Militaire - Les forces armées des trois Nations maghrébines - La Belgique et l'Otan
Les forces armées des trois nations maghrébines
Comme dans tous les pays admis à l’indépendance, le premier souci des gouvernements algérien, marocain et tunisien fut de se constituer une force armée, moins pour faire face à des menaces extérieures que pour des nécessités intérieures. Certes, il existe entre l’Algérie et le Maroc des problèmes de frontière qui expliquent en partie l’équilibre des forces que chacune de ces deux nations ambitionne pour sauvegarder son intégrité territoriale. Mais des impératifs financiers obligent les trois États maghrébins à rechercher à la fois à l’Est et à l’Ouest des armements dans les meilleures conditions, d’où cette variété des matériels qui équipent les trois armées.
Les forces armées algériennes
Issue de l’ancienne Armée de libération nationale (ALN), l’Armée nationale populaire (ANP) doit son développement à l’action personnelle du colonel Boumedienne, ministre de la Défense nationale depuis 1962, et à l’aide matérielle soviétique, très importante depuis 1983.
Les effectifs des forces armées algériennes sont, actuellement, d’environ 75 000 h. (y compris la Marine, l’Aviation, la Gendarmerie et les Compagnies nationales de sécurité), recrutés par volontariat.
D’après la Constitution, le président de la République est le chef suprême des Armées. Il est assisté :
– du Conseil supérieur de la Défense,
– du Ministère de la Défense nationale,
– de l’État-major général de l’ANP.
L’Algérie est divisée territorialement en cinq Régions militaires (RM) :
– 1re RM autour de Blida et Alger,
– 2e RM autour d’Oran,
– 3e RM autour de Colomb-Béchar,
– 4e RM autour d’Ouargla,
– 5e RM autour de Constantine.
Armée de Terre : Effectifs, environ 60 000 h.
L’Infanterie est l’arme la plus importante, elle compte :
– une division d’infanterie portée,
– une quarantaine de bataillons formant corps,
– une douzaine de compagnies méharistes.
L’Arme blindée, entièrement équipée de matériels soviétiques (T-54, T-34, BTR-152), comprend approximativement 4 ou 5 bataillons de chars.
L’Artillerie est également équipée de matériels soviétiques (canons de 152 mm, 122 mm et 85 mm, mortiers de 120 mm et de 160 mm, lance-roquettes multitubes de 140 mm et 240 mm). Au total une dizaine de groupes, auxquels il faut ajouter 2 ou 3 groupes de SU-100 automoteurs, et peut-être un groupe de mortiers lourds.
L’Artillerie antiaérienne, équipée aussi de matériels soviétiques (canons de 100 mm, 87 mm, 30 mm et mitrailleuses quadruples de 14,5 mm), compte approximativement 2 ou 3 groupes.
L’ANP dispose en outre de quelques fusées sol-air du type Guideline.
Le Génie, les Transmissions, le Train et les Services sont encore dans la période de formation.
Armée de l’Air : Effectifs, environ 8 500 h.
Elle jouit de l’autonomie de commandement mais demeure rattachée aux services communs pour l’administration.
La formation des personnels a commencé dès 1962 en Égypte et en URSS.
L’aviation algérienne a bénéficié, depuis 1963, de fournitures égyptiennes et surtout soviétiques, qui lui ont permis de constituer une flotte aérienne homogène d’au moins 180 appareils dont une centaine d’avions de combat (chasse et bombardement, transport), une cinquantaine d’hélicoptères, une trentaine d’avions d’entraînement.
Marine : Effectifs, environ 1 500 h.
Elle s’est constituée, en 1962-1963, autour de deux dragueurs type BYMS cédés par la République arabe unie (RAU). Depuis cette date, elle s’est progressivement développée grâce à l’aide soviétique ; elle dispose aujourd’hui de 14 bâtiments, dont 8 vedettes lance-torpilles et 8 escorteurs côtiers.
Écoles :
– Académie militaire interarmes (forme des officiers),
– École nationale de sous-officiers,
– École nationale de l’Arme blindée,
– École nationale de l’Artillerie,
– École du Train,
– École des Transmissions,
– École du Génie,
– École du Matériel,
– École des Commandos,
– École du Commissariat politique,
– Institut national de Santé de l’ANP,
– École de Gendarmerie,
– Écoles nationales des Cadets de la Révolution.
Les forces Armées marocaines
Les Forces armées royales (FAR) ont été créées au lendemain de l’indépendance à partir d’unités mises par la France à la disposition du Maroc, renforcées par quelques formations de l’armée espagnole et un certain nombre de combattants de « l’Armée de Libération ». Leurs effectifs sont passés de 40 000 en 1956 à 76 000 en 1966 (y compris la Marine, l’Aviation, la Gendarmerie et d’importantes Forces auxiliaires), recrutés par volontariat jusqu’à la création récente du Service militaire obligatoire.
Le roi est commandant en chef des Forces armées. Il est assisté :
– du Haut comité de la Défense nationale,
– du Ministère de la Défense nationale,
– de l’Inspection générale des FAR,
– de l’État-major général.
Le Maroc est divisé territorialement en trois zones militaires :
– zone centrale autour de Meknès,
– zone côtière autour de Rabat,
– zone frontière autour de Midelt.
Armée de Terre : Effectifs, environ 45 000 h. L’Infanterie est l’arme la plus importante :
– 3 brigades,
– une douzaine de bataillons formant corps,
– 1 unité parachutiste,
– 2 détachements d’intervention rapide,
– 1 unité de mortiers lourds,
– 1 unité de montagne,
– 3 unités méharistes.
