Maritime - URSS : les manœuvres de printemps de la flotte soviétique ; activité de la flotte en 1968 - Grande-Bretagne : le programme Polaris - France : les essais du Balny et la refonte du Colbert
URSS :
Les manœuvres de printemps de la flotte soviétique
Dans le domaine maritime l’événement le plus important de ces dernières semaines a été sans conteste la sortie massive d’une fraction importante de la flotte soviétique de l’Arctique, qui après avoir effectué des manœuvres en Atlantique a ensuite séjourné pendant quelque temps en Méditerranée.
Le 22 mars, cette force navale qui avait appareillé quelques jours auparavant de ses bases voisines de Mourmansk, pénétrait en mer de Norvège et faisait route à petite vitesse vers l’Atlantique. Le 25, elle était signalée entre l’Islande et les Féroë. Les bâtiments étaient groupés et les sous-marins naviguaient en surface. La composition de l’escadre, surveillée par des avions et des navires appartenant à l’Otan, était alors connue. Elle comprenait :
– un croiseur classique du type Sverdlov ;
– deux croiseurs lance-missiles surface-surface et surface-air du type Kresta ;
– trois destroyers lance-missiles antiaériens (deux du type Kashin et un Kotlin transformé) ;
– un destroyer classique classe Kotlin ;
– huit sous-marins Diesel dont six du type Z et deux du type F ;
– deux pétroliers ;
– un bâtiment-base de sous-marins ;
– une citerne à eau ;
– un navire de sauvetage.
Le 26 mars et les jours suivants l’escadre se divisa en deux puis en plusieurs groupes paraissant manœuvrer les uns contre les autres. Les sous-marins ayant plongé, il est certain qu’une des phases de l’exercice au moins a été consacrée à la lutte anti sous-marine. D’autre part, il n’est pas impossible que les Soviétiques aient, au cours de ces manœuvres, étudié l’emploi des nouveaux croiseurs classe Kresta et de leurs missiles SSN-3.
La construction des Kresta a démarré en 1964. Trois sont en service et plusieurs autres à divers stades d’achèvement aux chantiers Jdanov de Leningrad. On estime qu’un bâtiment de ce type pourrait rallier la flotte dans les seize mois. Leur déplacement en pleine charge est d’environ 7 000 tonnes et leur vitesse maximale de l’ordre de 34 nœuds. L’armement offensif se compose de deux rampes doubles pour missiles surface-surface du type SSN-3 : il n’y a pas de missiles de réserve. Ce SSN-3 est un engin aérodynamique qui équipe plusieurs types de navires soviétiques y compris des sous-marins. Sa vitesse transsonique à basse altitude pourrait être supersonique à haute altitude. Utilisé à partir d’un Kresta, sa portée opérationnelle serait d’environ 150 nautiques (300 km), mais la coopération d’un aéronef qui surveille la cible et détermine ses coordonnées est, à cette distance, indispensable à la mise en œuvre du système, ce qui constitue un handicap sérieux. Le nombre réduit de missiles SSN-3 transporté par les Kresta autorise les experts navals à considérer que ceux-ci sont sans doute dotés d’une ogive nucléaire. À côté de ces missiles offensifs, les croiseurs de ce type possèdent un armement antiaérien et anti-sous-marin très développé.
Le 4 avril, l’escadre, sauf un Kresta et deux destroyers qui retournèrent vers leurs bases, amorçait un mouvement vers le Sud-Ouest. Le 7 avril on la signalait à environ 200 nautiques au Nord-Ouest de Lisbonne. Les jours suivants, elle pénétrait en Méditerranée en deux groupes, le premier comprenant le Sverdlov, un Kresta et quatre sous-marins, le second deux destroyers et trois sous-marins qui rallièrent les mouillages habituels de la flotte russe dans ce théâtre, notamment celui d’Hammamet.
L’escadre cependant n’a fait qu’un bref séjour en Méditerranée. Le 4 avril, la plus grande partie des bâtiments franchissait en effet le détroit de Gibraltar en sens inverse pour retourner à leurs bases de l’Arctique.
