Évolution de la condition militaire
Parce que l’Armée n’attire plus comme autrefois l’élite de la Nation, parce que les Services d’Action psychologique s’essoufflent à forger un moral à l’usage des militaires, beaucoup d’« anciens » s’indignent et affirment que leurs mobiles d’action les plus sacrés n’éveillent guère d’échos chez les jeunes qui répondent : « Évolution » quand ils disent : « Tradition ». Il est de fait que la génération actuelle ne comprend plus le métier des armes comme l’envisageaient ses aînés, et que ces antagonismes entre générations, qui s’accentuent naturellement avec l’accélération de l’Histoire, peuvent être particulièrement néfastes à l’Armée.
Avant de jeter l’anathème sur la jeunesse et sur ceux qui la forment : l’Éducation Nationale, la Presse, le Cinéma, etc… il convient de s’interroger soi-même sur ses propres responsabilités ; car les enfants ont toujours le droit de répondre que s’ils s’égarent, c’est dans la mesure où leurs pères n’ont pas su leur montrer la voie, faute de les avoir compris dans leur « conditionnement » actuel.
Comment reprocher ainsi à l’élite d’aujourd’hui de préférer se consacrer à la mise en valeur du pays plutôt qu’à sa défense ? Si la conquête des champs pétrolifères ou uranifères l’intéresse plus que celle des champs de bataille, c’est sans doute que la condition de l’ingénieur apparaît plus riche de promesses que celle du militaire qui depuis dix-huit ans se bat sans le support de la Nation.
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