Maritime - Le budget de la Royal Navy pour l'exercice 1971-1972 - Dans la marine américaine : adoption du budget 1970-1971 - L'exercice Sunny Seas
Le budget de la Royal Navy pour l’exercice 1971-1972
Le Gouvernement britannique a publié le 17 février dernier son Livre blanc sur la défense pour l’exercice s’étendant du 1er avril prochain au 31 mars 1972. Le document étant analysé par ailleurs, nous n’examinerons ici que ce qui concerne la Royal Navy.
Le budget de la défense se monte à 2 545 millions de livres. La part de la Marine qui était de 28 % dans l’exercice précédent n’a pu être déterminée car le budget est présenté cette année d’une façon globale, mais on peut supposer qu’elle est au moins du même ordre.
Ce budget permettra d’entretenir 142 bâtiments de combat en activité, 41 navires seront en réserve, en grand carénage ou en conversion.
Le décompte de ces bâtiments par catégories est donné dans le tableau suivant :
a) Forces stratégiques |
Navires opérationnels ou affectés aux écoles et expérimentations |
Navires en réserve, grand carénage ou refonte |
— Sous-marins nucléaires lance-missiles (SNLE) |
Renown, Resolution, Revenge |
Repulse |
b) Forces à usage général |
|
|
— Porte-avions |
Ark Royal, Eagle |
|
— Croiseurs |
Blake |
Tiger, Lion |
— Destroyers lance-missiles |
7 |
2 |
— Destroyers classiques |
2 |
1 |
— Escorteurs |
51 |
14 |
— Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) |
Dreadnought, Churchill, Conqueror, Courageous |
Valiant, Warspite |
— Sous-marins Diesel |
18 |
8 |
— Porte-hélicoptères d’assaut |
Albion, Bulwark |
Hermes |
— Transports d’assaut |
Fearless, Intrepid |
|
— Dragueurs |
49 |
8 |
— Patrouilleur de l’Antarctique |
1 |
|
Le tout représente, calculé en tonnes « Washington », un tonnage global d’environ 514 000 t dont 119 000 en réserve.
À ce tonnage, il faut ajouter celui des navires auxiliaires et logistiques. Une partie de ces bâtiments arbore le pavillon de la marine de guerre, mais la majorité d’entre eux relève de la Royal Fleet Auxiliary. C’est un organisme tout à fait original au sein de la Royal Navy. Les bâtiments qui la composent répondent aux règlements des Shipping Naval Acts de 1911 et du ministère des Transports. Ils sont construits suivant les normes imposées par les Lloyd’s en ce qui concerne le compartimentage, la sécurité, l’habitabilité, etc. et sont armés par du personnel civil recruté sur contrat. Cette flotte comprend une quarantaine de bâtiments parmi lesquels il faut citer huit grands pétroliers ravitailleurs d’escadre d’un tonnage égal ou supérieur à 25 000 t et plusieurs grands navires de soutien logistique de 20 nœuds de vitesse, magnifiquement équipés pour livrer à la mer des vivres, rechanges et munitions divers.
Les bâtiments auxiliaires ne faisant pas partie de la Royal Fleet Auxiliary ont été regroupés en un seul organisme appelé Royal Maritime Auxiliary Service. Ce dernier comprend une quarantaine de remorqueurs de haute-mer, bateaux de sauvetage, poseurs de câbles, bâtiments de recherche, etc. Le tout (RFA et RMAS) représente environ 150 000 t de navires, soit en gros les trois quarts de la flotte logistique et auxiliaire de la Royal Navy.
Cette flotte est armée par quelque 4 200 hommes d’équipage civils. La flotte auxiliaire arborant la White Ensign se compose essentiellement du grand navire atelier Triumph et de 3 ou 4 bâtiments bases de sous-marins ou de dragueurs, ces derniers d’un type très ancien.
L’entretien de la force de représailles stratégique reviendra à 34 millions de £. L’arsenal de Rosyth assure depuis juillet 1970 le carénage des SNLE de la Royal Navy. Durant l’exercice considéré, le Resolution actuellement en grand carénage dans cet établissement sera remplacé par le Repulse.
Trois mille marins et neuf cents civils seront affectés en 1971-1972 à la force de dissuasion de nos voisins.
