L’avenir de l’Alliance Atlantique
Quatre auteurs, qu’il n’est pas nécessaire de présenter aux lecteurs de la Revue, se sont donné pour tâche commune de définir quel pouvait être l’avenir de l’alliance atlantique. Ils se sont réparti le travail suivant leurs spécialités. Claude Delmas a tracé, en début de volume, un tableau général de l’histoire de l’Otan, sous le titre à double entente « des illusions aux réalités » ; puis, avant la conclusion, il a voulu brosser un tableau de ce que pourrait être l’avenir de l’alliance, sous un titre plus affirmatif : « L’alliance, instrument du destin des Alliés ». Le général Carpentier s’est attaché à montrer quels étaient les problèmes militaires de la défense du monde atlantique, en se limitant à la stratégie et à la technique classiques. Le général Gallois, par contre, a développé les perspectives encore bien mal connues d’une « logique de l’ère nucléaire », dont les lois diffèrent des règles communément admises. Enfin, Maurice Faure a étudié les relations entre la politique et la défense.
Un tel ouvrage est obligatoirement marqué par la personnalité de ses auteurs et, bien que les principes et les idées de base leur soient communs, il en résulte cependant une insuffisance d’unité et un manque de rigueur dans la démonstration. Il faut considérer cet ouvrage davantage comme la juxtaposition d’études de valeur, plutôt que comme une véritable synthèse.
Il était également difficile de traiter, même en trois cent cinquante pages, de tous les problèmes d’ordre militaire, économique, politique et social qui se posent à la communauté atlantique. Mais il en est un cependant qui a été passé sous silence, et le lecteur ne peut que s’en étonner : c’est l’utilisation par l’adversaire éventuel de l’action subversive en Europe occidentale, hypothèse pourtant fondamentale, et dont les auteurs ne justifient pas les raisons qui les ont conduits à l’écarter.
La conclusion des quatre auteurs est que, malgré les questions auxquelles donnent lieu les différents problèmes à résoudre, l’Alliance atlantique peut et doit surmonter les survivances nationales – « les histoires nationales appartiennent maintenant au passé, et l’avenir ne sera pas assuré par la simple juxtaposition de volontés nationales ; qu’elles soient vieilles ou jeunes, fortes ou faibles, les nations occidentales se sauveront ou périront ensemble. La pire des attitudes consiste à ne pas accepter les conséquences de cette évidence. » Cette phrase nous semble résumer pleinement l’idée fondamentale des auteurs. Le lecteur y souscrira sans doute volontiers, même s’il s’est trouvé en désaccord avec certaines propositions contenues dans les cinq études que contient ce livre. ♦