Union française - La situation militaire en Algérie ; les projets de statut - Expansion de Français au Maroc ; le discours du Sultan à Oujda - Les relations franco-tunisiennes - Constitution du premier ministre togolais
Afrique du Nord
Algérie
Les attentats terroristes se sont multipliés au cours du mois de septembre 1956 sur toute l’étendue de l’Algérie, frappant aussi bien les musulmans que les Européens. Le 5, le colonel Bigeard, commandant le 3e Régiment de parachutistes, était grièvement blessé à Bône ; le 30, deux attentats à la bombe, en plein centre d’Alger, faisaient 63 blessés. Peu de jours se passent sans que des victimes soient à déplorer dans la population civile, et il devient de plus en plus évident que les rebelles développent systématiquement leur action terroriste, en raison des échecs qu’ils subissent sur le plan militaire. Nos troupes en effet continuent à avoir l’avantage dans les opérations et infligent aux bandes rebelles des pertes très sévères : le 27 septembre 1956, les forces françaises ont ainsi abattu 105 rebelles au sud de Butna. La situation étant donc bien en mains sur le plan militaire, le gouvernement a décidé de procéder à la libération des rappelés et maintenus, à partir du 20 octobre 1956 ; ils seront remplacés à chiffre égal par les appelés.
On note, sur le plan politique, les déclarations de M. Abderrahmane Farès, ancien président de l’Assemblée algérienne qui a demandé que « le dialogue soit engagé avant qu’il ne soit trop tard » et a désigné le Front de libération nationale (FLN) comme « l’interlocuteur valable ». Dans sa conférence de presse du 14 et dans une allocution radiodiffusée le 28, M. Lacoste, ministre-résident général, a fait le point de la situation ; il a affirmé que les objectifs fixés avaient été atteints, que les forces de l’ordre avaient partout l’initiative, et que le plan de pacification était en avance sur le calendrier. Évoquant les réformes politiques, il a fait allusion aux six projets de statut actuellement étudiés et a insisté sur la nécessité d’un exécutif arbitral entre les deux communautés, « Il faut, a-t-il déclaré, que la France dise ce qu’elle veut, après on discutera ».
L’inscription de la question algérienne à la prochaine assemblée générale de l’ONU a été réclamée par les membres du groupe des nations afro-asiatiques. Il semble que le gouvernement français fera une déclaration sur l’Algérie avant la session de cette assemblée.
Maroc
Protestant contre les exigences de l’Istiqlal qui continue à réclamer pour lui seul le pouvoir, le caïd Lyoussi, ministre d’État, a provoqué plusieurs manifestations en pays berbère. Le Sultan, Sidi Mohammed ben Youssef, réservant son arbitrage entre les partis, continue à étendre son administration et apparaît de plus en plus comme le maître de la situation.
L’arrestation de 7 Français impliqués dans l’affaire des « tracts berbères », suivie de la dissolution par décret du groupement Présence française le 9 septembre 1956 et de l’expulsion de 64 Français le 12, a provoqué une vive émotion parmi la population européenne. M. Dubois, ambassadeur de France, a vivement protesté contre ces expulsions et les conditions dans lesquelles elles ont été notifiées.
Poursuivant une tournée de visite, le Sultan a prononcé le 26, à Oujda, un important discours au cours duquel il a lancé un appel en faveur d’une solution qui donne satisfaction aux aspirations du peuple algérien et, en même temps, respecte l’intérêt supérieur de la France. Chargé par son père d’une mission personnelle, le prince Moulay Hassan est arrivé à Paris en fin septembre, accompagné de M. Balafrej, ministre des Affaires étrangères. Chef d’état-major général des forces armées royales, le prince héritier fait, à ce titre, partie de la délégation chérifienne venue à Paris poursuivre la négociation de diverses conventions franco-marocaines. Mais, en même temps, il doit s’informer, pour le compte du Sultan, de l’influence que le discours d’Oujda a pu avoir sur les membres du gouvernement et les représentants de l’opinion française. Il est en effet à prévoir que, s’il y était encouragé, le sultan préciserait les solutions qu’il voudrait proposer dans l’affaire algérienne et auxquelles il a fait allusion à Oujda.
Tunisie
À la suite d’un incident survenu le 5 septembre 1956 à la frontière algéro-tunisienne, le gouvernement tunisien a élevé une vive protestation ; une commission mixte a été envoyée sur les lieux. Le Néo-Destour a saisi cette occasion pour réclamer la suppression de la justice française et exiger à nouveau l’évacuation immédiate des troupes « étrangères ». On constate par ailleurs que les émissions de Radio-Tunis sur l’Algérie demeurent très hostiles à l’action française et dénoncent violemment de prétendues atrocités commises par les troupes françaises.
La France a accordé à la Tunisie, à titre de prêt, 16,5 milliards pour son budget d’équipement.
Afrique noire
Togo
Le 15 septembre le Premier ministère togolais a été formé sous la présidence du député Nicolas Grunitzky ; il comprend 6 ministres togolais et 2 ministres de nationalité française. ♦