Compte tenu des navires déjà présents dans le théâtre, l’arrivée de cette escadre a porté pendant une dizaine de jours le potentiel soviétique en Méditerranée à :
– 18 bâtiments de combat de surface ;
– 15 sous-marins au moins ;
– 15 navires auxiliaires.
Ce déploiement massif de la flotte soviétique ne paraît pas avoir eu une signification politique particulière. Il semble avoir essentiellement eu pour but :
– d’abord d’entraîner le personnel et de tester le matériel dans les dures conditions climatiques qui règnent à cette époque de l’année en Atlantique Nord et en mer de Norvège ;
– de démontrer ensuite que la flotte était capable de se déplacer sur de grandes distances et de se concentrer sur une zone choisie. L’Amiral Gortchkov, Commandant en chef de la Marine de guerre, n’a-t-il pas dit que « le marin soviétique était à mer partout chez lui » ?
Activité de la flotte soviétique en 1968
Nous avons maintenant assez de recul pour dresser un bilan de l’activité navale soviétique durant l’année 1968. Elle s’est principalement manifestée sur le théâtre méditerranéen et dans l’océan Indien. La Marine soviétique a effectué d’autre part, en juillet, en mer de Norvège un grand exercice dénommé Sever, exercice qui a été pour la première fois annoncé à l’avance et a fait ensuite l’objet d’une certaine publicité.
En Méditerranée, les Soviétiques ont, en 1968, maintenu en permanence une petite escadre forte en moyenne de :
– un croiseur classique classe Sverdlov (20 000 t) ou d’un croiseur lance-missiles surface-surface et surface-air du type Kynda (6 000 t) ;
– un ou deux destroyers lance-missiles surface-surface ;
– deux à trois destroyers classiques ou lance-missiles,
– deux à trois destroyers ou dragueurs ;
– deux à trois navires de débarquement presque toujours d’un déplacement modeste ;
– une demi-douzaine de sous-marins dont peut-être un ou deux à propulsion nucléaire.
Cette petite force fut soutenue par une dizaine de bâtiments auxiliaires (pétroliers, navires-ateliers, bâtiments-bases de sous-marins).
Elle atteignit son niveau le plus fort lorsqu’elle fut ralliée par le croiseur porte-hélicoptères Moskva entre le 20 septembre et la fin d’octobre. L’arrivée de ce bâtiment en Méditerranée a soulevé à l’époque une émotion et des craintes rapidement exploitées par les uns et les autres à des fins politiques, que les caractéristiques de ce bâtiment – il s’agit d’un navire antiaérien et anti-sous-marin – ne justifiaient nullement. Le séjour de ce navire en Méditerranée avait sans aucun doute pour objet l’expérimentation des matériels nouveaux, notamment un sonar remorqué et des hélicoptères ASM, dont il est équipé.
La plupart des navires de surface entrant dans la composition de l’Escadre soviétique de la Méditerranée en 1968 provenaient de la Flotte de la mer Noire tandis que les sous-marins appartenaient en général à la Flotte de l’Arctique. Pour des raisons d’ordre logistique, cette escadre a séjourné fréquemment dans ses mouillages habituels d’Alboran, d’Hurd Bank à proximité de Malte, d’Hammamet et de Cythère au Sud du Péloponèse.
Des navires de l’Escadre ont, d’autre part, à tour de rôle, fait escale plus ou moins longtemps à Alexandrie et Port-Saïd où leur présence a sans doute empêché les Israéliens de se livrer à des actions de représailles contre la flotte égyptienne.
Naturellement, cette petite flotte s’est livrée à des exercices, semble-t-il, de peu d’envergure, et ses bâtiments ont, comme c’est le cas depuis la « bataille des six jours », continué à « marquer » la 6e Flotte américaine.
Durant l’année 1968, l’URSS a envoyé deux groupes de bâtiments dans l’océan Indien.
Le premier, qui a séjourné dans le théâtre de mars à juillet, comprenait un croiseur classique type Sverdlov et deux destroyers lance-missiles provenant de la Flotte du Pacifique. Il a successivement fait escale à Madras, Bombay, Mogadiscio en Somalie, Ourn-Qasr (Irak), Karachi, Aden et Colombo.
Le second groupe est arrivé dans l’océan Indien au début de novembre. Il continue d’ailleurs à croiser dans la zone.
