La Chine dans la RDN (2014-2015)
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Avec ce tour d’horizon de la montée en puissance de la capacité missilière chinoise, on prend la mesure de l’évolution de la Chine : industrie d’armement, organisation, niveau technologique (encore limité mais qui présente des niches remarquables) et orientation vers des marchés d’exportation aujourd’hui encore spécifiques mais demain déterminants.
La Chine est la puissance du XXIe siècle, avec ses forces et ses faiblesses. L’Empire du Milieu est complexe, multiforme et difficile à comprendre. Entre volonté de restaurer une puissance perdue et gérer une croissance interne déséquilibrée, Pékin est confrontée à des défis géants alors que les faits et gestes du régime sont scrutés avec attention et méfiance.
La mer de Chine est l’enjeu de rivalités entre les puissances riveraines, dont la Chine qui ne cache pas ses ambitions et qui s’en donne les moyens. Face à Pékin, l’ASEAN tente d’élaborer une réponse grâce à des règles de bon voisinage. Il n’est pas dit que cette tactique suffise à contrer la stratégie chinoise.
La mer de Chine constitue un enjeu pour la Chine et sa volonté de puissance. Face aux exigences des pays voisins et à la présence américaine comme acteur de nécessité, Pékin doit admettre une approche moins unilatérale et accepter un dialogue constructif.
Si l’Armée populaire de libération (APL) témoigne d’une détermination à se moderniser et à peser de plus en plus sur l’échiquier international, nombre d’experts restent circonspects quant à ses réelles capacités à atteindre ses objectifs. Quoi qu’il en soit, le dynamisme de sa stratégie navale est incontestable et témoigne du pragmatisme géopolitique de Pékin.
La pensée militaire qui est née et s’est construite dans la Chine ancienne durant plus de vingt siècles est devenue une référence universelle utile aux stratèges d’aujourd’hui. S’intéresser à la genèse des concepts chinois de « l’art de la guerre » est donc nécessaire, pour mieux les comprendre et se les approprier.
Les tensions en mer de Chine impliquent non seulement les États riverains mais également d’autres partenaires appartenant à la sphère de l’économie grâce à l’exploitation des ressources maritimes et au transit commercial. De nouvelles formes de coopération sont, dès lors, nécessaires.
La Chine s’est engagée dans une politique active de revendication d’espaces maritimes en mer de Chine, au détriment de ses voisins, en imposant une présence concrète censée légitimer une souveraineté de facto, par absence de réaction des acteurs régionaux.
L’Asie est engagée dans un processus de nucléarisation. La Chine, puissance en expansion, poursuit la modernisation de son arsenal, incitant d’autres pays de la région à accroître leurs efforts de défense, au risque de remettre en cause les équilibres actuels.
La course à la puissance en Asie est également une réalité industrielle et technologique. La Chine accentue ses efforts, entraînant ses partenaires-rivaux dans une compétition risquée où le nucléaire constitue la clé de voûte.
L’Asie est le continent le plus « nucléarisé » et l’incertitude quant au risque d’une crise majeure pose la question de l’emploi de l’arme atomique. L’opacité sur les capacités, les doctrines et la chaîne de commandement ne peut qu’inquiéter face à un dérapage qui n’est pas improbable.
Décrire la nature de la relation complexe entre les États-Unis et la Chine amène à s’interroger sur la définition de puissance, remettant en cause les principes classiques de régulation des relations internationales. De nouvelles logiques se mettent actuellement en place.
La Chine a de nouvelles ambitions dans le Pacifique, tout en cherchant à y préserver la stabilité en établissant des partenariats avec les pays de la région. L’aide au développement est un des outils permettant un dialogue indispensable pour préserver les équilibres.
L’océan Indien est l’enjeu de rivalités ouvertes entre l’Inde et la Chine. Les deux marines sont ainsi sollicitées, l’une dans une stratégie expansionniste et l’autre afin de contrer cette volonté hégémonique. Il semble cependant que l’Inde, malgré ses efforts, aura des difficultés à combler son retard en termes d’équipements, en dépit de la qualité de ses équipages.
Moscou et Pékin partagent beaucoup d’intérêts communs avec la volonté de retrouver un rang international face aux États-Unis. Cependant, malgré de nombreuses actions bilatérales, les deux pays s’en tiennent à un partenariat plutôt qu’à une réelle alliance.
L’Inde et la Chine entretiennent des relations ambivalentes, chacun cherchant à accroître son influence stratégique tout en évitant de permettre à l’un des deux géants de l’Asie d’être en soutien de force. Un jeu d’équilibre complexe !
La Chine, engluée dans un conflit latent en mer de Chine, s’efforce de trouver de nouveaux débouchés économiques vers le Moyen-Orient, l’Asie centrale puis l’Europe, recréant ainsi une nouvelle « route de la Soie » maritime et ferroviaire, synonyme de prospérité selon Pékin.