Sigem 2023 - L’officier au service de la Nation dans le monde du XXIe siècle
Depuis 2001, le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) rassemble chaque année les élèves des grandes écoles militaires auxquels se joignent quelques étudiants de grandes écoles civiles.
Introduction - Yann Marbœuf - p. 5-7
À l’heure où j’écris ces lignes, je formule le vœu que le millésime 2023 du Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) vous permette de tous vous retrouver à l’École militaire après une parenthèse de quatre ans marquée par une crise sanitaire d’une ampleur inédite. Vos premières années dans l’enseignement supérieur ont été marquées par cet évènement, enfants des années de la conquête des technologies du numérique vous avez pu en mesurer tous les bienfaits, mais aussi toutes les limites. Pendant cette semaine parisienne vous allez être en contact direct avec des élus et les autorités militaires et civils du ministère. Profitez de cette occasion unique de leur présence à vos côtés. Lire la suite
Éditorial - Édouard Jolly - p. 8-10
De parcours et d’origines variés, vous, participants à cette édition du Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem), avez choisi la carrière de militaire. Cette décision vous honore, d’autant plus en un siècle annoncé comme celui de l’inédit, de l’instable, de l’hostile, et d’une saturation de l’espace stratégique où les États se réarment et se préparent à faire la guerre dans tous les milieux. Lire la suite
S’engager au service de la Nation
Les mutations de la conflictualité contemporaine, où paix et guerre sont des notions dont les contours sont devenus flous, imposent que le couple formé par le soldat et le politique soit repensé. Cela passe, notamment, par une meilleure intégration du militaire dans la prise de décision de niveau politique (NDLR : La version ici reproduite de cet article a été légèrement raccourcie par rapport à la version originale, afin d’en conserver les principales idées, toujours pertinentes vingt-sept années plus tard).
C'est une chose bien étonnante que celle du dernier sacrifice. Quelle est cette force mystérieuse qui fait que l’homme accepte de donner gratuitement sa vie ? Surtout si l’on considère que la vie est le bien le plus précieux puisque, en la perdant, on perd tout le reste.
L’engagement (RDN n° 829 - avril 2020) - Richard Lizurey - p. 23-28
L’engagement, c’est la volonté de servir et participer collectivement à une mission. L’engagement militaire en est une forme particulière de dévouement vis-à-vis de la nation. Celle-ci doit alors le reconnaître et le valoriser. Cela exige également de donner du sens à la mission ; c’est alors la responsabilité du chef.
La guerre transforme le combattant et ceux qui y sont confrontés plus ou moins directement. L’impact psychologique est loin d’être négligeable et s’inscrit dans la durée avec des réactions individuelles contrastées. Aujourd’hui encore, les combats de nos soldats peuvent provoquer des troubles comme l’ennui après…
Être un chef au XXIe siècle
La force morale est indispensable au combat et doit se cultiver bien en amont. Cela n’exclut pas de prendre en compte le moral des équipages et des unités dans leur quotidien, sachant que celui-ci dépend également du moral individuel. Dans tous les cas, les deux – bien que de registre différent – sont indispensables.
Le déploiement de systèmes robotisés semi-autonomes semble inéluctable de par les avantages qu’ils offriront sur le champ de bataille. Pour accompagner cette évolution, il impose en revanche une formation poussée et anthropocentrée du chef militaire à une nouvelle éthique de responsabilité.
Commander exige des chefs capables de discerner, comprendre puis décider. Cela n’est pas si simple et oblige à beaucoup d’abnégation et d’humilité pour celui qui aspire à être un chef. Les défis de demain imposeront toujours de grands chefs prenant leurs responsabilités
La guerre à nos frontières
La guerre engagée par la Russie contre l’Ukraine puise ses racines dans une relecture de l’Histoire à des fins idéologiques. Certes, le passé est complexe et douloureux depuis des siècles, mais cela ne justifie pas de vouloir modifier l’Histoire par la force.
La guerre contre l’Ukraine a d’ores et déjà donné plusieurs leçons pour l’Europe, dont sa relative faiblesse sur le plan militaire. Le constat est sévère, mais un premier résultat est une prise de conscience du besoin d’unité et de renforcement d’une défense plus que jamais nécessaire.
La guerre en Ukraine semble être un retour vers la guerre froide. Or, celle-ci était principalement d’ordre idéologique. Aujourd’hui, c’est d’abord un conflit géopolitique majeur, remettant en cause la mondialisation libérale commencée après la chute du communisme soviétique.
La Russie de Vladimir Poutine est engagée dans une confrontation majeure non seulement avec l’Ukraine, mais aussi avec les pays se réclamant de la démocratie et de l’Occident. Ceux-ci n’ont pas vu, ou voulu voir, les évolutions du régime totalitaire de Poutine aux ambitions impérialistes.
De l’arme atomique à la dissuasion nucléaire
Charles Ailleret, un des penseurs français de la stratégie de dissuasion, réfléchissait en 1955 sur le rôle de l’arme atomique. Celle-ci, par son caractère destructeur, incite à réfléchir quant à son emploi potentiel. Et de fait, la bombe atomique oblige à éviter la guerre. C’est le principe de dissuasion.
À la suite de la cessation des essais français, de la signature par notre pays d’un certain nombre de traités, de la loi de programmation militaire votée à l’été 1996, l’auteur a voulu nous donner son sentiment sur l’avenir de notre politique et de notre système de dissuasion, tel qu’il le perçoit actuellement.
Le général de Gaulle a permis à la France de se doter d’une capacité nucléaire devenue opérationnelle à partir de 1964. Au-delà des grands équipements nécessaires comme les SNLE et les avions Mirage, il a réalisé la synthèse doctrinale indispensable pour rendre crédible notre dissuasion dès sa création et dont les principes restent essentiels aujourd’hui.
La dissuasion française nécessite un renouvellement de la réflexion doctrinale indispensable pour ne pas laisser en friche le débat avec le risque de fragiliser la crédibilité de notre stratégie par une indifférence érodante.