Le récent « sommet » arabe qui a réuni les 22 et 23 décembre 1971 au Caire les présidents d'Égypte, de Libye et de Syrie a abouti à une définition des organes constitutionnels de l'Union des Républiques Arabes. L'auteur, spécialiste des questions arabes et de l'Islam, ancien directeur du Centre des hautes études administratives sur l'Afrique et l'Asie modernes (Cheam) retrace ici les étapes antérieures de cette marche vers la formation unitaire de la Nation arabe, puis il analyse les fonctions et les possibilités des institutions qui viennent de voir le jour. À l'inverse de l'Union égypto-syrienne de 1958-1962, qui fut « étranglée » par une centralisation excessive, la nouvelle URA risque de pâtir de l'absence d'une structure permanente suffisamment forte pour conduire l'action de façon efficace et continue selon la conjoncture changeante et en fonction d'une politique générale qui n'a d'ailleurs pas encore été définie.
Problèmes et perspectives de l'Union des Républiques Arabes
L’union des Républiques Arabes, entrée en vigueur le 2 septembre 1971 après approbation des peuples égyptien, libyen et syrien, ne constitue certes pas le premier essai de regroupement tenté par les États arabes indépendants. Sans même mentionner l’existence de la Ligue arabe, qui constitue un « club diplomatique » plutôt qu’une organisation confédérale, on a pu rappeler, entre autres, la création en 1958 d’une République Arabe Unie alors composée de l’Égypte et de la Syrie, mais disjointe par la sécession de cette dernière en 1961, et la constitution théorique et sans lendemain, en 1963, d’une Union Tripartite R.A.U.-Irak-Syrie.
Ces précédents incitent au scepticisme, mais les créateurs de la nouvelle Union les ont assurément médités ; ils ont procédé, cette fois, de manière plus avisée. Ont-ils pour autant réussi à construire un système efficace en toute certitude, un édifice tout à fait cohérent et que nulle lézarde ne menace ? Au cours même des travaux d’élaboration, de sérieuses difficultés se sont révélées. La mise en œuvre des structures, très progressive, a montré que leur ajustement était laborieux. Plus de trois mois après son entrée en vigueur, pourtant si longtemps retardée, l’Union n’a pas encore agi ; apparemment, elle n’est pas même parvenue à concerter la politique générale des États membres.
S’en tenir à ces seules critiques et formuler une appréciation délibérément négative, serait cependant bien léger. On méconnaîtrait, de la sorte, outre les modestes mais utiles réalisations pratiques auxquelles s’appliquent, dans des domaines techniques, plusieurs commissions fédérales, les facilités que la plus grande discrétion des contacts organiques au Sommet offre pour l’atténuation, ou la solution, des inévitables différends qui, hors de ce système, eussent plus dangereusement retenti. On ignorerait aussi les services que, par sa seule construction, la nouvelle Union rend déjà à la cause de l’unité arabe. Car tout mouvement peut se prouver en marchant, et l’idéal unitaire arabe se concrétise donc en une suite d’étapes dont chacune constitue, à ce titre et quels qu’en soient les résultats positifs, une réalisation de l’unité en devenir.
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