Le spectre de Rapallo
Les péripéties de ce qu’on a appelé l’affaire Kroll, qui s’est terminée en mars 1962 par le rappel de Passez pittoresque, et peut-être trop dynamique Ambassadeur d’Allemagne Fédérale à Moscou, ont été suivies de très près, et non sans quelque appréhension, par les capitales occidentales. Cette affaire, en effet, n’a pas manqué de rappeler certains souvenirs, de provoquer soupçons et ressentiments, préjudiciables a l’esprit d’unité du monde occidental, et, en particulier, de l’Alliance Atlantique. Tous ceux qui suivent les affaires internationales ne pouvaient, en effet, se garder d’évoquer le traité de Rapallo, signé derrière le dos des délégations occidentales, par l’Allemagne et les Soviets, le jour de Pâques 1922.
On ne saurait se dissimuler la tendance qui existe dans certains milieux de l’Allemagne de l’Ouest, — extrémistes de droite, réfugiés politiques, adeptes de la soi-disant politique réaliste, hommes d’affaires peu scrupuleux — d’aboutir à un règlement avec la Russie, en dehors de, ou sans égard pour l’Occident ; et l’affaire Kroll est une manifestation symptomatique de cet état d’esprit. Aussi peut-il être intéressant de comparer les conditions de 1922 avec celles d’aujourd’hui.
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