Semaine 53/2020 : Arrivée à Paris de Benjamin Franklin pour demander l’aide de la France aux Insurgents d’Amérique, le 31 décembre 1776

La période de la Monarchie absolue voit avec le renforcement du pouvoir royal la mise en place d’outils financiers pour pouvoir conduire les guerres sur le plan budgétaire. La technicité administrative s’est peu à peu complexifiée compte-tenu d’une part des besoins accrus d’argent mais aussi de l’augmentation des capacités militaires avec des troupes professionnelles, la politique de fortification et le développement de la Marine royale entamé par Richelieu. Il fallut à la fois la volonté des rois – de Louis XIII à Louis XVI – mais aussi des grands commis que furent par exemple Colbert et Louvois. Durant cette période, il faut aussi souligner l’accroissement du recours à l’emprunt et donc à la mise en place de mécanismes associant l’État à des banquiers souvent de confession protestante. L’étude de ces financements permet ainsi de comprendre la constitution progressive de l’État moderne voulu par les Bourbons et donc de la montée de l’administration étatique.

 

Pour en savoir plus : 
Murat Inès : Colbert, Fayard, 1980
Corvisier André : Louvois, Fayard, 1983

Semaine 52/2020 : Prise de Hong-Kong par les Japonais, le 25 décembre 1941

Alors que le territoire de Hong Kong connaît une mise au pas politique de la part de Pékin, le destin de cette péninsule a été agité au cours du XXe siècle en particulier le 25 décembre 1941 quand les Japonais s’emparent de la possession britannique, faisant suite à l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre. Depuis la première guerre de l’opium (1839-1842), Londres a pris pied et développé sa colonie et en obtient la souveraineté pour 99 ans jusqu’en 1997. L’offensive japonaise est alors générale et doit permettre à Tokyo d’évincer les Occidentaux dans cette région convoitée. Singapour va également tomber, tandis que l’Indochine, sous le contrôle de Vichy, va devoir composer avec les exigences des Japonais. Hong Kong ne sera libérée qu’en août 1945 avec la capitulation de l’empire nippon et va alors bénéficier d’un important essor économique tandis que la Chine s’embrase dans une guerre civile amenant Mao au pouvoir en 1949.

 

Pour en savoir plus :
Dyja Marina et Malovic Dorian : Hong Kong, un destin chinois, Bayard Éditions, 1997, 330 pages
Ekman Alice : Rouge vif, l’idéal communiste chinois, Éditions de l’Observatoire, 2020, 224 pages

Semaine 51/2020 : Signature des accords de Dayton sur l’ex-Yougoslavie, le 14 décembre 1995

L’éclatement de la Fédération yougoslave à peine une décennie après la mort de Tito a été la résultante des tensions nationalistes qui n’ont cessé de revendiquer un dépeçage d’une entité dominée par les Serbes. Affrontement de nationalités et d’identités qui ont vu la paralysie de l’Europe et de l’ONU face à une guerre civile de haute intensité et l’entrée en scène des États-Unis, seuls capables de trouver une solution politique. Les accords de Dayton, laborieusement mis en place, ont certes stabilisé la région, en attendant quelques années plus tard le conflit au Kosovo, mais sans résoudre le fond du problème, à savoir l’incapacité des peuples des Balkans du Sud à trouver une voie d’apaisement. Le mille-feuilles institutionnel de la Bosnie-Herzégovine en est une illustration pathétique tandis que la corruption demeure une réalité dans ce flanc sud de l’Europe.

 

Pour en savoir plus :
Pons Frédéric : Les Français à Sarajevo, les bataillons piégés, 1992-1995 ; Presses de la Cité, 1996 ; 323 pages
Kandel Maya : Mourir pour Sarajevo, les États-Unis et l’éclatement de la Yougoslavie ; CNRS Éditions, 2013 ; 384 pages

