La traditionnelle distinction faite dans les marchés publics français entre la responsabilité du maître d’ouvrage étatique et celle de maître d’œuvre industriel est-elle adaptée à la complexité croissante des systèmes d’armes ? L’application trop dogmatique d’une logique de compétition dans un secteur aussi spécifique que celui de l’armement n’est-elle pas de nature à déclencher une cascade de risques et à déstructurer peu à peu lesecteur en privilégiant des achats aux États-Unis ? Ces questions se posent à l’heure où, par un spectaculaire revirement, le ministère britannique de la Défense s’éloigne de l’approche concurrentielle pure et dure qui fut la sienne depuis 1981. Il prône désormais avec sa Defence Industrial Strategy (DIS) une voie nouvelle « d’acquisitions dirigées », c’est-à-dire négociées de gré à gré, basées sur des partenariats resserrés établissant de nouveaux rapports entre l’État et l’industrie.