L’Arme blindée a bénéficié dès 1962 d’un apport de chars soviétiques T-54, et plus tard de matériels français et américains. Elle comprend actuellement environ :
– 1 brigade blindée,
– 1 groupe d’escadrons blindés,
– 3 groupes d’escadrons à cheval.
L’Artillerie est dotée de pièces de 75 mm et de 105 mm.
Le Génie et les Transmissions sont représentés par un bataillon pour chaque arme et le Train par un groupement de Transport. Il existe également un certain nombre d’unités des Services (Matériel, Santé, Intendance, etc.).
Armée de l’Air : Effectifs, environ 2 500 h.
Autonomes depuis 1964, les Forces royales air (FRA) sont placées sous l’autorité directe du chef d’État-Major général des FAR.
La formation des personnels a commencé dès 1956 et le Maroc dispose actuellement d’un nombre suffisant de pilotes.
L’aviation marocaine a bénéficié de fournitures de provenances diverses (France, États-Unis, URSS, divers). Elle dispose d’environ 130 appareils dont une soixantaine d’avions de combat (chasse et transport), une trentaine d’avions d’entraînement et une dizaine d’hélicoptères, répartis sur les bases de Marrakech, Rabat et Meknès.
Marine : Effectif, environ 1 000 h.
1 800 km de côtes, dont 1 300 sur l’Atlantique, l’accès direct au détroit de Gibraltar, l’existence de nombreux ports, dont l’un, Casablanca, est de classe internationale, confèrent au Maroc une vocation maritime.
La Marine royale, créée depuis 5 ans, est en extension progressive. Elle est autonome, au même titre que les FRA, et dispose de 5 bâtiments (escorteur, patrouilleur et frégate).
Écoles :
– École d’État-Major,
– Académie royale militaire chargée de la formation des officiers,
– École militaire royale de sous-officiers,
– Lycée militaire (Prytanée).
Les forces armées tunisiennes
Créées le 21 janvier 1956 par la fusion de la Garde beylicale et d’un régiment interarmes issu d’unités françaises, les Forces armées tunisiennes ont connu dès les premières années un développement rapide.
Fortes actuellement de 20 000 hommes (y compris la Marine, l’Aviation et la Garde nationale), elles sont recrutées par engagement et par conscription.
Le chef de l’État est le chef suprême des Forces Armées. Il est assisté dans ses fonctions :
– d’un Conseil de Défense,
– du secrétaire d’État à la Défense nationale,
– d’une Inspection générale des Forces armées,
– d’un État-major général.
Il n’existe pas d’organisation territoriale au sens où nous l’entendons en France, mais à chaque gouvernorat correspond un secteur (18 au total).
Armée de Terre : Effectifs, environ 18 000 h.
L’Infanterie compte :
– 6 bataillons dont un de commandos,
– 1 groupement saharien.
L’Arme blindée est réduite à un groupement et l’Artillerie à un groupe. Le Génie et les Transmissions sont représentés chacun par un bataillon, le Train par un groupement ; en outre il existe quelques unités des Services. Le matériel provient en majorité de France et des États-Unis.
Armée de l’Air : Effectifs, environ 1 000 h.
Autonome seulement depuis 1965, l’Armée de l’air tunisienne a formé ses personnels grâce à l’aide suédoise et française.
Ses matériels sont de provenances diverses : Suède, France, Italie. Au total 70 appareils, dont une quarantaine d’avions de combat : un escadron de chasse, un détachement aérien sud, une école d’aviation.
Ces éléments sont regroupés en majeure partie sur la base de Sidi Ahmed, près de Bizerte.
Marine : Effectifs, environ 500 h.
Elle dispose de 11 petits bâtiments (patrouilleurs, vedettes et avisos) qui limitent ses missions à la surveillance des côtes.
Écoles
– Centre de préparation aux grandes écoles militaires (préparent des jeunes gens aux écoles militaires étrangères),
– Centre de préparation à l’École des sous-officiers,
– École des sous-officiers.
La Belgique et l’Otan
En mai 1966, le gouvernement belge a créé une Commission militaire mixte chargée d’étudier une révision des engagements militaires de la Belgique pour les adapter aux possibilités financières nationales.
Cette Commission, qui comprenait les quatre chefs d’état-major et les représentants des trois grands partis politiques, a adressé un rapport concluant :
– que les moyens dont dispose l’armée belge sont insuffisants pour lui permettre de remplir ses engagements au sein de l’Otan ;
– que l’effort à accomplir pour que les Forces armées puissent faire face à leurs obligations dépasse les possibilités de la Belgique ;
– qu’il est cependant nécessaire d’entreprendre rapidement l’adaptation des Armées aux missions qui leur sont confiées.
Comme suite à ces conclusions et tenant compte des nouveaux rapports Est-Ouest, de la situation consécutive aux récentes décisions des gouvernements français et anglais ainsi que des nouveaux concepts stratégiques en fonction de l’évolution des techniques, le gouvernement belge a décidé de demander la révision de ses engagements militaires auprès de l’Otan ; ainsi les effectifs belges stationnés en Allemagne pourraient être réduits. Toutefois, Bruxelles précise que cette décision ne met pas en cause la fidélité de la Belgique au Pacte Atlantique et sa solidarité avec les alliés. ♦