L’Éthiopie et la mer
Le 11 septembre 1952 Sa Majesté Haïlé Sélassié, Premier Empereur d’Éthiopie, signait l’Acte Fédéral qui unissait l’Érythrée à la couronne éthiopienne en présence du Commissaire des Nations Unies, du Chef de l’Administration britannique de l’Érythrée, chargé de la gestion de ce territoire depuis la fin des hostilités, du Président de l’Assemblée Consultative érythréenne et du corps diplomatique. Cet acte, qui entérinait la décision de l’O.N.U., était d’une haute signification pour l’Éthiopie. Tout en réalisant ses aspirations historiques et sentimentales, elle devenait une puissance maritime, avec les côtes érythréennes de la mer Rouge, et rompait l’isolement qui l’enfermait depuis des siècles sur les hauts plateaux de l’intérieur.
L’Empire éthiopien comprend maintenant 1 250 000 km2 et groupe 19 millions d’habitants. Ses côtes s’étendent sur 800 kilomètres, de la frontière du Soudan à la Côte Française des Somalis et abritent deux ports sur la mer Rouge : Massawa au Nord et Assab au Sud. Le port de Massawa, qui abrite la base navale éthiopienne, est relié par voie ferrée à Asmara et Agordat. La prolongation de ce chemin de fer vers Kassala, au Soudan, et son raccordement aux réseaux soudanais donnerait à Massawa une importance accrue en lui permettant de devenir le débouché naturel des régions au Sud de Khartoum et de suppléer à l’insuffisance de Port-Soudan. Assab, au Sud, est le débouché naturel des provinces de Dessie et du Wollo ; il est relié à Addis-Abbeba par route.
Une marine impériale éthiopienne, quoique œuvre de longue haleine, est susceptible cependant de modifier assez rapidement l’équilibre stratégique de la mer Rouge et du golfe d’Aden. Nous ne pouvons ignorer cette évolution qui se prépare, et qui peut apporter de profonds changements dans une des régions les plus fréquentées du monde par le trafic maritime, et en particulier par les navires français : paquebots, cargos et pétroliers. La présence de notre pays à Djibouti, dernière position française au Moyen-Orient, l’extraordinaire densité de la navigation commerciale en mer Rouge, empruntant le canal de Suez (près de 16 000 navires de plus de 5 000 tonnes en 1957) sont des éléments suffisants pour que la France suive avec intérêt le développement des activités maritimes de l’Éthiopie et lui apporte son aide dans le cadre de cette politique d’amitié et de bon voisinage qui fut toujours de règle entre nos deux pays. Le but de cet article est de faire connaître la Marine Impériale éthiopienne et d’analyser les buts et les missions qui seront les siens.
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