Semaine 50/2020 : Adoption du drapeau européen, le 7 décembre 1955

En 1950, le Conseil de l’Europe, créé l’année précédente, lance une consultation pour se doter d’un drapeau capable de fédérer les pays ayant rejoint cette organisation internationale. Le 9 décembre 1955, le drapeau présentant 12 étoiles dorées sur un fond bleu est adopté. Il devient un instrument fort d’identification de l’idée européenne. Son usage par les États-membres est d’ailleurs devenu significatif de l’appropriation de la construction d’une Europe plus unie ou de la critique des institutions de Bruxelles. Les actuelles polémiques autour de la Pologne et de la Hongrie traduisent cette difficulté conceptuelle à penser l’Europe comme une, après des décennies de séparation imposée par le Rideau de fer. La récente disparition du président Giscard d’Estaing, fervent défenseur de cette identité européenne, a rappelé d’ailleurs de manière symbolique ce débat, avec son cercueil enveloppé du drapeau tricolore associé au drapeau européen. Il faut ici se souvenir des âpres discussions autour des racines judéo-chrétiennes de l’Europe que certains voulaient voir mentionner tandis que d’autres s’en tenaient à une approche plus prudente, pour éviter toute discussion réfutant cette dimension religieuse. La question de la civilisation européenne reste donc pleinement d’actualité dans un monde de rupture stratégique.

 

Pour en savoir plus :

Morazé Charles : Essai sur la civilisation d’Occident, Armand Colin, 1950.
Braudel Fernand : Grammaire des civilisations, Arthaud, 1987.
Huntington Samuel : Le choc des civilisations, 1996.

Semaine 49/2020 : Rouhollah Khomeini devient Guide suprême de la Révolution iranienne, le 3 décembre 1979

Le paradoxe de la révolution iranienne avait été encore peu perçu en 1979, alors que la principale priorité restait le conflit israélo-palestinien où l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) refusait le principe même de l’existence d'Israël. En outre, la sous-évaluation de l’islam comme fondement politique était fréquente, le nationalisme arabe – alors soutenu par l’URSS – semblant structurer les tensions dans la région du Levant. À cette époque, la révolution khomeyniste voyait encore un front uni entre militants communistes et leaders religieux contre ce qu’avait été le régime du Shah. L’intelligentsia européenne, et en particulier française, avait vu dans l’exilé de Neauphle-le-Château un combattant de la liberté : l’Ayatollah Khomeiny sut avec l’entrée en guerre contre l’Irak à la fois éliminer son aile gauche pétrie d’influence marxiste et conforter la théocratie nationaliste iranienne. Le monde occidental a d’ailleurs mis du temps à réaliser la nature même de ce qui se tramait à Téhéran et il fallut l’occupation de l’Ambassade des États-Unis et la détention des otages américains pour faire basculer Washington dans une hostilité radicale au régime des Mollahs.

 

Pour en savoir plus :
Bomati Yves et Nahavandi Houchang : Iran, une histoire de 4 000 ans, Perrin, 2019, 416 pages
Roux Jean-Paul : Histoire de l’Iran et des Iraniens, Fayard, 2006, 528 pages

Semaine 43/2020 : Création de l’Aviation légère de l’Armée de terre, le 22 novembre 1954

La création de l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) aux lendemains de la guerre d’Indochine était le résultat du retour d’expérience de l’Armée de terre avec un besoin aérien spécifique et différent de ce que l’Armée de l’air pouvait fournir. L’observation, l’appui de l’artillerie et les liaisons nécessitaient des appareils légers capables d’être quasiment au contact des premières lignes. Pourtant, les polémiques ont existé avec l’Armée de l’air d’autant plus que celle-ci était dans les années 1950-1960 en pleine reconstruction, avec le besoin de faire redémarrer une industrie aéronautique sinistrée après 1945. Les premières années de l’Alat ont vu essentiellement l’emploi d’avions à hélice alors que, petit à petit, l’hélicoptère a commencé à devenir une réalité tactique dès l’Algérie. L’Alat, avec l’arrivée des hélicoptères Alouette et Puma pour le transport, a su dans les années 1960-1970 effectuer une mue remarquable conduisant progressivement à mettre sur pied le combat aéromobile. Aujourd’hui, avec les hélicoptères de combat Tigre, les Cougar et les Caïman, l’Alat possède des capacités sans équivalent en Europe et démontre notamment au Sahel l’importance pour l’Armée de terre de maîtriser cette troisième dimension, tout en liaison étroite avec l’Armée de l’air et de l’Espace, voire de la Marine. D’où la part désormais très réduite des appareils à voilure fixe (8 TBM700 pour les liaisons et 5 Pilatus PC-6 pour la logistique). La prochaine étape pour l’Alat sera la modernisation des Tigre avec un nouveau missile et l’arrivée de 10 NH-90 pour les Forces spéciales.