Il se compose de :
– un destroyer lance-missiles surface-surface classe Kroupnyi ;
– deux sous-marins classe F ;
– un pétrolier et une gabare provenant de la Baltique ou de la mer Noire ;
– du croiseur lance-missiles surface-surface et surface-air Admiral Fokine (classe Kynda) ;
– un destroyer ;
– un navire-base ;
appartenant à la flotte du Pacifique.
Le groupe a fait de nombreuses escales dans les ports de la zone. L’Admiral Fokine et deux autres bâtiments ont tout récemment séjourné à l’île Maurice (3-7 avril). La volonté incontestable de maintenir en permanence une force navale dans l’océan Indien ne peut que contribuer à renforcer l’influence politique et économique des Soviétiques dans les États riverains.
L’exercice Sever auquel il a été fait allusion plus haut s’est déroulé du 8 au 20 juillet en mer du Nord et en mer de Norvège ; une cinquantaine de bâtiments de surface, du croiseur lance-missiles à la vedette rapide, y prirent part ainsi qu’une trentaine de sous-marins dont plusieurs à propulsion nucléaire. La participation aérienne – bombardiers à grand rayon d’action des types Tu-95 Bear, Tu-16 Badger et M-4 Bison – fut également très importante. L’exercice s’est également étendu à la Baltique ce qui a permis aux flottes polonaise et est-allemande d’y prendre part.
Il convient, pour terminer cet aperçu de l’activité navale soviétique en 1968, de rappeler qu’au moment de l’affaire du Pueblo et de l’envoi du porte-avions atomique Enterprise au large de la Corée du Nord, une vingtaine de navires soviétiques s’y sont immédiatement rendus.
Grande-Bretagne : Le programme Polaris
Le sous-marin nucléaire HMS Repulse est arrivé fin mars à Port Canaveral pour procéder à des essais de lancement de missiles Polaris. Ses deux équipages, tribord et bâbord, ont participé à des essais. Après quoi, le sous-marin a regagné sa base de Faslane pour dernières mises au point avant de prendre la mer pour sa première croisière opérationnelle.
Le Repulse est le second des quatre sous-marins lance-missiles de la Royal Navy, le premier étant l’HMS Resolution. Le troisième l’HMS Renown, qui a commencé ses premiers essais à la mer avec un certain retard sur les prévisions, rejoindra la flotte sous peu. Le quatrième, HMS Revenge, sera achevé en 1970.
Comme ses sisterships, le Repulse est équipé de seize missiles Polaris du type A3 (2 500 nautiques de portée) fournis par les États-Unis. Mais l’ogive nucléaire est de conception et de fabrication nationales ; elle serait à trois corps de rentrée d’une puissance de 300 à 400 kilotonnes chacun. Contrairement au Mirv, de l’US Navy, un seul missile toutefois ne pourrait attaquer qu’un seul objectif.
La décision de construire ces quatre sous-marins remonte, comme on sait, aux Accords de Nassau de décembre 1962. Par ces accords, M. MacMillan, Premier ministre du Gouvernement conservateur de l’époque, obtint des États-Unis l’aide technique nécessaire à la construction d’une petite force de dissuasion à base de sous-marins nucléaires équipés de fusées Polaris. L’accord précise que ces sous-marins doivent à leur achèvement être inclus dans une force de dissuasion anglo-américaine mise à la disposition de l’Otan. Le gouvernement britannique est cependant explicitement autorisé à les en retirer s’il estime que les intérêts vitaux du pays sont en jeu.
Un « agreement » signé en avril 1963, autorise la Grande-Bretagne à acquérir aux États-Unis :
– des fusées Polaris sans leurs ogives nucléaires, qui devront être fournies par la Grande-Bretagne elle-même ;
– les systèmes de guidage de ces missiles ;
– les systèmes de lancement et de manœuvre de ces missiles ;
– les systèmes de contrôle et de mise à feu ;
– les systèmes de navigation à inertie ;
– du matériel annexe pour l’entraînement et les essais.
Cet « agreement » ne précise ni le nombre ni le type de missile que la Royal Navy est autorisée à acquérir. Mais on s’accordait généralement pour estimer que c’était le modèle A3, le plus récent, qui serait choisi par les Britanniques. Cette opinion devait par la suite être rapidement confirmée.
