Le Loup de l’Atlantique
Il n’est pas un homme de nos générations pour qui les mots : « Bataille de l’Atlantique » n’évoquent aussitôt les heures tragiques des premières années de la Seconde Guerre mondiale : images de ces immenses convois que les Alliés lançaient à travers l’océan, images aussi des sous-marins allemands qui, par meutes entières, sortaient de leurs repaires bétonnés des côtes d’Europe pour attaquer les armadas porteuses d’hommes et de matériel.
C’est cette lutte implacable, qu’avec une grande impartialité et grâce à une documentation de première main, Terence Robertson a su reconstituer magistralement. Les renseignements qu’il a pu avoir de l’Amirauté britannique ont surtout servi à recouper le témoignage direct du héros principal, de son livre, le commandant Kretschmer, officier sous-marinier allemand dont les exploits forment la trame du livre.
Remarqué tout jeune encore par Dœnitz lui-même, Kretschmer commanda deux sous-marins de haute mer, le U-23 et le U-99 et devint rapidement célèbre dans la marine allemande. Le portrait extraordinairement vivant que donne de lui Terence Robertson le fait apparaître comme un très grand marin, où, plus exactement, comme un véritable guerrier de la mer. Connaissant admirablement son métier, respecté de ses équipages, ne reculant devant aucune audace, il mit au point une forme d’attaque – l’attaque de nuit en surface – qui lui valut de nombreux succès.
Depuis son premier torpillage en mer du Nord jusqu’à la bataille contre un immense convoi en octobre 1940 qui vit dix-sept navires alliés coulés, ce ne sont que poursuites, combats, plongées dramatiques parmi les éclatements de grenades sous-marines. Puis, un à un, les compagnons de meute disparaissent au fur et à mesure que se perfectionnent les moyens de défense des escorteurs. Vient enfin le jour où, touché lui-même, le U-99, après un duel ultime au canon avec le Walker, laisse sur la mer son équipage et sombre à son tour. Les survivants, dont Kretschmer, sont recueillis par le torpilleur anglais, emmenés à Plymouth puis au Canada où, après quelques tentatives d’évasion, la paix les retrouvera. Le Loup de l’Atlantique a terminé ses courses. ♦