Les forces à usage général qui se composent :
– des forces amphibies y compris le QG d’une brigade et quatre commandos des Royal Marines,
– des forces de surface et des sous-marins non stratégiques,
– de la flotte auxiliaire et logistique
reviendront à 301 M£. Elles seront armées par 34 200 officiers et marins ; 10 800 civils dont 5 600 servant outre-mer et les équipages de la Royal Fleet Auxiliary participeront à la vie et l’entretien de ces forces.
La majorité de ces bâtiments est déployée dans la Western Fleet opérant en Atlantique et dans les mers avoisinant l’Europe. Tous les grands navires quel que soit l’endroit où ils se trouvent seraient intégrés à l’Otan en cas de guerre. Une frégate est en permanence affectée à la Stanavforlant.
Les forces présentement stationnées en outre-mer sont les suivantes :
a) à l’Est de Suez :
Un navire amphibie, une douzaine d’escorteurs, des sous-marins et bâtiments de guerre des mines, soutenus par un important train logistique. Quelques dragueurs sont basés à Hong Kong où ils participent à la police maritime. L’État-major de la 3e Brigade et les 40e et 42e commandos des Royal Marines qui servent en Extrême-Orient, seront progressivement rapatriés.
En 1972, la Royal Navy détachera en permanence à l’est du Canal six escorteurs, un et peut-être deux sous-marins, quelques dragueurs et plusieurs navires de soutien. Deux escorteurs supplémentaires assurent dans le canal de Mozambique le contrôle du trafic destiné à la Rhodésie (Beira Patrol).
b) en Méditerranée :
Un destroyer lance-missiles et 2 escorteurs sont normalement affectés à SACEUR. Un de ces bâtiments est affecté à la force « on call » de l’Otan. Ces éléments sont renforcés de temps à autre, soit par un porte-avions, soit par un porte-hélicoptères avec un commando de Royal Marines à son bord ainsi que par des frégates et des sous-marins habituellement basés en Grande-Bretagne.
c) dans les Caraïbes et l’Atlantique-Sud :
Deux escorteurs dont l’un transporte un petit détachement de Royal Marines sont basés dans les Caraïbes. Un navire spécialement équipé pour la navigation dans les glaces, HMS Endurance, est envoyé à la bonne saison dans l’Antarctique ; il est basé sur Port Stanley dans les Falklands où stationne un petit détachement de Marines et une unité d’aéroglisseurs (Hover Craft).
La flotte s’est durant l’exercice 1970-1971 enrichie :
– du destroyer lance-missiles HMS Antrim, le 8e et dernier bâtiment de 6 000 t de la classe County,
– du SNA HMS Churchill,
– de l’escorteur HMS Achilles (classe Leander).
Sont en construction :
– 2 destroyers lance-missiles : HMS Bristol de 6 500 t qui va bientôt commencer ses premiers essais et HMS Sheffield de 3 600 t. Ces deux bâtiments sont équipés du système surface-air à moyenne portée Sea Dart ;
– 3 escorteurs de 2 300 t classe Leander : HMS Diomede, Apollo et Ariadne. Le premier ralliera la flotte durant l’exercice. Avec la construction de l’Ariadne s’achèvera le 26e et dernier bâtiment de l’excellente classe Leander ;
– 4 escorteurs type 21 de 2 500 t : HMS Amazon, Antelope, Active et un 4e non encore baptisé ;
– 5 SNA : HMS Conqueror, Courageous, Swiftsure, Sovereign et Superb. Les deux premiers de ces sous-marins rallieront la flotte en cours d’exercice 1971-1972. Les SNA sont appelés Fleet submarines dans la Royal Navy tandis que les sous-marins classiques sont désignés par le terme de Patrol submarine.
– 1 chasseur de mines en plastique et fibre de verre HMS Wilton.
Pour ce qui concerne les constructions futures, le Livre blanc est beaucoup plus vague. Il indique qu’un 10e SNA sera commandé en 1971 et que l’on mettra peut-être en chantier deux escorteurs type 21 supplémentaires. Deux petits pétroliers seront commandés. Aucune précision n’est apportée en ce qui concerne la série de destroyers lance-missiles dont le « Sheffield » est le prototype. L’étude du futur croiseur porte-aéronefs type V/STOL (aéronefs à décollage et atterrissage courts ou verticaux) se poursuit de même que celle d’un futur escorteur polyvalent, le type 22.
