Philosophie des coalitions
Tout le monde connaît la boutade du Maréchal Foch : « Depuis que je sais ce qu’est une coalition, j’admire beaucoup moins l’Empereur ».
Il est difficile de ne pas souscrire à l’opinion du grand homme de guerre. Les défauts des coalitions, en temps de paix plus encore qu’au combat, apparaissent tellement éclatants, les résultats qu’elles obtiennent souvent si décevants qu’on peut se demander légitimement ce qu’il faut penser de leur valeur réelle. « Et cependant, quelles que soient leurs tares, disent des observateurs superficiels, les coalitions finissent toujours par triompher. Voyez 1814 et 1815 ! Voyez 1914 ! Voyez 1940 ! » Cette opinion, qui permet de se reposer sur le mol oreiller de l’optimisme et d’excuser bien des carences et des erreurs, est parfaitement fausse et l’Histoire va rapidement nous le montrer. Il y a toujours eu des coalitions, mais si beaucoup ont été victorieuses, comme il a été donné plus haut des exemples mémorables, beaucoup d’autres ont succombé devant la détermination d’un peuple isolé ou la valeur d’un chef de génie.
Revue historique rapide des coalitions
Si, à l’aube de notre Histoire, César triomphe de la coalition des tribus gauloises, quelques siècles plus tard, c’est l’alliance des Francs, des Romains, des Wisigoths et des Burgondes qui met en déroute Attila aux Champs Catalauniques. Au Moyen-Âge, au moment même où se forme la nation française, Bouvines, le 27 juillet 1214, marque la victoire de Philippe-Auguste sur les alliés redoutables qu’étaient l’Empereur d’Allemagne Othon, le comte de Flandre Ferrand, le comte de Boulogne Renaud et une poussière de seigneurs féodaux de Hollande et de Lorraine. Au Moyen-Âge, les Croisades, tout au moins la première, sont de véritables coalitions placées sous le signe de la foi chrétienne. Dès que celle-ci s’affaiblit et que des considérations matérielles l’emportent, voilà les Croisades condamnées à l’échec.
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