Le problème des pays sous-développés se rencontre également en Europe. L’étude qu’un groupe de sept collaborateurs sous la direction de Jean Meyriat vient de faire sur la situation de la Calabre, choisie comme caractéristique du sous-développement en zone méditerranéenne, est convaincante. Cette étude est présentée de façon particulièrement claire et complète, chaque auteur ayant traité d’une question, mais l’ensemble formant un tout bien équilibré et très homogène.

Dans l’introduction, un tableau des données géographiques principales : nature, population, évolution historique, est tout d’abord dressé. Puis une analyse de la situation économique est faite, soulignant les conditions difficiles de l’agriculture, la faiblesse de l’industrie, le peu de volume des échanges. Un chapitre suivant est consacré à la réforme agraire ; il est peut-être celui qui retiendra le plus longuement le lecteur, par la nouveauté de ce qu’il contient, par la finesse avec laquelle est étudié un phénomène social complexe dans sa conception, sa réalisation et ses conséquences matérielles et psychologiques. Mais l’étude sociologique de la population calabraise, portant d’une part sur « la réalité sociale », c’est-à-dire sur la structure de la société, d’autre part sur l’ensemble de ses coutumes, enfin sur sa vie religieuse et sur sa vie politique et électorale, ne manquera pas non plus d’intéresser le lecteur.

Voilà un ouvrage réussi, centré sur un problème de la plus haute actualité et qui, bien que portant sur une seule province, fournit sur les problèmes propres aux pays sous-développés un aperçu complet. Peut-être même est-il plus facile à un lecteur non prévenu des choses des pays d’outre-mer de comprendre ces problèmes à partir d’un exemple qui lui est familier qu’à partir d’une étude qui leur serait directement consacrée. À ce titre, c’est une excellente introduction, faite à propos d’un cas concret, à des questions qui nous concernent en Algérie et dans la Communauté.

On ne saurait trop recommander la lecture de cet ouvrage. ♦