Quelle est l'image que la Marine offre, de nos jours, à la Nation ? L'image folklorique du pompon rouge et des campagnes lointaines sous les tropiques demeure familière. Mais celle des patrouilles des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins s'impose désormais, tout comme celle des opérations de sauvetage en mer ou de participation à la lutte contre la pollution. L'auteur nous convie à quelques réflexions sur ce thème.
Demain : Armée de mer ou Marine nationale ?
Il est singulier de constater que, des trois Armées : Terre, Mer et Air, la seconde en fait est toujours dénommée Marine Nationale.
Cette constatation permet de mettre en relief la spécificité du rôle de la Marine. En temps de guerre, la Marine devra remplir pleinement son rôle d’Armée de mer, là où elle sera militairement engagée dans un conflit. Mais, en dehors de ce temps de guerre et de sa préparation, la Marine est vraiment « nationale ». Elle représente la nation française dans le monde par des navires qui sont les témoins matériels de sa présence. Le droit maritime, si coutumier, si pragmatique, montre bien l’originalité de l’immense océan, à la surface duquel l’homme peut normalement vivre, mais jamais se fixer, interface qui sépare une masse liquide, classée « res nullius », d’une atmosphère guère plus appropriable.
Dans le temps de crise qui est le nôtre, où le rapport de la guerre à la paix témoigne de l’évolution du monde moderne, la Marine offre, autour du sanctuaire comme dans le vaste champ dit de l’action extérieure, une capacité de démonstration ou de pression sans commune mesure avec son volume. Cette notion de crise, mise en évidence par l’état de guerre froide d’il y a vingt ans seulement, n’est pas encore admise par tous. Nombreux sont ceux qui, trop cartésiens, n’admettent qu’une alternative : la guerre ou la paix. Il faut bien constater que cette dichotomie est simplificatrice et ne rend pas compte de la situation politique internationale actuelle. Cette situation est dominée par un fait relativement récent, mais capital : le fait nucléaire. L’avènement de l’arme nucléaire a simultanément accru le risque encouru dans un affrontement et atténué la probabilité d’occurrence de cet affrontement. L’existence de très grandes puissances, capables de détruire plusieurs fois n’importe quel adversaire, a singulièrement modifié le rapport des forces. L’Europe, enfin, semble avoir perdu le goût des luttes intestines.
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