8e étape – 9 juillet – Dole-Lausanne : de la résistance Franc-Comtoise au traité de paix
Vue aérienne de Lausanne (© Rama - Wikicommons)
Alors capitale comtoise, Dole fut assiégée pendant plus de 80 jours par les troupes de Louis XIII en 1636. Le siège (1) fut la première grande bataille de la guerre de Dix Ans, opposant les troupes françaises de Henri II de Bourbon-Condé aux troupes comtoises de Louis de la Verne.
Le 27 mai 1636, le prince de Condé, à la tête d’une armée de 25 000 hommes, franchit la frontière à Auxonne et s’empara de Pesmes. Les Comtois ne connaissaient pas l’objectif français, ce qui a rendu leur défense difficile. Ils ne pouvaient mener aucune action, mais les ils furent rapidement mis au courant que les Français visaient Dole. Ainsi, Waterville organisa ses hommes afin d’empêcher les Français d’atteindre la ville. Une trompette française somma la ville de se rendre. Mais, les autorités préconisèrent la résistance. Le lendemain, le prince Henri II de Bourbon-Condé divisa son armée en trois groupes : il installa son quartier général avec le premier à Saint-Ylie, le deuxième groupe s’établit près de Crissey et le dernier entre Rochefort et Brévans. Les Français ne se contentèrent pas d’essayer d’assaillir Dole mais s’attaquèrent aux autres villes comtoises comme Recologne, Marnay ou encore Beure et Arguel. L’armée comtoise, trop lente, n’arrivait pas à contrer l’armée française. La France s’attaqua principalement au château de Dole, considéré comme le principal point faible de la défense de la ville. Les Comtois remportèrent des victoires comme la destruction des forges de Drambon qui fabriquaient les munitions de l’armée du Prince. Malgré l’importance de l’attaque française la ville tint bon. Ce siège est resté dans les mémoires comme le symbole de la combativité et de la pugnacité des Francs-Comtois.
Le 10 mars 1673, Louis XIV décida d’attaquer la Franche-Comté sous domination espagnole. Les villes de Gray, Vesoul, Besançon étaient déjà tombées. Après la prise de Besançon, Louis XIV demanda au duc d’Enghein, de s’emparer de Dole, la capitale, commandée par Sigismond III d’Este. Le 14 août, Condé reçut l’ordre de lever le siège pour conduire ses troupes en Picardie contre les Espagnols. Le 15 août, les troupes françaises évacuèrent : la ville fut sauvée. La levée du siège de la ville de Dole fut accueillie avec enthousiasme dans toute la province mais aussi jusque dans les Pays-Bas espagnols. La cité déplora 800 morts. Les dégâts matériels étaient aussi importants. Si Dole était définitivement débarrassée des Français pour ce conflit, il n’en fut pas de même pour la peste et la famine qui continuèrent de sévir.
Du 26 mai au 6 juin 1674, Dole subit un autre siège dans le cadre de la guerre de Hollande, et plus précisément dans la deuxième conquête de la Franche-Comté. Ce siège opposa les Français aux Espagnols, Comtois et Impériaux auxquels la ville appartenait. Le 27 mai, Louis XIV arriva devant Dole. Il fut alors décidé d’attaquer la ville par la porte de Besançon à l’est. De leur côté les Comtois lancèrent une attaque de cavalerie qui, dans un premier temps, déstabilisa les Français, mais ces derniers reprirent rapidement l’avantage et repoussèrent les cavaliers dans Dole. Louis XIV somma le gouverneur de se rendre, mais il refusa. Le siège se mit alors en place. Le 29 mai, les Français lancèrent leur première attaque ; mais contre toute attente, les Comtois reprirent l’avantage. Le 30, l’artillerie commença son pilonnage dans le but de supprimer les canons comtois et les défenses de la courtine. Le 1er juin, le travail de sape commença et une galerie fut creusée. Quelques jours après, les Français firent exploser des galeries, ce qui ouvrit des brèches dans les murailles. Ils préparèrent un assaut le 6 juin. Toutefois, faute de combattants, les assiégés se rendirent. Le 7 juin, ils défilèrent devant le dauphin, la reine et la cour de France. Louis XIV s’engagea à respecter les immunités et privilèges de la ville. La prise de la capitale comtoise était plus symbolique que stratégique. Peu après, Dole fut destituée de son rôle de capitale au profit de Besançon. Ses fortifications furent détruites par Vauban.
La ville d’arrivée, Lausanne, n’a pas connu une histoire militaire très importante. Mais, elle a été le lieu de signature du dernier traité de la Première Guerre mondiale, le traité de Lausanne. Il a été signé le 24 juillet 1923, au Palais de Rumine, et remplaça le traité de Sèvres. Ce traité fut relatif à l’Empire ottoman : il y était question de préciser les frontières de la nouvelle Turquie issue de l’Empire ottoman, démantelé à la suite de leur défaite, et d’encadrer les transferts de populations visant à rendre irréversible ce qui fut appelé « nettoyage ethnique » par l’historiographie grecque et « stabilisation de l’homogénéité ethno-religieuse » par l’historiographie turque (2). ♦
(1) Sur l’évolution des sièges, lire Mazzuchi Nicolas et Jay Mourtont Jonathan, « Smart Cities : la guerre de siège à l’ère 4.0 », RDN, n° 821, juin 2019, p. 144-148 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=22087&cidrevue=821).
(2) Pour en savoir plus sur les conséquences pour la politique étrangère turque actuelle, lire Seiti Arta, « Turquie : empreinte régionale et symptôme d’une importante recomposition stratégique », RDN, Tribune n° 833, 14 octobre 2016 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-tribune.php?ctribune=904).
Publié le 09 juillet 2022
Jérôme Pellistrandi, Marie Toiron