Dix ans après la constitution du CERS/ESRO (Conseil européen de recherches spatiales) et du Cecles/ELDO (Conseil européen pour la mise au point et la construction de lanceurs d'engins spatiaux), les Européens se sont séparés à l'issue de la Conférence spatiale européenne de Bruxelles en novembre 1970 sur un constat d'échec. Seules la France, l'Allemagne et la Belgique étaient prêtes à consentir l'effort nécessaire pour la réalisation d'un lanceur européen autonome, capable de placer en orbite un satellite de communications géostationnaire (Europa III), la France a annoncé en outre son intention de se retirer du CERS/ESRO si l'organisation n'était pas l'objet de réformes de structures profondes.
L'auteur, Directeur général du Cnes depuis 1962, qui a déjà publié dans les revues de novembre 1967 et décembre 1968 des articles sur le Cnes et la politique spatiale de la France, analyse ici les raisons de l'échec de Bruxelles. Il montre qu'elles ne se situent pas au niveau de l'exécution mais qu'elles ont leur origine dans le processus de décision tel qu'il est imposé par la structure du CERS/ESRO et, tout autant, dans l'absence d'enthousiasme et de conviction des Européens. L'auteur précise qu'il parle ici en son nom et n'engage que sa propre responsabilité.