Sur le pélerinage de Paul VI en Terre Sainte du 4 au 6 janvier 1964, une première pour un Pape.
Un acte de paix
Lorsqu’à la fin du discours qu’il a prononcé le jour de la clôture de la deuxième session du Concile, le pape Paul VI a annoncé son intention de se rendre en pèlerinage en Terre Sainte, cette nouvelle a positivement, saisi non seulement les catholiques et les chrétiens, mais, on peut le dire, le monde entier. Rien de plus naturel pourtant. Mais l’humanité est ainsi faite que ce sont souvent les choses les plus simples qui sont aussi les plus grandes.
À cette stupéfaction s’en est aussitôt jointe une autre. L’on découvrait tout d’un coup qu’aucun des successeurs de Pierre ne s’était jamais rendu sur les lieux où le Christ est né, a vécu, a enseigné, a été crucifié et d’où Il est ressuscité d’entre les morts ! Certes, s’il s’agissait des temps modernes, on le savait. Mais dans les premiers âges de l’Église ? Mais à l’époque des croisades, au Moyen-Âge ? C’était oublier qu’après la résurrection du Christ, l’Église, fondée par Lui aux bords du lac de Tibériade sur Pierre, l’Homme-roc, a d’abord été itinérante. Le premier âge de l’Église est un « âge apostolique » — conformément, d’ailleurs, à l’instruction de Jésus-Christ à ses apôtres : « Allez et enseignez les nations ». Cet âge est caractérisé par une certaine fluidité des situations. Cependant Pierre a quitté la Galilée, laissant à Jacques la communauté chrétienne de Palestine. Il est venu à Rome, centre de l’empire romain, dont l’autorité et le rayonnement s’étendaient sur une partie du monde alors connu. Il y fut martyrisé et enseveli. Bientôt, saisi par la foi, Paul annonçait le Christ à son tour de l’Asie Mineure à l’Espagne et à son tour aussi il venait à Rome où il fut martyrisé et enseveli. Les deux apôtres Pierre et Paul forment les deux piliers de l’Église. Elle les célèbre le même jour.
Tout de suite, cette Église a exercé une sorte de prédominance sur les communautés chrétiennes qui se fondaient ici et là. La lettre de Saint-Pierre aux chrétiens d’Asie Mineure ; celle de son successeur Clément aux Corinthiens (que l’on date de 96) ; celle d’Ignace d’Antioche aux Romains ; plus tard celles de Denys de Corinthe, de Saint-Irénée ; plus tard encore les affirmations de Tertullien, constituent à cet égard un ensemble de preuves convergentes.
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