Otan - Réunions ministérielles - Questions européennes - Au Moyen-Orient - Questions militaires
Réunions ministérielles
Les ministres de la Défense des quinze pays de l’Alliance atlantique se sont réunis le 10 octobre 1955 au palais de Chaillot en session spéciale. L’objet de cette réunion qui a duré trois jours était l’étude de la mise au point de la stratégie atlantique, compte tenu des armes nouvelles. Pour l’information des ministres, des exposés ont été faits par le président du Groupe permanent et par chacun des titulaires des grands commandements. Ils ont fait ressortir l’accroissement continu du potentiel militaire soviétique.
La séance du 11 octobre 1955 tenue au Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) a donné au général Gruenther l’occasion de souligner les déficiences de la défense commune en Europe, notamment dans le domaine de la défense aérienne insuffisamment intégrée, et d’affirmer que « toute détérioration de la situation en Afrique du Nord présenterait un danger pour l’alliance atlantique ». Un appel à la solidarité des Puissances avait été fait la veille par notre ministre de la Défense nationale, le général Billotte, rentrant d’un voyage d’inspection au Maroc. Le Commandant suprême allié en Europe (SACEUR) a également fait valoir que les obligations françaises sont honorées malgré l’envoi de troupes en Afrique du Nord. Mieux informés des situations militaires, les ministres ont, au terme de leur réunion, unanimement reconnu la nécessité de poursuivre l’effort de défense jusqu’à ce que l’URSS donne, par des actes, la preuve de son désir d’une détente alors qu’elle s’est bornée jusqu’ici à des déclarations d’intention que les réalités connues ne confirment point.
Les ministres des Affaires étrangères de l’Otan ont été également réunis en Conseil le 25 octobre 1955 pour être mis au courant de la position occidentale arrêtée par les « Trois Grands » à la veille de la négociation de Genève. Le mémorandum sur les quatre points de l’ordre du jour : Réunification allemande, Sécurité européenne, Désarmement, Échanges Est-Ouest, a reçu leur approbation. Ainsi le Conseil de l’Atlantique s’avère-t-il de plus en plus comme l’organe de consultation permanent des quinze gouvernements sur tous les grands problèmes politiques. Leurs représentants seront tenus informés au jour le jour des travaux des Quatre.
Questions européennes
La conférence qui s’est ouverte à Genève le 27 octobre 1955 conformément à la directive des Chefs d’État a fait apparaître dans les premiers jours des divergences considérables dans les positions Est-Ouest quant au premier point examiné : la réunification allemande. La délégation soviétique refuse de tenir pour valable les garanties que propose l’Occident contre une agression du fait d’une Allemagne préalablement réunifiée et s’obstine à vouloir traiter d’abord le problème de la sécurité sur les bases d’une division de l’Allemagne, un pacte plus vaste devant se substituer dans le projet soviétique à l’ensemble Otan-Pacte de Varsovie.
Le calendrier du réarmement de l’Allemagne occidentale tel que le prévoient les Accords de Paris a été fixé pour une période de trois années à compter du 1er janvier 1956.
Au terme de ce plan, l’armée de terre allemande comprendra 400 000 hommes entraînés ; les projets pour l’aviation (80 000 h et pour la marine (20 000 h) ne seront achevés que pour le 1er janvier 1960.
Le référendum sarrois qui a eu lieu le 23 octobre 1955 a donné une majorité de plus des deux tiers aux adversaires d’un statut européen pour la Sarre, témoignant de la vigueur du nationalisme allemand. Une nouvelle convention franco-sarroise devra intervenir après formation d’un nouveau gouvernement : le contrôle des élections sera assuré comme pour le référendum par la Commission de l’Union européenne occidentale (UEO).
Au Moyen-Orient
L’adhésion de l’Iran au pacte turco-irakien du 24 février 1955, annoncée le 9 octobre 1955 par le gouvernement de Téhéran, a suscité une protestation, d’ailleurs modérée dans la forme, de l’URSS, faisant état du traité de 1921 qui la lie à l’Iran et qui l’autorise à faire avancer des troupes en territoire iranien au cas où elle estimerait qu’une puissance étrangère voudrait utiliser ce territoire comme base d’opérations contre elle.
Le contrat de vente d’armes passé par la Tchécoslovaquie avec l’Égypte et les offres soviétiques de cession d’armes à d’autres pays arabes risquent de modifier considérablement l’équilibre en Moyen-Orient et témoignent d’une active entrée en scène de l’URSS dans cette partie du monde. Les États occidentaux sont vivement sollicités par le gouvernement israélien de prendre des engagements précis de livraison d’armes ou de garantir les frontières israéliennes ; l’éventualité d’une guerre préventive déclenchée par le gouvernement de Tel Aviv n’est pas exclue, au cas où un certain équilibre des armements ne pourrait être assuré.
Questions militaires
Un important exercice aérien Fox Paw s’est déroulé entre le 1er et le 15 octobre 1955 dans le Commandement allié en Europe, sous la direction du SHAPE, pour la mise en œuvre des plans de défense et l’étude des procédures opérationnelles.
Dans le secteur Sud-Europe, la manœuvre Silver River dirigée par l’amiral Fechteler s’est terminée le 5 octobre 1955 ; elle avait pour objet la défense de la Thrace turque contre une invasion.
Enfin, des effectifs d’une centaine de mille hommes ont participé en Allemagne à la grande manœuvre Cordon bleu pour l’étude des méthodes atomiques en liaison avec l’utilisation de l’infanterie motorisée, de l’artillerie et des blindés.
Dans une conférence faite le 12 octobre 1955 à Londres devant la Royal United Services Institution (RUSI), le maréchal Montgomery a développé ses conceptions sur l’organisation en vue d’une guerre moderne. Il a pris nettement parti pour une fusion des trois armes et pour l’unité de commandement. Soulignant que la puissance aérienne est le facteur prépondérant, il a, en ce qui concerne l’armée de terre, préconisé la création de divisions standard avec servitudes logistiques aussi réduites que possible.
Certainement influencé par ces conceptions, le gouvernement britannique a rendu publics certains changements intérieurs dans l’organisation de la défense du Royaume-Uni, dans le sens d’un renforcement des pouvoirs du ministre de la Défense et la nomination auprès de lui d’un haut conseiller militaire, l’Air Marshall Dickson de la Royal Air Force (RAF) qui devient président du comité des chefs d’état-major.
Une réduction des effectifs des forces armées britanniques par élévation progressive de l’âge d’appel, avait été précédemment annoncée : l’ensemble des effectifs se trouverait réduit de cent mille hommes, avec un plafond de 680 000 au 1er janvier 1958. ♦