La Libye accède au premier rang parmi les États arabes
DEVENUE indépendante dès 1951 (c’est-à-dire, malgré un bien moindre degré d’évolution, cinq ans plus tôt que la Tunisie sa voisine), l’immense, désertique et pauvre Libye a fait, durant deux lustres, figure de Cendrillon dans la famille arabe. Puis, comme dans les contes de fées, un trésor caché vint tout changer : au bord du golfe inutile de la Grande Syrte, l’on découvrit de fabuleuses quantités de pétrole, exploitables dans des conditions inouïes de facilité et de bon marché.
Le vieux Roi Idris de Libye, chef de la confrérie musulmane de la Senoussiya, et qui tirait, de ce prestige religieux et de ses prolongements sur l’échiquier des tribus, les meilleurs ressorts de son modeste gouvernement, ne crut devoir ni adopter le style de vie fracassant de maint « émir pétrolier » du Proche-Orient, ni lancer avec éclat son pays sur la scène internationale. D’aucuns crurent même pouvoir lui attribuer des paroles désabusées : « Si, dépourvue, ma patrie excitait déjà des convoitises, désormais comblée que ne risquera-t-elle pas ? » Mais il était fatal qu’à son tour, comme naguère l’Arabie Séoudite, la Libye fût « saisie par le siècle ».
Le tournant décisif a été pris au début de 1964. Le Roi Idris fut, comme tous les autres chefs d’État arabes, convié au « Sommet » arabe du Caire. Mais, soit qu’il tînt rigueur à la République Arabe Unie des ambitions d’expansion vers l’Ouest naguère prêtées à cet État, soit qu’il aperçut mal la nécessité de sa présence en ce forum des souverains, il invoqua comme excuse son grand âge et se fit représenter par son héritier présomptif, le Prince Hassan Rida.
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