La crise syrienne : causes et conséquences
LA République Arabe Unie a été d’emblée considérée, par l’ensemble de l’opinion française, comme une institution artificielle et précaire ; nombreux étaient, lors de sa création, les observateurs qui pronostiquaient son écroulement rapide et, par voie d’immédiate conséquence, la chute du Président Nasser.
L’événement attendu est enfin survenu, mais seulement au terme d’un délai considérable ; si chacun continuait de le tenir pour probable, rares étaient ceux qui s’essayaient encore à en présumer l’échéance. D’autre part, bien que le sursaut syrien se soit produit avec toute la netteté possible, et qu’il ait assurément entamé le prestige du dictateur égyptien, il n’a pas suscité son immédiate élimination de la scène politique. Les choses, en Orient, ne sont jamais si simples qu’on le croit parfois sous nos climats, et les ressources du raïs sont trop profondément associées à tous les éléments de la politique arabe pour être entièrement compromises par un seul événement, si grave soit-il.
La journée du 28 septembre 1961, qui constituera un tournant important dans l’histoire de l’arabisme, n’est donc pas une fin, mais un commencement. Elle ouvrira probablement en Orient une ère de difficultés sérieuses, et complexes, en contraste avec l’apparente et toute artificielle stabilité dont cette région semblait jouir depuis que la crise de 1958 avait été non pas réglée, mais masquée, sous l’égide de feu le Secrétaire général de l’O.N.U., par le jeu habile des forces inter-arabes.
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