En ce qui concerne les conversions, celle du croiseur HMS Tiger en croiseur porte-hélicoptères ASM est en cours. Le porte-avions HMS Hermes va être transformé dans l’arsenal de Devonport en porte-hélicoptères d’assaut (Commando Ship). L’installation du missile anti-sous-marin (ASM) Ikara est en cours ou va être entreprise sur quelques escorteurs ASM classe Leander.
Le potentiel de l’aviation embarquée reste fixé à environ 250 aéronefs de première ligne et à peu près autant de seconde ligne. Le recrutement des pilotes d’avions ayant été interrompu, le déficit en pilotes sera comblé par du personnel provenant de la RAF. Les porte-avions HMS Ark Royal et HMS Eagle pourront donc être maintenus en service actif, le premier jusqu’à la fin de la décennie, le second jusqu’en 1972. Le recrutement des pilotes d’hélicoptères se poursuit.
L’aviation ASM basée à terre relève comme on sait de la Royal Air Force. Elle constitue le dix-huitième groupe du Strike Command. Le remplacement des vieux quadrimoteurs Avro 629 Shackleton de patrouille maritime par le moderne British Aerospace Nimrod sera achevé cette année. Quelques Shackleton vont être transformés en avions de vieille radar et de guerre électronique.
Le tableau ci-dessous montre en milliers d’hommes l’évolution des effectifs militaires de la Navy (Royal Marines inclus) depuis trois ans :
Situation au 1er avril |
Hommes |
Femmes |
Total |
|
Officiers |
Non-officiers |
|||
1968 |
11,3 |
79,9 |
3,8 |
95,1 |
1969 |
11,2 |
75,5 |
3,5 |
90,2 |
1970 |
10,9 |
71,9 |
3,3 |
86 |
1971 |
10,5 |
69,4 |
3,2 |
83,1 |
À ces effectifs il faut ajouter le personnel recruté localement outre-mer. Il se monte à 1 500 hommes actuellement.
Pour comparer avec équité, les effectifs de la Royal Navy avec ceux de notre Marine, il faut ajouter les 5 000 h de la RAF qui arment l’aviation lourde ASM, aviation qui, chez nous, est armée par des marins et les 4 200 civils de la RFA, flotte logistique, qui est servie dans notre Marine par du personnel militaire.
Les effectifs participant à la vie de la marine britannique se montent donc à quelque 92 300 hommes et femmes.
Il faut également se souvenir que de très nombreux civils occupent à terre des postes qui, dans la Marine française, sont tenus par des militaires. Le personnel civil servant dans la marine britannique s’élèvera en 1971-1972 à environ 87 000 hommes et femmes dont 35 000 travailleront dans les arsenaux et 6 200 autres seront affectés à la Recherche et au Développement (R&D).
Le recrutement des officiers dans les différentes branches ne pose pas de problème, y compris celui du personnel servant à court terme. Le taux d’engagements dans la Navy est supérieur de 23 % au cours des neuf premiers mois de 1970 par rapport à celui de la même période en 1969, mais le recrutement pour certaines spécialités est encore déficitaire.
Pour ce qui concerne les réengagements, le stade le plus important se situe à l’issue d’un lien de neuf ans. À ce stade le taux des réengagements a nettement augmenté, mais peu d’hommes restent dans la Navy après douze ans de service. Ceux qui continuent à servir ont été en général recrutés très jeunes comme apprentis. Pour ceux-ci on s’attend à ce que le pourcentage de rengagement se stabilise au taux encourageant de 60 %.
La proportion des marins servant au-delà de quatorze ans pour avoir droit à la retraite demeure très élevé.
Dans la marine américaine : adoption du budget 1970-1971
Avec un long retard et juste avant que ne débute l’étude du budget de la défense pour 1971-1972, celui de l’année fiscale précédente (du 1er juillet 1970 au 30 juin 1971) a été finalement adopté par le Congrès après avoir subi de nombreuses modifications et amputations que le secrétaire à la Défense, M. Melvin Laird a pu, grâce à ses multiples interventions auprès du Sénat, en partie annuler.
La chronique « défense dans le monde » analysant ce budget, nous nous bornerons ici à considérer plus particulièrement les éléments concernant la Marine.
