Atlas historique et culturel de la France
Partant de la Préhistoire et de l’époque gauloise, l’un de nos meilleurs historiens, Jacques Boussard, a mis en lumière, dans cette remarquable encyclopédie, l’essentiel du passé culturel de la France. En dix chapitres, il retrace les apports de chacune des « civilisations » françaises. Chacune d’elles est précédée de cartes qui rappellent l’évolution géographique de la France et les différentes crises plus ou moins douloureuses que notre pays a traversées au cours des siècles.
La France porte la marque indélébile de la civilisation gallo-romaine : on en trouve les traces dans nos mœurs, notre langue, notre droit, notre littérature. La Gaule contrainte de faire bloc avec l’Empire romain contre les Germains ne peut empêcher ceux-ci, vainqueurs des armées de l’Empire, de s’installer dans les contrées gauloises les moins peuplées. La fusion des races s’opère progressivement. Cependant, les mœurs ne se réforment pas et une impression de barbarie se dégage des arts et de la littérature. Au sein de ces peuplades se développe, avec Clovis, la puissance des Francs, qui sombrera avec les descendants du grand roi dans l’inertie et l’incapacité. Mais la dynastie capétienne va élever la civilisation française, et dans le domaine des arts et de la littérature, lui permettre d’atteindre un de ses sommets.
Du XIe au XIIe siècle s’étend une des périodes essentielles de notre histoire ; une société s’élabore, née des besoins de sécurité : la Féodalité.
Les deux siècles suivants sont caractérisés, nous dit l’auteur, par l’essor de l’argent. La France, débarrassée du fléau des guerres, connaît une prospérité jamais atteinte jusqu’ici. Le commerce, surtout le commerce international, se développe grâce à la découverte de la boussole et du gouvernail.
Le début du XVIe siècle est marqué par l’une des grandes révolutions de l’esprit humain : la Renaissance. Et M. Boussard de lui consacrer un de ses chapitres, le sixième, qu’il termine ainsi : « Ce qui frappe dans la prodigieuse éclosion intellectuelle du XVIe siècle, c’est sa vitalité et son abondance, en même temps que le manque de règles et de critique. C’est la jeunesse de l’esprit moderne, qui s’abreuve sans mesures aux sources de l’Antiquité classique mais qui ne choisit pas et se jette passionnément dans la liberté et l’aventure de l’esprit. Il faut attendre l’âge classique pour voir se décanter et se discipliner le flot irrésistible qui a enfanté une civilisation nouvelle. »
La lassitude générale qui se manifeste à la fin du XVIe siècle et le besoin de vivre consécutif à la période troublée des guerres de religions amenèrent en France la monarchie absolue et l’arrivée au pouvoir du premier des Bourbons : Louis XIII. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont marqués par l’évolution spirituelle de la France dans les sciences, les lettres et les arts. Mais sous des dehors éblouissants se cachait un malaise profond. Les classes défavorisées, dont la condition pénible et souvent précaire permettait à une élite oisive et à un petit nombre d’esprits cultivés de vivre dans le luxe, allaient provoquer une crise qui aboutit à la Révolution et à l’Empire. La littérature est étouffée par la dictature et il faut attendre le retour à la liberté pour que se produise une nouvelle explosion : le Romantisme.
1815-1914 – Ces cent années sont, selon l’auteur, caractérisées par la civilisation bourgeoise. Dans le domaine politique et économique, c’est le temps du libéralisme ; dans le domaine social, le régime de la classe bourgeoise ; dans le domaine artistique, après le romantisme, la réaction vers le réalisme et l’impersonnalité. L’activité nationale est transformée par les progrès scientifiques. C’est alors qu’éclate le premier conflit mondial.
Le dernier chapitre – « L’ère des Techniques » – retrace l’évolution entre les deux guerres : les aspirations des anciens combattants vers la justice sociale, les progrès du syndicalisme, la lutte entre les classes, le dépeuplement des campagnes, l’accroissement de la dénatalité, la politique des nationalisations en masse, la crise économique. « 1939-1940, la France recueille le fruit de la dénatalité, de l’antimilitarisme et du manque d’autorité ».
Magnifique ouvrage, autant par les synthèses magistrales qui précèdent chacun des chapitres que par les photographies et les cartes qui les illustrent. ♦