 

Pour en savoir plus :
Dufour Pierre : L’aviation légère de l’armée de terre en Algérie 1954-1962, Éditions Lavauzelle
Site Internet : alat.fr

Semaine 47/2020 : Sommet de Genève entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, du 19 au 21 novembre 1985

Le Sommet de Genève du 19 au 21 novembre 1985 entre le président américain Ronald Reagan (1911-2004) entré en fonction le 20 janvier 1981 et le Premier secrétaire du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) Mikhail Gorbatchev (né en 1931) récemment arrivé à la tête de l’URSS au mois de mars n’a pas été, contrairement au titre de l’article, décevant. Certes, sur le moment, cette rencontre a paru très formelle dans un contexte renouvelé de guerre froide. Mais paradoxalement, après la disparition de Brejnev en novembre 1982, d’Andropov en février 1984 puis enfin de Tchernenko en mars 1985, la nomination de Gorbatchev marquait la fin de la gérontocratie soviétique et le début d’une nouvelle ère dont personne n’imaginait à l’époque les bouleversements qui allaient se succéder, amenant à la dislocation de l’URSS, après l’effondrement du mur de Berlin à l’automne 1989. Genève fut donc une première étape où chacun s’observait. De fait, le président Reagan avec un message aux Soviétiques de vœux de nouvel an au début 1986 sut entrouvrir une porte mettant fin à la guerre froide.

 

Pour en savoir plus :
Montbrial (de) Thierry : Quinze ans qui bouleversèrent le monde, de Berlin à Bagdad, Dunod, 2003, 482 pages
Fontaine André : L’un sans l’autre, Fayard, 1991, 380 pages

Semaine 46/2020 : Adoption de la résolution n° 96 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la question indo-pakistanaise, le 10 novembre 1951

En novembre 1951, l’ONU se penchait sur la question brûlante des relations conflictuelles entre l’Inde et le Pakistan. Le processus de décolonisation conduit par Lord Mountbatten de l’empire des Indes fut laborieux et sanglant, amenant à un Pakistan se répartissant en deux blocs autour de l’Inde et des exodes de population de part et d’autre. À cela s’est ajoutée la volonté de Pékin de prendre le contrôle d’une partie des territoires frontaliers de l’Himalaya. Le conflit du Cachemire s’est peu à peu imposé autour de ces trois acteurs avec de plus, des orientations politiques différentes, le Pakistan se réclamant d’une relation forte avec les États-Unis, la Chine incarnant la révolution maoïste et l’Inde se voulant non-alignée. Soixante ans après, les causes de conflictualité demeurent mais avec des changements d’orientation stratégique. Le Pakistan et la Chine entretiennent des liens privilégiés tandis que l’Inde, plus grande démocratie au monde, veut desserrer cet étau situé à son nord. Les récents accrochages avec la Chine dans le Haut Himalaya constituent une illustration de cette tension croissante. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si New Delhi a beaucoup communiqué sur l’arrivée de ses premiers avions Rafale, lui permettant de renforcer son outil dissuasif vis-à-vis de Pékin.

 

Pour en savoir plus :

Daniélou Alain : Histoire de l’Inde, Fayard, 1971. Bien qu’ancien, cet ouvrage permet de comprendre les racines profondes de ce pays complexe.

Lapierre Dominique et Collins Larry : Cette nuit la liberté, Robert Laffont, 1975. L’histoire mouvementée de la décolonisation de l’Empire des Indes.

Kersaudy François : Lord Mountbatten, Payot 2015. La biographie du dernier vice-roi des Indes qui s’efforça de maîtriser la dislocation de l'Empire.

