Le nucléaire militaire – mémoire stratégique (Complément du numéro d'été 2015)
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l’issue de la capitulation du Japon après les deux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, la Revue Défense Nationale, qui avait repris sa publication en juillet 1945, s’est intéressée et a travaillé sur la question nucléaire. Le nombre d’articles publiés sur ce sujet est impressionnant et reflète la dimension centrale du fait nucléaire depuis soixante-dix ans. La revue a fait non seulement écho, mais a directement contribué au débat et à l’élaboration de la doctrine française autour de la Bombe, tant sous la IVe République, alors que la France en était aux balbutiements de ses programmes nucléaires et civils, que sous la Ve République quand la dissuasion est devenue la pierre angulaire de notre politique de défense. Tous les aspects ont été abordés dans la revue. Les enjeux technologiques, politiques, doctrinaux, éthiques… ont fait l’objet de papiers variés permettant de voir une progression des réflexions sur ces enjeux. Lire la suite
D’abord, il est bien peu vraisemblable que, dans l’avenir, le secret de la bombe atomique restera l’apanage d’une seule nation, à savoir des États-Unis, qui le détiennent en ce moment. Il est probable au contraire que tous les peuples travailleront intensément la question, lançant leurs savants et leurs inventeurs sur cette piste et consacrant à cette recherche des crédits très élevés. On est donc en droit de penser que tout le monde ou presque, au moins les États possédant un potentiel scientifique, industriel et financier assez développé sauront et pourront confectionner des bombes atomiques, et que cette fabrication passera assez vite dans un domaine relativement public. En conséquence, la nation qui a trouvé à l’origine la recette de mise au point de l’outil n’obtiendra, de ce fait, qu’un avantage essentiellement passager et éphémère. Elle ne détiendra aucun monopole indéfini à cet égard et il n’en résultera pas pour elle la possibilité permanente, au choix, ou bien d’exercer sur le monde une hégémonie totale, ou bien de faire régner sur lui une paix dominatrice analogue à la pax romana de jadis (1). Lire les premières lignes
Le 21 janvier dernier, le sous-marin Nautilus, premier bâtiment utilisant pour sa propulsion l’énergie nucléaire, a été lancé à Groton, Connecticut. Cette date mérite d’être retenue, car elle marque, pour la marine, l’avènement de l’ère atomique. Plus encore peut-être que son emploi comme explosif, l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la propulsion des navires laisse présager, dans le domaine de la stratégie navale, des répercussions qui pourraient bien être aussi considérables que celles provoquées par l’introduction de la vapeur au XIXe siècle. Lire les premières lignes
Note préliminaire : Le texte qui suit est la reproduction, dans sa forme orale improvisée, d’une conférence prononcée par l’auteur à l’occasion de l’ouverture du cycle annuel du Cours supérieur interarmées. L’auteur livre ses réflexions sur l’évolution et la validité de la notion traditionnelle de rapport de forces (1).
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Je me propose, comme souvent dans ces sortes de conférences, de commencer par des analyses, relativement abstraites, à la fois du vocabulaire et des théories, pour aborder le problème le plus difficile qui domine la pensée militaire française, mais que l’on a rarement le courage d’aborder franchement. Ce problème est le suivant : Comment peut-on concilier la participation française à l’Alliance atlantique avec l’affirmation d’une défense autonome fondée sur la dissuasion ? Lire les premières lignes