Pourquoi le conflit de Palestine est-il redevenu aigu ?
Il est encore trop tôt, à l’heure où nous écrivons, pour décrire et analyser dans son ensemble la nouvelle crise de Palestine. Mais, quel que doive être l’aboutissement, imprévisible encore aujourd’hui, de cette dramatique tension, il semble à propos de s’interroger sur les circonstances dans lesquelles le différend arabo-israélien, chronique de longue date, a brusquement repris tant d’acuité et d’urgence.
La présente crise a surpris, en effet, par son caractère soudain. Et ceci nous montre combien est encore sommaire la « science des conflits », de leur genèse, de leur déroulement et de leurs rebondissements ; comme restent précaires, par voie de conséquence, les procédures par lesquelles il est tenté de leur faire échec.
Le conflit avec Israël avait cessé, pour les Arabes, de figurer en première urgence
L’affaire de Palestine était, en fait, depuis une dizaine d’années au point mort. Israël se concentrait sur les problèmes, toujours considérables, de son développement interne ; et l’Égypte, principal protagoniste du camp arabe, n’envisageait plus qu’à lointaine échéance un recours à la force, que devaient précéder l’unification des armées et le regroupement politique des États arabes ; au demeurant, le président Gamal Abdel Nasser indiquait ouvertement que l’engagement de ses troupes au Yémen paralysait son action au Levant, et il semblait surtout préoccupé de faire échec aux Britanniques à Aden. La Syrie continuait, certes, de manifester une attitude agressive, mais le Sommet arabe de janvier 1964 lui avait, à cet égard, montré son isolement parmi les États de la Ligue. À la même occasion, il est vrai, avait été créée l’Organisation de Libération de la Palestine ; mais celle-ci ne disposait encore que de moyens assez réduits, et son crédit était très inégal auprès des divers États arabes ; l’attitude systématiquement modérée de la Jordanie et la présence des forces des Nations Unies sur la ligne de démarcation du Sinaï restreignaient beaucoup ses possibilités d’action de guérilla dans les confins israéliens. En somme, si des incidents restaient possibles, et survenaient en effet très souvent, le risque d’une conflagration majeure avait fini par apparaître comme tout à fait improbable à court ou à moyen terme.
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