Semaine 45/2020 : Début de la bataille de Fougères, le 3 novembre 1793

La guerre de Vendée débute en mars 1793 et va voir les armées de la République affronter les armées vendéennes entre les pays de la Loire jusqu’aux marches de la Bretagne. Le 3 novembre de cette année, les troupes vendéennes se saisissent de la forteresse de Fougères qu’ils tiendront jusqu’au 5 décembre. Cette guerre civile fut d’une rare violence tant les deux camps s’opposaient idéologiquement. D’où la relecture de cet affrontement par le général Némo (1906-1971) au regard de son expérience de la guérilla acquise en Indochine. Pour lui, la dimension idéologique est étroitement liée à l’intensité de l’opposition entre la population se réclamant du refus de la République et les autorités de celle-ci, prêtes à éliminer leurs opposants pour faire triompher leurs idées. D’où également l’importance des chefs charismatiques capables de fédérer aussi bien des paysans que la petite noblesse locale contre les Bleus. D’où la référence au leader des guérillas marxistes d’Amérique du Sud, Che Guevara.

 

Pour en savoir plus
Coutau-Begarie Hervé : Histoire militaire des guerres de Vendée, Économica, 2010
Balzac (de) Honoré : Les Chouans (1829)

Semaine 44/2020 : Fin de la bataille du golfe de Leyte le 27 octobre 1944

La guerre sous-marine dans le Pacifique est souvent oubliée dans l’histoire, comparée à la Bataille de l’Atlantique. Pourtant, celle-ci fut intense et vit les sous-marins américains infliger de lourdes pertes à la marine japonaise. Les informations publiées au début des années 1950 ont cependant permis de comprendre certains aspects essentiels. Ainsi, la flotte américaine a été très homogène dans le Pacifique, composée essentiellement de la classe Gato. Celle-ci, avec des bâtiments de 95 mètres, présentait certes moins d’innovations que les U-Boot allemands, mais fonctionnait efficacement. Toutefois, dans les mois qui suivirent Pearl Harbor, les sous-marins américains connurent de graves déboires avec des torpilles défectueuses. Il fallut un certain temps pour trouver une réponse technique. De l’autre côté, les Japonais firent preuve d’un péché d’orgueil en négligeant la construction d’une flotte plus conséquente tant militaire que marchande. Très vite, le tonnage japonais coulé n’a pas pu être remplacé par des constructions neuves. Autre échec : les déficiences tactiques japonaises en négligeant jusqu’en 1943 la navigation en convois et en ayant trop peu d’escorteurs. La supériorité de la sous-marinade américaine a donc été essentielle et a contribué au basculement du rapport de force au début 1943.

Pour en savoir plus :
Alexandre Sheldon-Duplaix : Histoire des sous-marins. Des origines à nos jours. Editions ETAI, 2018
Graig L.Symonds : Histoire navale de la seconde guerre mondiale. Editions Perrin, 2020

Pour se distraire :
Operation Petticoat, réalisée par Blake Edwards en 1959, avec Cary Grant et Tony Curtis

Semaine 43/2020 : Protocole de Paris établissant l’UEO le 23 octobre 1954

À la suite de l’échec de la Communauté européenne de défense (CED), la France a proposé à ses alliés européens la création de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), avec la participation du Royaume-Uni. À côté de l’Otan créée auparavant, l’idée était de constituer un pôle européen, capable de mieux fédérer les efforts de réarmement face à la menace soviétique. De fait, dès le départ, l’ambiguïté de cette organisation était posée, dans la mesure où la garantie de sécurité reposait d’abord sur le lien transatlantique. En 1956, il s’agissait de trouver en quelque sorte les créneaux où l’UEO pouvait apporter une plus-value par rapport à l’Otan. Relancée en 1983 par François Mitterrand, l’UEO n’a jamais pu réellement exister face à l’Otan et ses missions ont été plus ou moins reprises par l’Union européenne, avant sa dissolution en 2011, sans tambour ni trompette. À quelques jours de l’élection américaine, le débat reste entier sur le rôle stratégique que l’UE devrait prendre pour répondre aux défis sécuritaires de demain.

 

Pour en savoir plus :

Dumoulin André et Remacle Éric, L’Union de l’Europe occidentale. Phénix de la défense européenne, Bruylant, Bruxelles, 1998, 605 pages
Dumoulin André, Union de l’Europe occidentale : la déstructuration (1998‑2006), Bruylant, Bruxelles, 2005, 414 pages
Fontaine André : Histoire de la guerre froide, Fayard, 1983.

