La récupération du patrimoine artistique français
Le patrimoine artistique français, tel qu’il existait en 1939, comprenait au premier chef les monuments historiques classés et les collections nationales de nos musées. Mais il s’étendait également aux innombrables richesses des collections privées. Les Allemands, au cours de l’occupation du territoire, se sont contraints à respecter officiellement le patrimoine de l’État, avec le dessein arrêté de rapines ultérieures. Ils se sont attribué sans vergogne les œuvres d’art des particuliers.
On doit remercier la Providence d’avoir protégé les pierres de France. C’est un fait : à part quelques destructions inhérentes au débarquement et dont ont été victimes les villes de Normandie et de Bretagne, nos monuments ont relativement peu souffert des bombardements. Nos cathédrales ont été préservées et Beauvais, Amiens, Laon, dressent surnaturellement leur dentelle sur des champs de ruines. Nos châteaux de la Loire ont été pareillement épargnés au milieu des dévastations : Saumur, malgré des combats sanglants, domine toujours le fleuve, ainsi que Montsoreau, Langeais, Luynes, Chaumont et Amboise.
Depuis les guerres de religion, ces lieux paraissent vraiment protégés du ciel ; pourtant, cette fois, du ciel jaillissait le feu. Le prodige permanent, devant lequel on ne cesse de s’extasier, c’est Paris et ses dômes, ses clochers, ses toits, jusqu’à ses ponts intacts d’où l’on voit le Louvre se fondre dans les ciels de gloire que reflète le fleuve. On ne doit pas moins rendre grâce à l’Administration des Beaux-Arts d’avoir intégralement sauvegardé les trésors de nos collections nationales. M. Georges Salles, directeur des Musées de France, a exposé, dans une conférence de presse qui n’a pas eu toute la publicité qu’elle méritait, les difficultés d’évacuation devant lesquelles les conservateurs s’étaient trouvés, du fait de la mobilisation d’abord, de l’occupation ensuite. Une exposition au Louvre, dans la grande salle du pavillon Denon, relate, d’ailleurs, à l’aide d’images et de photographies saisissantes, les mille aventures touristiques auxquelles furent soumis nos chefs-d’œuvre les plus célèbres.
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