Autour du « Sommet » arabe de Casablanca
L’été 1965 s’est ouvert, pour l’arabisme oriental, sous de médiocres auspices (1). La politique britannique est mise en échec, il est vrai, en Arabie du Sud ; mais elle marque des points dans le golfe Persique et auprès de la monarchie séoudite. Au Yémen, dans la lassitude générale, la confusion s’accroît, et la République Arabe Unie y reste inextricablement engagée, cependant qu’on décèle au Caire même de sérieux symptômes d’agitation. En Iraq se poursuit la rébellion kurde, tandis que le gouvernement semble menacé d’effritement. Ce n’est guère qu’au Liban, en Syrie et en Jordanie que les affaires intérieures, même si des mutations politiques s’opèrent, suivent un cours normal. Dans l’ensemble le mois de juillet se trouve marqué, pour l’Orient arabe, par une série d’impasses, tandis que le Maghreb montre un plus grand degré de stabilité : la Tunisie règle sans difficulté sa crise syndicale ; le nouveau gouvernement algérien se met en place et remanie posément les bases de la vie publique.
Au mois d’août, une importante initiative du Président Gamal Abdel Nasser éclaircit notablement les choses : un rapprochement égypto-séoudite permet de réaliser le cessez-le-feu au Yémen et d’esquisser les bases d’un règlement d’ensemble de cette longue crise. De son côté, le gouvernement britannique poursuit laborieusement ses tentatives d’arrangement, destinées cependant à se solder, fin septembre, par un nouvel échec.
Comme il était prévu, le troisième Sommet arabe s’ouvre le 13 septembre à Casablanca. Il bénéficie, dans l’atmosphère maghrébine, d’un certain recul à l’égard de l’affaire de Palestine et des agitations de l’Orient ; en dépit de l’absence du Président Bourguiba, la diplomatie du Roi Hassan et la lassitude du Président Gamal Abdel Nasser impriment à ses débats un tour assez conciliant. Comme lors du premier Sommet du Caire, vingt mois plus tôt, le Raïs recherche la solidarité arabe non plus dans des appels directs aux masses, mais dans les accords avec les gouvernants ; il s’associe même à une renonciation, de principe du moins, aux polémiques et immixtions interarabes. À en juger par la lettre des résolutions, le troisième Sommet marque, de la sorte, une tendance au renforcement des structures de l’arabisme.
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