Semaine 42/2020 : Exhumation de Napoléon à Sainte-Hélène, le 15 octobre 1840

Le 15 octobre 1840, à la demande du roi Louis-Philippe et en accord avec les Anglais, la dépouille de l’empereur Napoléon Ier est exhumée à Sainte-Hélène, en vue d’être rapatriée en France par la frégate La Belle Poule. Arrivé sur l’île le 10 décembre 1815, prisonnier des Britanniques, l’Empereur s’y est éteint le 5 mai 1821, vraisemblablement d’un cancer à l’estomac. L’objectif de la mission dirigée par le Prince de Joinville, fils du Roi des Français, visait à raviver la flamme patriotique autour du cercueil de Napoléon installé solennellement aux Invalides et ainsi à renforcer le régime issu des Trois Glorieuses de 1830. En 1858, la reine Victoria céda à la France la Résidence de Longwood, dernière demeure de l’Empereur, et la vallée du Tombeau, 1re sépulture, symboles de l’amitié franco-britannique commencée par Louis-Philippe durant son règne.

 

Pour en savoir plus :
Las Cases : Mémorial de Sainte-Hélène (1823)
Tulard Jean : Napoléon, chef de guerre, Tallandier, 2020, 384 pages

Semaine 41/2020 : Naissance de Léonce Lagarde, 1er gouverneur de la Côte française des Somalis, le 10 octobre 1860

En 1888, la ville de Djibouti est fondée par la France au sein du territoire des Somalis dont la frontière fut fixée avec l’Empire britannique. Cette enclave désertique et aride a permis à la France de s’implanter dans une zone stratégique à l’entrée de la mer Rouge et du golfe d’Aden, entre la Corne de l’Afrique, la péninsule arabique et l’océan Indien. Zone de transit maritime mais aussi de tous les trafics dans une région toujours fragile, en proie à de nombreuses rivalités géostratégiques. En 1977, le territoire gagne son indépendance et peu à peu s’est transformé en un « hub » économique, permettant à l’État djiboutien de jouer sur plusieurs tableaux et ainsi jouir d’une position très avantageuse. Certes, le processus de transformation reste fragile mais ce petit État dispose désormais d’un PIB par habitant largement supérieur à la moyenne africaine et se veut un futur Singapour, encore faudrait-il que l’économie informelle du khat laisse la place à une vraie économie de production et d’échanges.

 

Pour en savoir plus :
Le Gouriellec Sonia, Djibouti : la diplomatie de géant d’un petit État, Presses universitaires du Septentrion, 2020, 224 pages
Monfreid (de) Henri, Les secrets de la mer Rouge, 1931.

Semaine 35/2020 : Lancement du Spoutnik le 4 octobre 1957

La réussite, le 4 octobre 1957, de la mise en orbite du premier satellite artificiel, Spoutnik, au moyen de la fusée R7 (devenue par la suite Soyouz) par l’URSS a été un coup de tonnerre géopolitique, marquant l’avancée technologique de Moscou dans la conquête spatiale mais aussi dans la maîtrise des missiles intercontinentaux. Malgré le succès du lancement d’Explorer 1 le 1er février 1958, les États-Unis ont subi une forme d’humiliation qui sera d’ailleurs accentuée avec le premier vol dans l’Espace d’un cosmonaute, Youri Gagarine (1934-1968), le 12 avril 1961. L’astronautique soviétique avait alors l’avantage et a conforté le régime dirigé à l’époque par Khrouchtchev, lui permettant de se montrer offensif par rapport à l’Occident. Cet avantage politique a commencé à régresser notamment avec l’arrivée de J.-F. Kennedy à la Maison-Blanche et le lancement du programme Apollo visant à mettre un homme sur la Lune avant la fin de la décennie 1960.

 

Pour en savoir plus :
Lardier Christian et Barensky Stefan : Les deux vies de Soyouz, E-dite, 2010
Varnoteaux Philippe : L’aventure spatiale française, de 1945 à la naissance d’Ariane, Nouveau monde éditions, 2014

