsk », Oleksandr Zakhartchenko, et le chef de la « République populaire de Lougansk », Igor Plotnytsky.
Dès le départ, l’intérêt premier de ce nouveau Sommet était de remettre à plat les accords initiaux de Minsk, datant du 19 septembre 2014, et d’en renégocier le contenu. C’est donc l’échec de Minsk 1 qui a consacré la signature le 12 février 2015 de l’Accord Minsk 2, qui avantage, encore une fois, considérablement la Russie et profite largement aux forces séparatistes du Donbass. Il convient par conséquent de décrypter le contenu exact de l’accord, à la fois politiquement et militairement, afin d’en tirer la conclusion qui s’impose : l’Ukraine est la grande perdante de ces accords de paix.
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