Tour de France 2022 : 15e étape – 17 juillet – Rodez-Carcassonne : la Résistance durement matée
Mémorial de Sainte-Radegonde (© Fondation du Patrimoine)
Le 17 juillet, le Tour continuera son périple en Occitanie, et plus précisément à travers les départements de l’Aveyron, du Tarn, de la Haute-Garonne et de l’Aude.
Carte du parcours de la 15e étape du Tour de France (© ASO)
Rodez eu une garnison sous la troisième République avec plusieurs régiments d’infanterie de ligne (81e RI puis 122e RI) qui se succédèrent à la caserne Burloup construite en 1884 l’extrémité du foirail et qui fut démolie en 1990 pour construire l’actuelle caserne de Gendarmerie.
Dans la ville de Rodez, en Aveyron, la Résistance fut active notamment grâce à la présence de nombreux maquis en région Occitanie ; L’Armée secrète (AS) et les Mouvements unis de Résistance (MUR) y étaient bien implantés. Les résistants étaient à l’initiative d’attentats, de sabotages, de distributions de tracts et d’attaques contre les soldats allemands. Les ripostes allemandes étaient particulièrement violentes. Durant la Seconde Guerre mondiale, les arrestations se multiplièrent, les déportations s’amplifièrent, jusqu’au massacre survenu le 17 août 1944, durant lequel 30 prisonniers furent exécutés par des SS à la butte de tir de la commune de Sainte-Radegonde, situé non loin de Rodez.
Dans la nuit du 17 au 18 août, les Allemands quittèrent Rodez sur ordre du général Johannes Blaskowitz. Néanmoins, peu avant, la légion d’Azerbaïdjan en garnison à Rodez, fit une tentative de révolte contre les nazis. Cette dernière fut mise en échec par la capture de Grégoire Romaniuk et l’arrestation de 60 officiers et sous-officiers. Le 17 août 1944, l’exécution de 17 prisonniers est prononcée. C’est dans ce contexte que furent décidés l’extraction des détenus de la caserne Burloup, prison de la Sipo-SD, et leur transfert au champ de tir de Sainte-Radegonde. Les martyrs n’étaient pas tous originaires d’Aveyron, mais venaient de toute la France et du reste de l’Europe. Il s’agissait de résistants venus en Aveyron pour protester contre le Service du travail obligatoire (STO), pour travailler ou pour fuir la répression dans leur région.
L’exécution fut dirigée par le caporal Fienemann. Les prisonniers furent exécutés à l’arme automatique à demi enterrés dans une tranchée, liés deux à deux par les poignets avec des fils électriques. Ils furent enterrés, mutilés, certains encore vivants.
Les Allemands avaient essayé de quitter la ville le 16 août mais ils furent mis à mal par les maquisards, les francs-tireurs et partisans commandés par Joseph Mach. Ainsi, ils furent contraints de revenir à Rodez. Les Allemands devaient quitter Rodez mais les maquis ne leur laissaient aucun répit. Le 20 août 1944, le maquis « Arête Saules » procéda également à l’exécution extra-judiciaire de soldats allemands. Le même jour à Rodez fut célébré un hommage aux victimes de la tuerie. Certains soldats allemands furent exécutés, le 3 septembre 1944, notamment le commandant Reiner, ou le capitaine Lied, et une soixantaine d’Azéris de l’Ost Legion furent capturés pour avoir participé à la tuerie de Sainte-Radegonde.
Un monument a été érigé en 1946 sur les lieux du massacre en mémoire à l’ensemble de la Résistance et aux victimes de la tuerie. On y retrouve outre les noms des victimes du massacre, les noms de 52 victimes civiles, 82 déportés non rentrés et 48 combattants de la FFI. ♦
Publié le 17 juillet 2022
Jérôme Pellistrandi, Marie Toiron