Semaine 34/2020 : Début de la guerre Iran-Irak le 22 septembre 1980

Le conflit irako-iranien a été déterminant pour la région, tout d’abord en confortant le régime de l’Ayatollah Khomeini et des Mollahs alors très isolé internationalement, et en donnant à Saddam Hussein le sentiment d’être soutenu plus ou moins directement par le monde occidental et arabe sunnite contre Téhéran. Cette guerre très meurtrière a, au final, contribué à la radicalisation des positions des acteurs engagés, avec le développement de stratégies périphériques de contournement, alors même que la rivalité Occident-URSS était une réalité. Paradoxalement, alors que Bagdad a bénéficié de l’appui occidental, Saddam Hussein a cru pouvoir imposer sa domination à une période où le nationalisme arabe prédominait sur les facteurs religieux. D’où l’invasion du Koweït par Saddam, erreur stratégique majeure qui fit de l’Irak, l’ennemi à abattre à partir de 1990. Téhéran a su, à l’inverse, fédérer une nation perse encore marquée par la chute du Shah, quitte à sacrifier de nombreux soldats dans des combats d’usure et à imposer son modèle politique de théocratie.

 

Pour en savoir plus :
Razoux Pierre, La guerre Iran-Irak, première guerre du Golfe 1980-1988, Perrin, 2013.

Semaine 33/2020 : 1re Constitution de la République populaire de Chine le 20 septembre 1954

La Chine a toujours constitué un sujet d’intérêt stratégique pour la France, d’autant plus que la République populaire de Chine de Mao a soutenu le Vietminh dans sa lutte contre la puissance coloniale en Indochine. De plus, certains membres de l’élite communiste comme Chou En Lai avaient séjourné en France dans les années 1920. Autre paradoxe, la France est la mère des Révolutions dont la Commune de Paris en 1871a fortement influencé les mouvements révolutionnaires d’inspiration marxiste. D’où ce regard vers la Chine et dont la RDN a été un des acteurs tout au long de ses publications sur la Chine communiste. Il faudra attendre 1964 pour que le général de Gaulle reconnaisse la RPC, non par connivence idéologique mais bien par la prise de conscience de l’importance de la Chine communiste sur l’échiquier international.

Semaine 32/2020 : Proclamation de la République populaire démocratique de Corée le 9 septembre 1948

Le partage de la Corée en deux entités étatiques semble désormais être définitivement acquis. D’autant plus que le système politique nord-coréen se caractérise par sa dimension dynastique avec la famille Kim. Et l’actuel rejeton, troisième de sa lignée, veille jalousement à en préserver l’héritage, renforcé par la possession de l’arme nucléaire, permettant une forme de dissuasion du faible au fort. De plus, le temps passant, l’imperméabilité de la frontière intercoréenne fait que les liens se distendent entre les peuples des deux États, contrairement à ce qui s’est passé avec les deux Allemagne dont la division n’a duré « que » 45 ans. Kim Jong-un a su s’imposer et éliminer à la fois ses possibles concurrents intérieurs mais aussi en se faisant adouber par Donald Trump comme un interlocuteur légitime. La question coréenne, loin d’être résolue, reste donc complexe et centrale au cœur d’une Asie en pleine mutation sous l’expansionnisme clairement assumé par Pékin.

 

Pour en savoir plus :
Dayez-Burgron Pascal : La dynastie rouge 1945-2014, Perrin, 2016, 384 pages
Morillot Juliette et Malovic Dorian : Le monde selon Kim Jong-un, Robert Laffont, 2018, 270 pages.

Semaine 36/2020 : Prise de pouvoir par le colonel Kadhafi le 2 septembre 1969

Le coup d’État mené à l’automne 1969 en Libye voyait le renversement de la royauté et l’établissement d’un nouveau régime se revendiquant du nationalisme arabe dirigé par un jeune officier supérieur de 27 ans, le colonel Mouammar Kadhafi. La Libye, entre Égypte et Maghreb, apparaissait davantage comme un désert regorgeant de pétrole que comme un État digne de ce nom. Une des interrogations posées par le général Pierre Rondot (1904-2000) portait notamment sur l’absence de cadres capables de faire fonctionner ce pays conglomérat de tribus plus ou moins disparates et hostiles entre elles. Le paradoxe est que depuis la disparition brutale du dictateur libyen en 2011, la situation n’a fait que dégénérer et les antagonismes tribaux et régionaux s’exacerber au point de transformer la région en un vaste trou noir déstabilisant le Sahel. Les contradictions d’aujourd’hui remontent donc à très loin et l’absence d’une élite civile responsable reste une fragilité majeure d’autant plus que les ressources pétrolières continuent d’alimenter les factions en lutte pour le pouvoir central.

