C’est à une analyse fine de la posture nucléaire de l’Alliance en Europe que se livre l’auteur qui en évalue la complexité technique par la question de la modernisation des armes et de leurs porteurs, la relation politique à la question du désarmement nucléaire et le couplage avec le projet de bouclier antimissile. Ce faisant, il montre qu’il faudrait se garder de négliger cette dimension traditionnelle du rapport à la Russie.
L’Otan et le nucléaire
NATO and nuclear power
The author gives a fine analysis of NATO’s nuclear posture in Europe and considers its technical complexity in the context of modernisation of the weapons and their launch systems, the political aspect of the nuclear disarmament question and the link with the ABM defensive shield. He demonstrates that we must not neglect the traditional element of relationships with Russia.
Alors que le Sommet de l’Alliance, à Chicago, vient de s’achever, il peut être utile pour en comprendre les circonstances et en interpréter les conclusions relatives aux questions nucléaires, de commencer par rappeler ce qui s’est passé à Lisbonne, en novembre 2010. Ce précédent sommet avait été l’occasion de réaffirmer toute l’importance de la dissuasion nucléaire dans le nouveau concept stratégique défini par l’Alliance. Plus que cette seule conclusion, c’est son contexte et ses incidences qu’il peut être intéressant de mesurer dans l’optique d’une lecture des enjeux du Sommet de Chicago.
D’une part, la déclaration finale de Lisbonne conserve la perspective « d’un monde sans armes nucléaires » dans la lignée du discours de Prague (2009) du président Obama, tout en rappelant que c’est d’abord la finalité du TNP : « Nous sommes déterminés à tendre vers un monde plus sûr pour tous et à créer les conditions d’un monde sans armes nucléaires, conformément à l’objectif du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires » (1). En précisant dans ce même paragraphe qu’il faudra chercher « à réunir les conditions pour de nouvelles réductions », il exprime un positionnement clair concernant le maintien des armes nucléaires substratégiques (2) et se situe dans la lignée du rapport Albright, pour lequel « tant qu’il y aura des armes nucléaires, l’Otan devra maintenir des forces nucléaires sûres et fiables, au niveau minimum requis par l’environnement de sécurité du moment, en partageant largement les responsabilités pour ce qui est de leur déploiement et de leur soutien opérationnel » (3).
D’autre part, le concept stratégique reconnaît l’importance des forces nucléaires de la France et du Royaume-Uni – indépendantes et avec « un rôle de dissuasion propre » – qui participent à la sécurité de l’Alliance en ce qu’elles « contribuent à la sécurité de l’Europe dans son ensemble ».
Il reste 94 % de l'article à lire