Politique et diplomatie - La politique extérieure de la France (III) La Grande-Bretagne et la France
MES deux précédents articles ont traité de la politique « européenne » de la France et des problèmes que pose l'évolution des rapports entre l'Europe et les États-Unis. Comment, dans ce contexte, présenter les relations entre la France et la Grande-Bretagne ? Celles-ci, depuis qu'un commun intérêt a rapproché les deux pays, n'en témoignent pas moins d'une constante ambiguïté. Sans doute, avant 1914, la Grande-Bretagne s'inquiète-t-elle du dynamisme économique et politique de l'Allemagne impériale. Mais son souci primordial de l'équilibre européen lui interdit de souscrire des engagements formels qui eussent préfiguré sa décision en cas de crise et qui peut-être l'eussent évitée.
Après 1918, le même souci d'équilibre conduit l'Angleterre à enregistrer avec faveur, puis avec passivité le relèvement financier, économique, militaire de l'Allemagne, même après que Hitler eût pris en main sa destinée.
Cet axiome traditionnel de la politique britannique se vérifie-t-il encore depuis 1945 ? On en pouvait douter lorsqu'on entendait, dans les années 49-50, les hommes d'État britanniques, quasi unanimement prôner l'unité européenne, applaudir au plan Schuman, puis, dans les années suivantes, à la C.E.D. Ils ne soulevaient pas non plus d'objection au projet de Communauté Politique mis au point par une Commission du Conseil de l'Europe. En somme, l'opinion éclairée d'outre-Manche semblait accepter sans réticences, sinon avec enthousiasme l'avènement d'une Europe de l'Ouest unifiée, forte de 200 millions d'habitants et d'une production industrielle considérable.
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