 

Pour en savoir plus :
Rondot Pierre : « Libye et Maghreb arabe », Revue Défense Nationale n° 503, novembre 1989.
Bravin Hélène : Kadhafi, vie et mort d’un dictateur, 2012, Éditions François Bourin.

Semaine 35/2020 : Entrée en vigueur du traité créant l'Otan le 24 août 1949

Signé à Washington le 4 avril 1949, le Traité de l’Atlantique Nord donnait naissance à l’Alliance atlantique. Le 24 août de la même année, le texte entrait en vigueur, créant l’Otan pour contrer la menace soviétique alors en pleine expansion. La première réunion du conseil devait intervenir en septembre pour mettre sur pied l’organisation et entamer les procédures visant à renforcer la défense collective de l’Europe de l’Ouest. Cet article de 1956 apporte un éclairage très particulier et qui a été souvent occulté : la standardisation des matériels, élément essentiel en cas de conflit pour faciliter la logistique notamment. L’auteur admet qu’à cette époque, cette standardisation relève plus de l’aide matérielle américaine avec des dotations d’équipements identiques entre les pays membres que d’un processus de convergence des normes. Toutefois, il donne les premiers exemples des choix préconisés avec l’adoption du calibre 7,62 mm ou encore sur l’homologation Otan de l’automouvant AMX-13 équipé d’un canon de 155 mm. Les textes appelés STANAG ont joué un rôle essentiel et l’un des acquis encore essentiels aujourd’hui repose sur cette standardisation qui permet l’interopérabilité des matériels. C’est ainsi qu’aujourd'hui, un avion KC-130J de l’Armée de l’air ou de l’US Air Force est en mesure de ravitailler de nuit un hélicoptère Caracal mis en œuvre par le Commandement des opérations spéciales (COS).

 

Pour en savoir plus :
Kempf Olivier : L’Otan au XXIe siècle, Éditions du Rocher
Reid Escott : Times of Fear and Hope: the Making of the North Atlantic Treaty (1947-1949), Toronton McClelland &Stewart, 1977.

Semaine 34/2020 : Début de la bataille de Marseille le 21 août 1944

Les ports français ont particulièrement souffert pendant la deuxième guerre mondiale. Dans un premier temps, les ports de la Manche furent touchés durant la campagne de mai-juin 1940, en particulier Dunkerque et Dieppe. À quelques jours de l’armistice du 22 juin 1940, les marins et les sapeurs français s’efforcèrent de détruire les installations militaires pour qu’elles ne puissent pas servir aux Allemands. Ceux-ci engagèrent des travaux colossaux pour construire des bases sous-marines géantes notamment à Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle et Bordeaux. Ces blockhaus firent l’objet de bombardements intensifs de la part des Alliés. Le Havre, Brest, Lorient et Saint-Nazaire furent dévastés. En Méditerranée, Marseille fut relativement à l’abri jusqu’en novembre 1942, étant en zone libre. Premier port de France en 1939, il fut détruit systématiquement par les Allemands à l’été 1944, après le débarquement de Provence, obligeant à de très gros travaux de déblaiement assurés dans un premier temps par les Américains pour assurer le ravitaillement des troupes remontant vers le Nord par la vallée du Rhône et progressivement par les Français avec le renflouement des épaves et le rétablissement des infrastructures indispensables. Le chantier a duré plusieurs années tant les dégâts étaient importants et les ressources limitées.

 

Pour en savoir plus :
Busquet Raoul : Histoire de Marseille, 2002.
Espagnac du Ravay : Vingt ans de politique navale (1919-1939), Arthaud, 1941.
« Marseille premier port de France - 1945 l'occupation par l'Allemagne nazie, le minage et la destruction du port, et sa réouverture par les forces alliés lors de la Seconde Guerre mondiale » (https://www.dailymotion.com/video/x16wuor).

Semaine 33/2020 : Inauguration du Canal du Panama le 15 août 1914

Quelle que soit sa grande valeur économique, ce ne sont pas les raisons commerciales qui ont incité les États-Unis à construire le canal de Panama : la préoccupation dominante du gouvernement américain, aujourd'hui comme hier, est essentiellement politique, plus exactement militaire.

