L’Armée de l’air dans le contexte nucléaire
Au cours des siècles passés, la nature de la guerre a suivi une évolution rationnelle, à la mesure des progrès de l’industrie et de la participation de plus en plus grande des peuples aux hostilités. Il y a seulement quelques centaines d’années, une suite heureuse de rencontres décidait du sort des conflits. Armées peu nombreuses et colonnes de renforts tenues en haleine à proximité de la zone des combats, s’appuyaient, pour leur ravitaillement, sur un système de places fortes. Les opérations de siège mettaient à portée de canon l’essentiel de la logistique de l’adversaire. Plus tard, accroissant considérablement leurs effectifs, les Armées deviennent capables de tenir des fronts étendus. Pour faire face aux besoins des unités engagées, les dépôts de l’avant ne suffisent plus. Une manœuvre est rendue nécessaire qui permet l’accumulation en lieux et temps voulus de renforts en personnels et en matériels, provenant des arsenaux, des usines, des centres de rassemblement, largement étalés sur tout le territoire.
La nation entière participant à l’effort de guerre, chaque parcelle en devient vitale pour la poursuite du conflit. La victoire appartiendra désormais à qui pénétrera dans ce camp retranché d’un nouveau genre pour en détruire les éléments qui confèrent à l’adversaire sa force offensive et son pouvoir de résistance : capacité de production, liberté des mouvements, moral des populations.
D’abord arme auxiliaire, à une époque où les incursions de ses appareils ne peuvent dépasser la zone des combats, l’aviation va en se perfectionnant jouer un rôle déterminant dans l’attaque en profondeur de tous ces éléments. Qui possède la maîtrise du ciel enlève maintenant à l’adversaire sa liberté d’action sur les continents, tout comme la supériorité sur mer interdit toute navigation. Mais le but essentiel n’est pas encore atteint. Le patient travail de fourmi, entrepris par des masses d’avions, ne réussit pas totalement à avoir raison de la ténacité d’un pays, non plus que de sa capacité de production.
Il reste 95 % de l'article à lire