Peu après, le premier lord de l’Amirauté, M. Orr-Ewing faisait savoir que pour commencer la Grande-Bretagne construirait quatre sous-marins lance-missiles [SSB(N)].
En mai 1963, il annonçait que deux bâtiments, l’HMS Resolution et l’HMS Repulse avaient été commandés aux chantiers Vickers de Barrow-in-Furness et que la construction de deux autres, HMS Renown et HMS Revenge, avait été confiée à la firme Cammell Laird de Birkenhead.
Moins d’un an plus tard, le 25 février 1964, le ministre de la Défense qui était alors M. Thorneycroft, faisait part au Parlement de l’intention du Gouvernement de commander un cinquième SSB(N). Il expliquait qu’avec ce cinquième sous-marin le Royaume-Uni aurait, s’il jugeait nécessaire de récupérer ces bâtiments, la possibilité d’en avoir toujours deux en station ce qui donnerait une incontestable crédibilité à sa force de dissuasion :
– pour la défense des intérêts vitaux du pays ;
– pour fournir, le cas échéant, une « ombrelle nucléaire » à l’Inde et la Malaisie.
Avec cinq SSB(N), il était en effet possible d’en avoir deux en station permanente (soit un dans le Nord et un dans l’océan Indien ou le Sud-Est Asiatique).
Ce programme de cinq sous-marins devait être en principe terminé en 1970, mais son achèvement dépendait en tout état de cause des résultats de la consultation électorale du mois d’octobre 1964.
Durant la campagne électorale précédant ce scrutin, M. Wilson, chef de l’opposition travailliste, affirme son opposition absolue à toute forme de dissuasion nationale. Il proclame que si son parti gagne la consultation, ces cinq SSB(N) seront transformés en sous-marins nucléaires de chasse. Il revient peu après sur cette opinion à la suite des informations d’ordre technique qui lui sont fournies. Mais il annonce que, si l’on ne peut sans dommage ou sans perte financière importante renoncer à la construction des deux sous-marins les plus avancés (le Resolution et à l’époque le Renown) ceux-ci seront à son grand regret achevés, quitte à les mettre bien clairement sous l’autorité de l’Otan. La construction des trois autres serait abandonnée.
Les élections donnent la victoire aux travaillistes. En prenant les rênes du pouvoir M. Wilson se rend vite compte qu’il est impossible d’abandonner la construction des quatre premiers SSB(N). Mais il renonce à la construction du cinquième. Le matériel de propulsion de ce bâtiment, déjà commandé, servira pour un sous-marin atomique de chasse. Cette décision est annoncée aux Communes le 25 février 1965. Elle correspond d’ailleurs à la politique de désengagement à l’Est de Suez décidée par le gouvernement travailliste.
En contrepartie, celui-ci annonce que l’accent sera désormais mis sur la constitution d’une force de sous-marins nucléaires de chasse (Fleet submarines) qu’il juge beaucoup plus utile à la défense des intérêts britanniques.
En renonçant à la construction de ce cinquième sous-marin, M. Wilson, sans qu’il en ait à notre connaissance fait état, savait sans aucun doute qu’avec quatre SSB(N) seulement la force de dissuasion nationale britannique, à laquelle il demeure toujours opposé, perdrait à terme une grande partie de sa crédibilité.
C’est qu’avec quatre sous-marins il est très difficile de pouvoir en maintenir deux constamment en station. La chose certes est possible surtout au début quand les sous-marins sont neufs, mais elle exige un calendrier très serré des programmes d’entraînement, de transit, de station, d’entretien et de grand carénage, que le moindre accroc risque de faire chavirer. Avec le temps, elle peut devenir impossible. Un sous-marin, en effet, doit subir tous les trois ans un grand carénage. C’est une opération toujours longue – un an au minimum quelle que soit la marine à laquelle appartient le sous-marin – car elle comporte la remise en état du matériel assurant la sécurité du navire en plongée (barres, ballast, pilotage automatique). La durée de ce carénage peut d’ailleurs s’allonger si l’on en profite pour moderniser son armement et ses équipements, chose normale sur un sous-marin dont l’existence risque de dépasser largement vingt ans. Tout ceci explique pourquoi M. Thorneycroft, tenant compte de l’expérience américaine dans ce domaine (1) voulait que la Royal Navy possédât cinq sous-marins nucléaires lance-missiles. Avec ces cinq bâtiments il aurait été possible tout au long de leur vie d’en avoir toujours :
– deux en station ;
– un en grand carénage ou en refonte pour modernisation ;
– un au port, en petit entretien pendant que son équipage est au repos ;
– un en transit ou à l’entraînement.
