Terres françaises d’Amérique : à propos du Ve plan
Les sciences ne se développent pas toutes au même rythme ; en comparaison des sciences physiques et des techniques qu’elles déterminent, les sciences humaines semblent avancer avec une désespérante lenteur. C’est peut-être une des raisons profondes de cette constatation souvent faite par les philosophes que la science, en ouvrant aux hommes de nouvelles et immenses perspectives, avait négligé la morale.
Voilà de bien hautes spéculations pour traiter d’une question en apparence fort éloignée de pareilles considérations philosophiques. Elles s’imposent pourtant ici comme ailleurs, mais peut-être ici plus qu’ailleurs.
La lecture des plans établis pour les cinq années 1966-1970 en faveur des départements d’outre-mer les fait naître fatalement. Certes, un plan n’est pas un traité de philosophie ; bien qu’il reflète une option politique, il est davantage un travail d’économiste. Mais derrière ses chiffres austères, ses tableaux arides, ses pourcentages comparés, il doit évoquer l’homme pour lequel il est fait, auquel il doit se référer. Son aspect technique n’est qu’un vêtement sous lequel il existe un être de chair et d’os, mais davantage encore de besoins et de passions, dont le caractère irrationnel ne doit pas cacher qu’ils sont la raison, la raison dans son essence.
Il reste 95 % de l'article à lire