Semaine 32/2020 : Bombardements nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945

En 1962, la France, sous l’impulsion du général de Gaulle est en même temps en train de sortir du conflit algérien au prix d’une séparation douloureuse mais surtout en voie de constituer ses forces nucléaires, lui permettant de retrouver une indépendance internationale sans ambiguïté, alors que celle-ci s’était effondrée en mai-juin 1940 et avait été mise à mal lors de l’opération de Suez en novembre 1956. D’où la nature essentiellement politique de l’arme atomique, contrairement à l’usage qui en avait été fait en août 1945 contre le Japon. Cette dimension stratégique accordée à la Bombe renforçait l’autorité politique mais lui conférait une nouvelle responsabilité dans la préparation de la Nation à affronter la guerre le cas échéant. À cet égard, les institutions voulues par l’Homme du 18 juin permettent ce choix en donnant au Président de la république un pouvoir sans commune mesure avec ses prédécesseurs des IIIe et IVe République mais avec désormais une exigence majeure pour garantir l’existence de la Nation.

 

Pour en savoir plus :
Vandier Pierre : La dimension au troisième âge nucléaire, Éditions du Rocher, 2018.
Castex Raoul : « Aperçus sur l’arme atomique », RDN, octobre 1945.

Semaine 31/2020 : Le parti Baas prend le pouvoir en Irak le 31 juillet 1968

En 1972, Paul Balta (1929-2019), grand connaisseur du monde arabe, analysait l’évolution de l’Irak, 4 ans après l’arrivée du parti Baas au pouvoir, avec depuis 1969, un jeune vice-président de 32 ans, Saddam Hussein. L’auteur soulignait la complexité du pays, mosaïque de peuples et de religions avec notamment la question kurde et la place accordée aux Kurdes dans la construction politique de l’État. Malgré ces fractures, il apparaissait à cette époque un grand dynamisme dans le développement économique, grâce aux revenus du pétrole et qui permettait de dépasser les antagonismes d’une société divisée ethniquement et classiquement. Par ailleurs, l’Irak présentait une image de modernisme susceptible de resserrer les liens avec l’Europe et la France tout particulièrement dont la position gaullienne poursuivie alors par le président Pompidou attirait l’attention de pays comme l’Irak.

 

Pour en savoir plus :
Luizard Pierre-Jean : La question irakienne ; Fayard, 2002
Razoux Pierre : La guerre Iran-Irak ; Perrin, 2013

Semaine 30/2020 : Déclenchement de l’opération Walkyrie – assassinat d’Hitler et renversement du régime nazi – le 20 juillet 1944

Le 20 juillet 1944, l’attentat contre Hitler tenté par von Stauffenberg fut un échec, le Führer n’ayant été que blessé. La répression féroce qui s’en suivit élimina tous ceux qui avaient participé de près ou de loin à l’opération Walkyrie. Ce texte de 1948 souligne avec force les divergences qui existaient au sein du haut commandement allemand face au nazisme. Mais la culture militaire et « prussienne » des généraux les a empêché d’aller jusqu’au bout, car ils n’avaient pas cette expérience de putschs ou de pronunciamento existant par exemple en Espagne. La loyauté et la fidélité associées à une nazification de la société militaire allemande ont fait que la majorité des chefs ont préféré rester dans la légalité, quitte à entraîner l’Allemagne dans l’apocalypse.

 

Pour en savoir plus : Philippe Masson, Histoire de l’armée allemande, Perrin.

Semaine 29/2020 : Début de la crise de Bizerte le 19 juillet 1961

En 1952, l’amiral Barjot (1899-1960) s’interrogeait sur le rôle stratégique que pouvait jouer la base marine et aéronavale de Bizerte. Remarquablement bien situé, entre Méditerranée occidentale et oriental, le port de Bizerte fut l’enjeu ce combats importants en fin 1942 entre les Alliés et les troupes allemandes. Après l’indépendance de la Tunisie, la France conserva l’usage des installations jusqu’en 1963 au prix de nombreuses tensions avec le régime de Bourguiba. La position géographique de Bizerte en faisait un pendant à Gibraltar et permettait de contrôler le canal de Sicile.

Pour en savoir plus :
Vice-amiral Barjot : Vers la marine de l’âge atomique, Éditions Amiot Dumont, 1955.
Samya El Machat : « La crise de Bizerte 1960-1962 » Outre-mers, Revue d’histoire, 2000.