Tout récemment, le ministre de la Défense britannique, bien que le Vice-Amiral MacKenzie, responsable du programme, n’ait jamais dissimulé sa désapprobation, a réaffirmé la volonté de l’actuel gouvernement de ne pas entreprendre la construction d’un cinquième SNLE. Mais il n’est pas impossible qu’un autre gouvernement revienne plus tard sur cette décision s’il juge que la Grande-Bretagne, pour défendre ses intérêts vitaux, doive plus compter sur elle-même que sur ses alliances aussi resserrées et privilégiées soient-elles. Quoi qu’il en soit, la « Royal Navy » est en train de se forger, à côté de ces quatre SSB(N) auxquels la construction d’un cinquième pourrait redonner rapidement une très grande valeur dissuasive, une magnifique flotte de sous-marins nucléaires de chasse (Fleet submarines). L’ordre de mise en chantier du huitième sous-marin de ce type a été récemment signé. On prévoit que dix autres bâtiments seront commandés entre 1970 et 1980 portant ainsi, avec ceux qui sont en service ou en construction, à dix-huit le nombre total de Fleet submarines en 1983. Ils constitueront alors the backbone of the Royal Navy [colonne vertébrale].
France : Les essais du Balny et la refonte du Colbert
Dans notre Marine, les premiers essais du Balny se sont déroulés favorablement. Ce bâtiment fait partie d’une classe de 9 aviso-escorteurs. Mais alors que les huit premiers sont en service depuis plusieurs années, l’achèvement du Balny avait été retardé dans le but d’installer à son bord un système propulsif mixte comprenant deux Diesel et une turbine à gaz agissant sur une seule hélice à pas variable. Ce système est depuis plusieurs années en usage dans les marines britannique et soviétique. Il permettra sur le Balny de dégrossir le problème de la propulsion par turbine à gaz que la Marine a l’intention de développer en raison de ses multiples avantages (démarrage instantané, entretien facile) pour les futures corvettes à inscrire à la troisième loi de programme.
Un communiqué officiel de la Marine nous apprend que l’on va entreprendre l’an prochain une importante refonte du croiseur antiaérien Colbert. La coque et les machines de ce bâtiment sont en excellent état mais son armement (16 x 127 AA-20 x 57 AA) moderne à l’époque où il y a dix ans il ralliait la flotte, est aujourd’hui périmé. La refonte du Colbert portera donc essentiellement sur l’armement qui comprendra :
– un système de missiles surface-air Masurca, identique à celui mis en œuvre sur les frégates Suffren et Duquesne ;
– un système d’armes surface-surface du type Mer-Mer 38 (Exocet) ;
– six tourelles simples de 100.
À ces nouvelles armes seront associés des équipements de détection radar et ASM du type le plus récent.
Le Colbert recevra également le Système d’exploitation navale des informations tactiques (Senit) analogue à celui des frégates mais dont la programmation sera conçue en fonction de sa mission de bâtiment capable d’assurer le commandement d’une force navale, d’une force interarmées en opération outre-mer et d’un dispositif de défense aérienne.
Le communiqué de la Marine ne précise pas si le Colbert doit être équipé d’hélicoptères comme le sont les plus récents croiseurs étrangers (Vittorio Veneto et les deux Andrea Doria italiens, les Moskva soviétiques). Quoi qu’il en soit le Colbert modernisé, doté d’un puissant armement offensif et défensif, apportera un substantiel renfort à notre flotte. Les travaux de refonte dureront deux ans environ. ♦
(1) Pour maintenir une quinzaine de sous-marins Polaris en station autour du continent eurasiatique l’US Navy a dû construire 41 SSB(N).