Le budget de l’US Navy s’élève à 21,7 milliards sur lesquels 6,97 sont réservés à l’acquisition de matériel et 2,13 aux travaux de recherche et de développement. Les fonds votés pour l’acquisition de matériel se décomposent comme suit :
– missiles et aéronefs : 3,01 Md,
– constructions neuves et conversions : 2,4 Md,
– programmes divers : 1,48 Md.
Dans le domaine des constructions neuves, le Congrès a refusé les fonds que la marine avait demandés pour le démarrage de la construction du porte-avions à propulsion nucléaire CVAN70 et la mise sur cale de deux bâtiments bases, l’un pour les SNA, l’autre pour les destroyers.
Il a par contre autorisé la mise en chantier d’un 4e SNA du type SSN688, ce qui porte à 4 le nombre de bâtiments de ce type inscrit au budget 1970-1971.
Pour ce qui concerne le CVAN 70 qui devait être le 4e porte-avions nucléaire de la marine américaine, le Congrès a voulu attendre que soient connues les recommandations de la Commission qui a été créée pour étudier ce projet et justifier son coût élevé.
Finalement le programme de constructions neuves 1970-1971 porte sur :
– 4 SNA de 6 000 t et 40 nœuds : SSN691 à 694,
– 1 frégate à propulsion nucléaire de 10 000 t environ : DLGN40,
– 6 destroyers ASM de 6 000 t du type Spruance : (DD966 à DD971),
– 2 bâtiments océanographes,
– 2 bâtiments amphibies du type LHA (LHA 4 et 5) ; ces deux bâtiments qui déplacent environ 40 000 t et combinent à la fois les fonctions d’un porte-hélicoptères d’assaut et celles d’un transport de chalands de débarquement seront les derniers de ce type, l’US Navy ayant décidé, pour des raisons d’économie de se contenter des cinq LHA dont la construction a été autorisée sur les neuf qu’elle désirait au total commander.
Le programme de conversions n’a pas été altéré. Les fonds votés permettront de moderniser 4 frégates lance-missiles du type DLG et de rééquiper en fusées Poseidon 6 SNLE Polaris.
Les fonds votés pour le matériel aéronautique permettront d’acquérir 260 aéronefs dont 18 du type Hawker Siddeley AV-8A Harrier à décollage vertical pour le Marine Corps, qui seront commandés de Grande-Bretagne.
Les principaux crédits de R&D intéressent la mise au point de l’intercepteur embarqué Grumman F-14 Tomcat (935 M$), l’avion ASM embarqué S-3A (288 M€) le projet ULMS (sous-marin nucléaire de 9 000 t équipé de 24 missiles de 11 000 km de portée), l’étude de l’hélicoptère léger destiné aux escorteurs ainsi que divers types de missiles air-surface et surface-surface.
L’exercice Sunny Seas
Cet exercice aéronaval Otan s’est déroulé du 15 au 26 février dernier au large de Lisbonne. Il a comporté deux phases, séparées par un séjour dans ce port.
La première, du 15 au 19 a été une mise en train en groupes séparés ; elle a comporté des exercices d’armes et de ravitaillement à la mer. La seconde, qui a duré du 22 au 26, comprenait essentiellement un exercice tactique dans un environnement de menaces multiples.
Les unités suivantes ont pris part à Sunny Seas.
– France : le porte-hélicoptères Arromanches arborant la marque du contre-amiral commandant la Flottille de l’Atlantique ; les escorteurs d’escadre Chevalier Paul et Dupetit Thouars celui-ci équipé de missiles Tartar ; les escorteurs rapides Le Normand, Le Lorrain et Le Champenois ; le sous-marin Espadon ; le ravitailleur La Seine ; 4 patrouilleurs Breguet Atlantic qui ont été basés sur Montijo durant les opérations.
– États-Unis : 1 destroyer ; 1 sous-marin ; des intercepteurs F-4 Phantom II basés à terre.
– Grande-Bretagne : 1 frégate et 1 sous-marin.
– Allemagne : 1 destroyer lance-missiles ; 1 destroyer ; 1 frégate ; 1 pétrolier ; 2 patrouilleurs Atlantic.
– Pays-Bas : 1 frégate et 1 sous-marin.
– Portugal : 2 escorteurs ; 1 patrouilleur Neptune ; des chasseurs North American F-86 Sabre.
– Norvège : 2 escorteurs. ♦