Dissuasion et survie
La mutation profonde introduite dans l’organisation de notre défense nationale par l’ordonnance du 7 janvier 1959 et amorcée dès la fin des opérations d’Algérie a déjà été largement commentée. Certains aspects continuent d’en être évoqués presque chaque jour ; il en est ainsi de la force stratégique de dissuasion. D’autres suscitent un intérêt plus sporadique, ce sont les éléments dits classiques de la défense ; d’autres enfin sont à peine effleurés et souvent purement et simplement oubliés par les chroniqueurs et les critiques, c’est le cas de la protection et des mesures de survie.
Nous nous proposons d’examiner ici, et de confronter, les deux pôles extrêmes de la défense : la dissuasion et la survie, d’abord parce que le secteur réputé classique est le mieux connu, ensuite parce que, sous les dehors d’un facile scepticisme, une ignorance assez commune entoure les moyens de protection individuelle et collective contre les procédés modernes d’agression, enfin parce que certains militants de la force stratégique nucléaire ont tendance à considérer comme regrettables les efforts accomplis dans d’autres voies, par crainte sans doute que ces efforts ne privent leur domaine d’une part des importants moyens dont il a besoin.
Certes, l’évolution fondamentale de la défense nationale ne peut se concevoir sans références nombreuses aux ressources du pays entendues au sens large, et dont il faut bien admettre les limites. Mais, ce préalable posé, le seul critère recevable dans une matière aussi complexe demeure celui de l’efficacité maximum, ce qui rend dès l’abord suspecte toute exclusive a priori et impose une grande prudence dans le choix, le dosage et la combinaison des solutions.
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